Esthète a écrit:le fait qu'un vol d'hirondelles est beau et qu'il ne peut en rien être amélioré sans qu'il ne devienne aussitôt autre chose. Ajouter ou retrancher des volatiles ne le rend pas moins ou plus beau ; il le change en un autre vol d'hirondelles, qui sera lui aussi beau. Alors qu'une frise de papier par exemple, ou un animal peut être "amélioré" d'un point de vue esthétique.
Mis à part le sublime, qui est toujours beau du fait même qu'il nous dépasse ("toute grandeur est belle", disait Napoléon), il y a dans la nature des choses plus belles que d'autres, des choses qui nous semblent arrangées par la main d'un artiste à l'imagination fantasque, je pense à des sites comme la Chaussée des Géants en Irlande ou les formes rocheuses de certains endroits d'Amérique du Nord. Peut-être aussi que la beauté d'un vol d'hirondelles tient à la souplesse et à la grâce de leurs évolutions (dont nous serions bien incapables). Une patrouille aérienne nous donnera le même sentiment de plaisir, sauf que nous y ajoutons celui de l'ordre, que nous pouvons observer tout aussi bien dans un vol d'oies sauvages. Ici la beauté tiendra beaucoup à l'entente parfaite que nous voyons entre les membres du vol en formation, que ce soit chez l'homme ou chez l'animal, plus encore du reste chez celui-ci, parce qu'il nous semble plus rare. Je trouve donc les mêmes causes du sentiment du beau à l'œuvre dans l'art et dans la nature. Il me semble que nous nous inspirons d'elle, que ce que nous trouvons beau dans la nature est déjà un arrangement fortuit qui nous émeut et que nous améliorons (en effet, une fois goûté au plaisir, nous y revenons volontiers et essayons de l'augmenter). La nature, par l'exceptionnelle variété de ses formes, nous guide ainsi fortuitement vers le beau sans que nous nous en rendions compte.