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Peut-on parler d'une guerre juste ?

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Jadis
Liber
Euterpe
7 participants

descriptionPeut-on parler d'une guerre juste ? EmptyPeut-on parler d'une guerre juste ?

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Dernière édition par Euterpe le Jeu 21 Juil 2022 - 15:05, édité 5 fois

descriptionPeut-on parler d'une guerre juste ? EmptyRe: Peut-on parler d'une guerre juste ?

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Il semble bien, si on prend le titre de l'opuscule de Kant, Vers la paix perpétuelle, que la guerre soit l'état normal des sociétés humaines, la paix n'étant qu'une pause momentanée dans les hostilités.

descriptionPeut-on parler d'une guerre juste ? EmptyRe: Peut-on parler d'une guerre juste ?

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Liber a écrit:
Il semble bien, si on prend le titre de l'opuscule de Kant, Vers la paix perpétuelle, que la guerre soit l'état normal des sociétés humaines, la paix n'étant qu'une pause momentanée dans les hostilités.

Cependant, dans cet ouvrage, Kant cherche à faire évoluer ce statut précaire de la paix vers une plus grande stabilité (laquelle reposerait, selon le philosophe, sur le droit). Cette réflexion s'inscrit dans une lignée de textes (plus ou moins utopiques) sur la paix européenne, comme ceux de Lanarpe et Gaillard (1756), Thanten (1758) ou Bentham (1789), auxquels Kant cherche à apporter une part de réalisme. Sans m'avancer plus avant, il serait possible d'établir une parenté d'idée entre ce texte kantien et le projet institutionnel européen de l'Abbé de Saint-Pierre (1712), proposant la mise en place de mécanismes de réflexion au niveau européen.

descriptionPeut-on parler d'une guerre juste ? EmptyRe: Peut-on parler d'une guerre juste ?

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Jadis a écrit:
Liber a écrit:
Il semble bien, si on prend le titre de l'opuscule de Kant, Vers la paix perpétuelle, que la guerre soit l'état normal des sociétés humaines, la paix n'étant qu'une pause momentanée dans les hostilités.

Cependant, dans cet ouvrage, Kant cherche à faire évoluer ce statut précaire de la paix vers une plus grande stabilité (laquelle reposerait, selon le philosophe, sur le droit). Cette réflexion s'inscrit dans une lignée de textes (plus ou moins utopiques) sur la paix européenne, comme ceux de Lanarpe et Gaillard (1756), Thanten (1758) ou Bentham (1789), auxquels Kant cherche à apporter une part de réalisme. Sans m'avancer plus avant, il serait possible d'établir une parenté d'idée entre ce texte kantien et le projet institutionnel européen de l'Abbé de Saint-Pierre (1712), proposant la mise en place de mécanismes de réflexion au niveau européen.
Logiquement il ne peut qu'y avoir "parenté d'idée", le but de paix étant commun aux deux démarches. Mais je dirais que Kant, en qualité de philosophe, a le statut adéquat pour émettre des cogitations de formes extrêmement abstraites sur la Raison elle-même ou sa concrétisation dans les faits, que ce soit en général en matière de théorie de la connaissance, en éthique ou dans les faits de guerre.
De leur côté, les autorités religieuses, bien que totalement habilitées à faire valoir leurs positions dans ces réflexions sur la paix, ne le font qu'à titre de "partie prenante" et représentatives des valeurs religieuses, dans le cadre de l'action concrète qui inclut une réflexion de type "multipartite", où chacun présente son point de vue, mais qui n'a rien de commun avec la réflexion pure relevant exclusivement du philosophe.

