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descriptionReligion et philosophie s'opposent-elles ? EmptyOpposition entre philosophie et religion.

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N'y a-t-il pas une opposition totale entre philosophie et religion ? Par exemple, pourquoi saint Thomas d'Acquin cherchait-il la vérité, alors que celle-ci lui a été révélée ? De plus, la philosophie fonctionne en s'appuyant sur la raison, tandis que la religion repose sur la croyance, non ? Thomas d'Acquin et beaucoup d'autres sont des théosophes (et théologiens), mais des philosophes ?

Enfin à quoi servirait la philosophie s'il suffisait de prier pour obtenir ce que l'on souhaite ?

[Reformulation complète du sujet pour le mettre en conformité avec la Charte - Euterpe]

descriptionReligion et philosophie s'opposent-elles ? EmptyRe: Religion et philosophie s'opposent-elles ?

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Vous êtes lapidaire...  
Olivier Sedeyn a écrit:
Al-Fârâbî fut le premier philosophe a avoir tenté d'opérer une synthèse entre l'enseignement de la révélation et de la philosophie politique classique (la philosophie de Socrate, de Platon et d'Aristote). Il est le premier philosophe du monde musulman. Or l'islam, comme le judaïsme, est une religion révélée par un prophète législateur, sous la forme d'une loi divine organisant les fidèles dans une communauté immédiatement politique, et qui leur donne en outre aussi bien des articles de foi que des règles de conduite précises. L'importance d'Al-Fârâbî dans l'histoire de la philosophie est d'avoir été le premier à redécouvrir l'enseignement de la philosophie politique classique. Tout comme il fut le premier à la rendre intelligible dans le cadre (nouveau pour la philosophie) des religions révélées. L'introduction de la  philosophie dans le monde juif avec Maimonide a pris exactement pour modèle Al-Fârâbî. Maimonide, que les Juifs appellent souvent "Le nouveau Moïse" a appelé Fârâbî "le second maître", Aristote étant évidemment le premier. Le monde musulman et le monde juif se ressemblent en ce que la religion musulmane comme la religion juive reposent sur la notion de loi : l'enseignement de la religion est pour toutes deux inséparablement religieux et politique. Le monde chrétien se distingue en ce que, en lui, le politique et le religieux sont relativement séparés. C'est la raison pour laquelle la "synthèse" de l'enseignement de la révélation et de la philosophie politique classique opérée dans le monde chrétien, essentiellement par Thomas d'Aquin (après Al-Fârâbî et Maimonide et dans leur sillage), se distingue de celles effectuées dans le monde musulman et juif. Il faut renvoyer ici aux réflexions fondamentales de Léo Strauss, entre autres dans La Philosophie et la loi, La persécution et l'art d'écrire, et aux articles de son Histoire de la philosophie politique (...).

(Al-Fârâbî, De l'obtention du bonheur, Allia 2005)


Olivier Sedeyn vous donne néanmoins raison, pour ce qui concerne le projet philosophique :
Dans la période longue et complexe qui sépare la fin du monde antique des temps modernes, les religions de la révélation se sont répandues dans le monde méditerranéen et européen. La révélation s'est imposée à l'ensemble des relations sociales et elle a inévitablement rencontré cette activité étrange, mais riche déjà de nombreux siècles d'approfondissements, qu'est la philosophie. La prétention de cette dernière à une vérité acquise par la raison seule ne pouvait pas ne pas porter ombrage à la vérité qu'est sensée apporter la révélation prophétique. D'un autre côté, la philosophie grecque (il n'y en avait pas d'autre alors) ne pouvait pas ne pas tenir compte de la vérité de la révélation. Le problème essentiel de la réflexion philosophique et de la théologie pendant cette longue période fut celui des relations en conflit ouvert ou latent entre la philosophie et l'enseignement de la révélation.

descriptionReligion et philosophie s'opposent-elles ? EmptyReligion et philosophie s'opposent-elles ?

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Thomas d’Aquin répond lui-même à votre première interrogation :

Thomas d'Aquin - Somme contre les gentils, Introduction générale §7 a écrit:
La vérité de la foi chrétienne ne contredit pas la vérité de la raison
[…]
Si la vérité de la foi chrétienne dépasse les capacités de la raison humaine, les principes innés naturellement à la raison ne peuvent contredire cependant cette vérité.

Mais la théologie reste pour Thomas d’Aquin une doctrine nécessaire, comme il le précise au tout début de la Somme théologique :

Thomas d'Aquin - Somme théologique, question 1, article 1, Réponse a écrit:
Il fut nécessaire pour le salut de l’homme qu’il y eût, en dehors des sciences philosophiques que scrute la raison humaine, une doctrine procédant de la révélation divine. Le motif en est d’abord que l’homme est destiné par Dieu à atteindre une fin qui dépasse la compréhension de son esprit, car, dit Isaïe (64, 3), “ l’œil n’a point vu, ô Dieu, en dehors de toi, ce que tu as préparé à ceux qui t’aiment ”. Or il faut qu’avant de diriger leurs intentions et leurs actions vers une fin, les hommes connaissent cette fin. Il était donc nécessaire, pour le salut de l’homme, que certaines choses dépassant sa raison lui fussent communiquées par révélation divine.
A l’égard même de ce que la raison était capable d’atteindre au sujet de Dieu, il fallait aussi que l’homme fût instruit par révélation divine. En effet, la vérité sur Dieu atteinte par la raison n’eût été le fait que d’un petit nombre, elle eût coûté beaucoup de temps, et se fût mêlée de beaucoup d’erreurs. De la connaissance d’une telle vérité, cependant, dépend tout le salut de l’homme, puisque ce salut est en Dieu. Il était donc nécessaire, si l’on voulait que ce salut fût procuré aux hommes d’une façon plus ordinaire et plus certaine, que ceux-ci fussent instruits par une révélation divine.
Pour toutes ces raisons, il était nécessaire qu’il y eût, en plus des disciplines philosophiques, œuvres de la raison, une doctrine sacrée, acquise par révélation

La philosophie est donc pour lui un moyen d’obtenir la vérité, moyen complémentaire des vérités révélées par les textes. Cependant, les Écritures et la théologie sont également nécessaires pour deux raisons : Dieu destine à l’homme une fin qui dépasse son entendement ; même si l’homme est en mesure de comprendre certains éléments de cette fin, cette compréhension lui demande des efforts très importants que tous n’ont pas la possibilité de faire. Pour Thomas d’Aquin, théologie et philosophie se complètent. La Somme théologique est consultable [ici].

Vous pouvez également jeter un œil sur ce sujet [lien] si vous souhaitez avoir un bref aperçu de la teneur philosophique de l’œuvre de Thomas d’Aquin.

Pour ce qui est de votre seconde question, je vous répondrais (j’avoue, avec un peu de provocation) que pour le philosophe c’est bien pareil : toute pensée s’appuie à un moment ou un autre sur des préjugés…

Pour le reste, je vous propose également de consulter Pascal qui montre bien qu’il n’est pas pertinent d’opposer les deux.
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