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Comment bien juger ?

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Liber
Euterpe
odette
7 participants

descriptionComment bien juger ? - Page 3 EmptyRe: Comment bien juger ?

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Ou l'on peut penser que la vérité se place à une distance indéfinie, vérité qui ne cesse de se dérober à nous lorsque nous la recherchons puisque si nous pouvons, semble-t-il, progresser dans nos recherches et récolter quelques éléments véraces nous ne contemplons jamais la vérité dans sa totalité. Par ailleurs, si nous présupposons qu'il y a une vérité objective c'est parce que nous tendons vers elle, ou plutôt, puisque nous ne pouvons vérifier son existence (ce qui impliquerait de la connaître d'emblée), nous pensons d'après cette catégorie et nous avons besoin de la rechercher, ce que nous montrons ici même lorsqu'il ne s'agit que de connaître, car l'arc de la connaissance est toujours bandé vers un inconnu qui pourrait satisfaire notre besoin vital et obsessionnel d'une certitude définitivement acquise (quoique nous aimions aussi la nouveauté).

descriptionComment bien juger ? - Page 3 EmptyRe: Comment bien juger ?

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Aristippe de cyrène a écrit:
Cette conviction ne peut-elle pas être une forme d'intuition ? Sans qu'on sache ce qu'est la vérité, on a l'intuition qu'on ne peut l'atteindre.
Une intuition n'est pas sans objet. C'est l'intuition de quelque chose. Dès lors, si on a l'intuition que la vérité est inaccessible, de quoi est-ce l'intuition ? Il faut bien qu'elle ait un rapport avec la "vérité", qu'elle soit le signe d'une représentation, fût-elle très vague, de quelque chose qui renvoie à la vérité. Je vous taquine un peu, soyons d'accord, mais c'est pour vous montrer la difficulté réelle de la question. Si on parle de "vérité", d'emblée, on parle de quelque chose : la vérité de quoi ? Admettons qu'être et vérité soient une seule et même chose. La difficulté n'est que déplacée : l'être, soit ; mais l'être de quoi ? Et l'être, c'est quoi ? Bref. C'est (re)prendre la philosophie au commencement ; reprendre Anaximandre, Xénophane, Héraclite, Parménide, etc., jusqu'à Aristote (dans un premier temps) !

Déprimant, non ? :D
Cornelius Castoriadis a écrit:
Anaximandre passe pour avoir été l'ami et l'élève de Thalès, le premier des philosophes milésiens ― le premier philosophe. Et il nous faut souligner là un des points essentiels qui marquent la naissance de la philosophie, et la rupture qu'elle représente : avec les Milésiens, on laisse de côté les histoires de cosmogonie renvoyant à des entités "intuitionnables", perceptibles, visibles, pour se consacrer à la recherche et à la position de ce qu'Anaximandre, d'après Simplicius, appelle : arkhè ou stoikheion. C'est-à-dire un principe, une origine, ou un élément, qui soit au-delà de ce qui est donné, au-delà du phainesthai, des apparences, dirait-on en langage plus moderne. Et qui se distingue de toute théogonie ou de toute conception mythique par le fait qu'il est irreprésentable. Cette rupture est si grande qu'elle va s'opérer en deux temps. Avec Thalès, d'abord, pour qui l'arkhè, le principe, l'origine des êtres sera l'eau ― mais une eau, si je puis, dire, ontologiquement lourde, un Urwasser, une eau primordiale, dont l'eau empirique, celle que l'on boit et dans laquelle on se baigne, n'est qu'un avatar. Puis immédiatement après avec Anaximandre, pour qui c'est précisément l'apeiron, l'indéterminé/indéterminable ― et irreprésentable ― qui est au principe de toutes choses. Et l'apeiron, ce qui n'a pas de limites (peirata), c'est aussi ce dont on ne peut avoir l'expérience (peira, mot apparenté à peiras/peras).

Cornelius Castoriadis, Ce qui fait la Grèce - 1. D'Homère à Héraclite. Séminaires 1982-1983. La création humaine II.

descriptionComment bien juger ? - Page 3 EmptyRe: Comment bien juger ?

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Déprimant, non ?


A souhait ! ;)

descriptionComment bien juger ? - Page 3 Emptyà la source de l'opinion, les perceptions....

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Je reviens un peu en amont du cours du débat.

Le jugement ou l'opinion me questionnent depuis longtemps.

Philosopher c'est juger, dites-vous. Ne pourrait-on dire “se déterminer” ? Le jugement affecte un objet extérieur, qu'il soit matériel ou immatériel. Lui attribuer une valeur est considérer notre perception comme valide. Or l'entièreté du monde est perçue à travers nos sens - et ne l'est jamais directement. Ainsi, attribuer une valeur est implicitement faire confiance à notre perception, qui cependant est à l'évidence illusoire (nous ne “voyons” jamais que notre propre reconstitution du monde ; il est facile d'imaginer qu'un chat ne verra pas la même). Cela peut trancher à l'origine la racine de l'intolérance, puisque “mon illusion” ne peut avoir de vérité absolue, ni de supériorité sur celle d'un autre, en ce qu'elle est une illusion.

Se déterminer pourrait signifier appréhender à un instant notre position à l'intérieur de notre perception. Se déterminer librement, en pure théorie, serait non seulement s'affranchir de la causalité, mais encore de l'illusion. C'est ce que les bouddhistes appellent la libération. Mais à ce point tout est ouvert et la détermination n'a plus cours.

Cependant comme êtres vivants, nous nous positionnons dans ce monde relatif, et nous nous positionnons étant imparfaitement libres. Dans un univers où règne la causalité, et donc les conséquences, ce positionnement n'est pas neutre, et l'exercice de cette liberté relative mérite toute notre attention...

descriptionComment bien juger ? - Page 3 EmptyRe: Comment bien juger ?

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aguaviva a écrit:
Cela peut trancher à l'origine la racine de l'intolérance, puisque “mon illusion” ne peut avoir de vérité absolue, ni de supériorité sur celle d'un autre, en ce qu'elle est une illusion.

C'est loin d'être le cas, parce que nos sens agissent sensiblement de la même manière pour tous les hommes. Or, la différence ne se fait pas sur ce que nos sens nous donnent mais sur la valeur et le sens que nous leurs attribuons. Tout le monde verra un bateau, mais ce bateau ne voudra pas dire la même chose pour tous. Ainsi d'un sens partagé nous arrivons à des perceptions hétérogènes. Donc ce n'est pas l'illusion des sens qui est à l'origine de l'intolérance, mais bien les différentes perceptions. Et encore, la différence peut mener à une confrontation d'idées sans déboucher nécessairement sur l'intolérance.
Par ailleurs, parler de l'illusion des sens, puisqu'elle est partagée par tous, n'a de sens qu'en face d'un absolu.
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