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La distinction entre la "gauche" et la "droite".

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descriptionLa distinction entre la "gauche" et la "droite". - Page 12 EmptyRe: La distinction entre la "gauche" et la "droite".

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A lire, un article intéressant sur le succès de la droite ces trente dernières années, qui fait l'objet d'un livre écrit par l’anthropologue Emmanuel Terray :

Emmanuel Terray : être de droite, c’est avoir peur

Quelques extraits pour vous mettre en appétit :

Mais la droite se compose malgré tout de deux grandes familles : les tenants du libéralisme économique et ceux qui sont plutôt attachés au conservatisme social. Combien de temps cette cohabitation peut-elle encore durer ?

La tension entre les deux est un mécanisme constant dans l’histoire de la droite. La droite défend l’ordre établi. C’est le point de départ. Mais l’ordre établi change sous la pression des mouvements du monde. Par conséquent, la droite est confrontée à une échéance : ou bien nous restons fidèles à l’ordre établi tel que nous l’avons toujours défendu et nous tombons dans la réaction ; ou bien nous nous adaptons.

Vous avez une très belle transition de ce genre au début du XIXe siècle. Sous la Restauration, la droite aristocratique féodale souhaite que l’Ancien régime soit rétabli. Mais la société a changé, la révolution industrielle commence, les banques et l’argent prennent de l’importance.

Cette évolution pousse la droite légitimiste dans la réaction et c’est la droite orléaniste qui se place au cœur du jeu : ce sont les valeurs de Guizot et Louis-Phillippe qui l’emportent. L’argent.

Balzac décrit admirablement cette mutation : vous avez d’un côté la duchesse de Langeais et le comte de Montriveau, partisans de l’Ancien régime ; et de l’autre Rastignac, qui décide de s’adapter à la société telle qu’elle est devenue, qui va épouser la fille de l’usurier et se faire de l’argent.

On pourrait aussi prendre un exemple à la fin du XIXe siècle. La droite, jusque là, est résolument monarchiste. Vers 1880-1890, les plus lucides voient bien que la République est installée et qu’on ne reviendra pas à la monarchie. Et par conséquent, c’est le mécanisme du Ralliement. Dans l’Histoire, l’expression désigne le ralliement des catholiques mais ça va bien au-delà : la droite devient républicaine et ceux qui restent monarchistes versent dans la réaction.

Je me demande si on n’assiste pas au début d’une transition du même genre.

Si la mondialisation ultralibérale devient la règle définitive, si la droite classique s’accroche à ses positions, elle deviendra elle aussi réactionnaire par rapport à cette idéologie ultralibérale. Il y a une tension évidente entre les deux. Mais la crise peut aussi freiner le triomphe de la mondialisation ultralibérale ; à ce moment-là, la droite républicaine classique retrouverait ses marques.


Et ce passage qui pourrait définir ce que nous cherchons :

Je ne sais pas si on est de droite à l’état de nature. De mon point de vue, gauche et droite sont deux tempéraments symétriques.

Si vous n’aimez pas l’ordre établi, si vous ne craignez pas l’innovation, les risques, si vous êtes un peu parieur, ce tempérament vous conduit à être de gauche.

Si vous êtes davantage soucieux de sécurité, si vous craignez pour ce que vous avez, pour ce qui existe, si vous craignez l’arrivée de gens venus d’ailleurs, vous êtes de droite.


Enfin, sur cette notion de "peur" qui me parait centrale dans l'idéologie de droite :

Etre de droite, au fond, c’est avoir peur ?

Bien souvent, oui. Observez la pensée de Finkielkraut, vous retrouvez cette notion de forteresse assiégée : nous sommes entourés par les barbares, ils sont à nos portes, nous sommes menacés de déclin, de disparition... C’est un thème cardinal dans la pensée de droite depuis 1830.

Pendant la révolution de 1848, les barbares de l’époque, ce sont les Bretons, les Picards, les Auvergnats qui s’entassent dans les faubourgs de Paris et comme ils ne parlent pas encore très bien français, car Jules Ferry n’est pas encore arrivé, ils sont réputés étrangers, ils menacent la civilisation bourgeoise parisienne.

Dans le livre de Louis Chevalier, « Classes laborieuses et classes dangereuses », vous trouvez des descriptions et des citations éloquentes sur le sujet. Il n’y a pas grand-chose à changer entre les textes de cette période et ceux d’aujourd’hui : la civilisation disparaît, il n’y a plus de repères, la morale s’évanouit. C’est un thème constant de la pensée de droite, ce thème de la peur.

Dans la préface de « Lucien Leuwen », Stendhal a cette très belle formule :

« Adieu ami lecteur, essayez de ne pas passer votre vie à haïr et à avoir peur. »

On voit dans la campagne actuelle que la haine et la peur sont des moteurs fondamentaux pour les candidats de droite.

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Liber a écrit:
A lire, un article intéressant sur le succès de la droite ces trente dernières années, qui fait l'objet d'un livre écrit par l’anthropologue Emmanuel Terray :

Emmanuel Terray : être de droite, c’est avoir peur

Quelques extraits pour vous mettre en appétit :
Mais la droite se compose malgré tout de deux grandes familles : les tenants du libéralisme économique et ceux qui sont plutôt attachés au conservatisme social.
Je ne sais pas si on est de droite à l’état de nature. De mon point de vue, gauche et droite sont deux tempéraments symétriques.

Si vous n’aimez pas l’ordre établi, si vous ne craignez pas l’innovation, les risques, si vous êtes un peu parieur, ce tempérament vous conduit à être de gauche.

