Thomas d’Aquin répond lui-même à votre première interrogation :
Thomas d'Aquin - Somme contre les gentils, Introduction générale §7 a écrit: La vérité de la foi chrétienne ne contredit pas la vérité de la raison
[…]
Si la vérité de la foi chrétienne dépasse les capacités de la raison humaine, les principes innés naturellement à la raison ne peuvent contredire cependant cette vérité.
Mais la théologie reste pour Thomas d’Aquin une doctrine nécessaire, comme il le précise au tout début de la
Somme théologique :
Thomas d'Aquin - Somme théologique, question 1, article 1, Réponse a écrit: Il fut nécessaire pour le salut de l’homme qu’il y eût, en dehors des sciences philosophiques que scrute la raison humaine, une doctrine procédant de la révélation divine. Le motif en est d’abord que l’homme est destiné par Dieu à atteindre une fin qui dépasse la compréhension de son esprit, car, dit Isaïe (64, 3), “ l’œil n’a point vu, ô Dieu, en dehors de toi, ce que tu as préparé à ceux qui t’aiment ”. Or il faut qu’avant de diriger leurs intentions et leurs actions vers une fin, les hommes connaissent cette fin. Il était donc nécessaire, pour le salut de l’homme, que certaines choses dépassant sa raison lui fussent communiquées par révélation divine.
A l’égard même de ce que la raison était capable d’atteindre au sujet de Dieu, il fallait aussi que l’homme fût instruit par révélation divine. En effet, la vérité sur Dieu atteinte par la raison n’eût été le fait que d’un petit nombre, elle eût coûté beaucoup de temps, et se fût mêlée de beaucoup d’erreurs. De la connaissance d’une telle vérité, cependant, dépend tout le salut de l’homme, puisque ce salut est en Dieu. Il était donc nécessaire, si l’on voulait que ce salut fût procuré aux hommes d’une façon plus ordinaire et plus certaine, que ceux-ci fussent instruits par une révélation divine.
Pour toutes ces raisons, il était nécessaire qu’il y eût, en plus des disciplines philosophiques, œuvres de la raison, une doctrine sacrée, acquise par révélation
La philosophie est donc pour lui un moyen d’obtenir la vérité, moyen complémentaire des vérités révélées par les textes. Cependant, les Écritures et la théologie sont également nécessaires pour deux raisons : Dieu destine à l’homme une fin qui dépasse son entendement ; même si l’homme est en mesure de comprendre certains éléments de cette fin, cette compréhension lui demande des efforts très importants que tous n’ont pas la possibilité de faire. Pour Thomas d’Aquin, théologie et philosophie se complètent. La
Somme théologique est consultable [ici].
Vous pouvez également jeter un œil sur ce sujet [lien] si vous souhaitez avoir un bref aperçu de la teneur philosophique de l’œuvre de Thomas d’Aquin.
Pour ce qui est de votre seconde question, je vous répondrais (j’avoue, avec un peu de provocation) que pour le philosophe c’est bien pareil : toute pensée s’appuie à un moment ou un autre sur des préjugés…
Pour le reste, je vous propose également de consulter Pascal qui montre bien qu’il n’est pas pertinent d’opposer les deux.