Si vous êtes davantage soucieux de sécurité, si vous craignez pour ce que vous avez, pour ce qui existe, si vous craignez l’arrivée de gens venus d’ailleurs, vous êtes de droite.


Il me semble que je suis en accord avec ces définitions. Il faut toutefois commencer par voir à ma façon l'égoïsme et l'altruisme tels que la nature les a produits chez l'homme, et cette façon n'est pas banale. Je l'expose ainsi dans mon roman philosophique, "Mon Amour de l'An 2000" :

Je dois donner une précision importante et tant pis si je l’ai déjà fait. Pour commencer, considère le « moi-ici-maintenant » comme l’égoïsme intégral, l’existence réduite à un minuscule point englouti dans l’infini de l’espace-temps, le râle de l’être réduit à sa seule jouissance immédiate. Eh bien, le parcours qui mène du « moi-ici-maintenant » à « autrui-ailleurs-dans le temps », ce parcours ne suit pas une pente régulière. Il monte comme un escalier, par paliers, autour du tronc que constitue le  « moi » développé le long de l’échelle de l’espace-temps, du passé vers l’avenir.

Chaque fois que je renonce à un peu de mon «ici-maintenant » pour investir ailleurs dans le temps, ou l’espace ou les deux, bref, chaque fois que je m’arrache à mon égoïsme natif pour investir dans l’espace-temps, je donne quelque chose à cet autre moi-même qui n’est pas là sans pour autant être tout à fait un étranger : je suis donc un peu moins égoïste, et un peu plus altruiste, en quelque sorte.

A chaque nouveau palier dans cette échelle de l’espace-temps, ce qui me reste d’égoïsme me contraint le plus souvent à marquer une pause. Par exemple, la quête de la postérité me fait  monter quelques degrés. En ceci, elle a bien un côté altruiste ; mais tant qu’elle ne s’intéresse qu’à la célébrité personnelle, elle reste sur le palier égoïste. Si j’associe mes enfants à cette célébrité, je monte seulement une marche, car mes enfants sont encore très proches du « moi ». Si je compose une œuvre pour la postérité, j’accède à un palier supérieur. Si je le fais pour immortaliser mon souvenir, je reste à ce niveau ; mais si je reste anonyme, ayant pour seul souci d’aider les générations futures, je m’envole dans l’espace-temps, encore plus loin de l’égoïsme originel.

Et ainsi de suite…


Si l'on adopte ce point de vue, on voit que les conservateurs et les libéraux sont attachés à deux formes de l'égoïsme : les uns veulent rester sur le palier du présent, les autres veulent gagner beaucoup d'argent dans le futur aussi bien que dans le présent, et même dans le passé par le truchement de leurs ancêtres.
Ainsi, mon modèle aurait le mérite d'expliquer cette alliance apparemment contre nature mais pourtant réelle. Le noyau dur de la droite serait l'égoïsme ainsi conçu.
Une bonne partie des gens de droite ne sont pas là par égoïsme, mais parce qu'ils ne trouvent pas de meilleure alternative. Par exemple, ils peuvent penser que les projets de la gauche sont irréalistes, voire dangereux. Ces gens-là, qui peuvent être les plus nombreux, n'appartiennent donc pas au noyau dur : ils peuvent être à dominance altruiste.
Ceux qui veulent ressusciter un âge d'or plus ou moins imaginaire, autrement dit les fascistes, ceux-là sont d'un côté moins égoïstes que les conservateurs ordinaires, puisqu'ils veulent s'arracher au palier du présent pour reconstruire un monde d'un autre temps. D'ailleurs, ils donnent beaucoup de leur personne, de leur présent donc, pour défendre leur cause. D'un autre côté, ils sont plus égoïstes car ils ils défendent l'ultra-nationalisme, rétrécissant ainsi leur champ d'existence à ce qui est tout près d'ici, tout près d'eux-mêmes.

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Essai de synthèse sur ce sujet : http://www.blogactualite.org/2014/04/le-dico-des-idees-gauche-et-droite-en.html


Ce qu'on peut dire c'est que le clivage s'estompe. Il faut dire que c'est un vieux clivage très relatif qui s'est établi en fonction d'enjeux politiques datant de la Révolution Française. 

Depuis, le tout a évolué globalement vers les droites, les gauches réformistes adoptant au fur et à mesure des idéologies venues des gauches radicales et révolutionnaires. Ex : les radicaux étaient à l'origine d'EG et sont de nos jours situés au centre voir centre-droit. 

On peut dire que chaque grande famille politique a différentes composantes. Ex : Jacques Julliard découpe les gauches en 4 : libérale, jacobine, collectiviste, libertaire. C'est surtout un découpage historique. De la même façon, René Rémond découpe historiquement la droite en trois familles : Légitimisme, Bonapartisme, Orléanisme. De son côté, François Huguenin adopte un point de vue plus intellectuel et pense que les deux droites sont représentées par le libéralisme et la réaction (http://www.blogactualite.org/2013/10/lecture-histoire-intellectuelle-des.html). 

Même si de nos jours avec les nouvelles problématiques et échelles de pouvoir (notamment l'UE) le clivage s'estompe et change, il reste structurant comme j'ai pu le lire sur ce fil : il est à l'origine de modèles et de groupes sociaux fortement identifiés et donc il ne faut pas négliger ce clivage. Il faut simplement, pour mieux classer les idées, l'agrémenter d'autres clivages (économiques, sociaux, moraux). En ce sens, les diagrammes comme celui de Nolan sont intéressants.
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