Concernant la vidéo, je dirais que dans les grandes lignes, l'auteur de cet exposé définit par "guerre injuste" celle qui obéirait à un principe transcendant ou divin de justice, faisant par cela référence aux guerres de religion, qui auraient sans doute selon lui pour but d'imposer un "dogme", de vouloir l'"universaliser". Alors que les guerres dites "de punition", qui visent à punir toute agression et répondent à un souci de simple "défensive", ont de ce fait une "cause juste", visant à concrétiser une idée universelle de paix.
Je trouve cela plutôt boiteux comme raisonnement (mais il admet lui-même – se donnant ainsi un bon ton faussement "critique" – que ses réponses ne résolvent pas tous les paradoxes soulevés) car il se trouve que la justice d'origine transcendante vise elle aussi dans son idée pure (comme le christianisme par exemple) un idéal universel de paix. Cette dite transcendance est tout aussi enracinée dans la raison humaine vu qu'elle prend son origine dans une "révélation" qui n'est autre qu'une représentation purement humaine.
Qu'elle se réfère à un dieu ou qu'elle soit d'origine immanente, la justice est toujours fondée sur des critères nés dans la raison humaine.
D'autant plus que les deux atroces dictatures modernes qui ont marqué de leurs crimes le 20ème siècle, s'enracinaient dans une logique dite de "défense" contre les mensonges de la "raison" humaine adverse. Chacune promettait à son peuple monts et merveilles, justifiant qu'il fallait combattre l'idéologie opposée et ennemie car menaçante. Nul besoin, on le voit, d'invoquer Dieu pour commettre des crimes au nom d'une "bonne raison" humaine.

Mais heureusement, bon gré mal gré, la paix et les droits de l'homme, concrètement avancent.

J'ajouterais donc "pas de paix sans guerre, pas de vie sans risque" : une logique apparemment "contradictoire", mais relevant de vérité réelle et éternelle, car c'est le prix à payer pour la liberté qui résulte toujours d'un combat avant de s'inscrire dans le Droit. Fussent-elles, dans les temps modernes, devenues guerres économiques, avec l'idéologie comme nouvel ennemi politique à abattre. Ennemi virtuel mais étant par définition, synonyme d'erreur, l'idéologie est toujours prétendument logée dans l'idée ou idéal de l'adversaire.
On est donc loin d'avoir mis fin à cette nouvelle guerre idéologique et sémantique tout aussi mortelle que la guerre matérielle.

descriptionPeut-on parler d'une guerre juste ? EmptyRe: Peut-on parler d'une guerre juste ?

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Janus a écrit:
Concernant la vidéo, que dirais que dans les grandes lignes, l'auteur de cet exposé définit par "guerre injuste" celle qui obéirait à un principe transcendant ou divin de justice, faisant par cela référence aux guerres de religion, qui auraient sans doute selon lui pour but d'imposer un "dogme", de vouloir l'"universaliser". Alors que les guerres dites "de punition", qui visent à punir toute agression et répondent à un souci de simple "défensive", ont de ce fait ont une "cause juste", visant à concrétiser une idée universelle de paix.
Ce n'est pas ce qu'affirme Philippe Touchet.
L'objet principal de sa conférence est précisément de montrer qu'il n'y a pas de guerre juste ou injuste, en ce que celui qui fait la guerre le fait au nom du droit naturel, et donc renonce à toute relation juridique, à toute relation fondée sur un droit commun avec son ennemi. En cela, la guerre échappe aux catégories du juste et de l'injuste pour Touchet, puisque précisément le droit naturel renvoie à un état pré-politique. D'où la citation de Kant, "l'état de guerre est la relation apolitique par excellence". Il y a une contradiction interne à l'idée de guerre juste, car celui qui déclare sa cause comme étant juste, s'érige à la fois comme juge et partie, il prétend faire la guerre au nom d'un principe universel, et donc se pose comme juge de tous les peuples.

Par ailleurs, vous mélangez guerres punitives et guerres défensives, alors qu'elles sont très clairement opposées dans le propos de Touchet. Il cite là Saint-Augustin, lequel énumère trois cas dans lesquels il n'est pas injuste de faire la guerre :
- la guerre défensive
- la guerre de récupération (d'un territoire par exemple)
- la guerre punitive : "lorsqu'on punit un peuple du mal qu'il a fait à un autre peuple" (cela est donc très éloigné de la guerre défensive)
Touchet cite Saint-Agustin, parce qu'il est l'un des premiers théoriciens de la guerre juste ; ce n'est donc pas par hasard si la religion chrétienne est à l'origine des premières guerres saintes. A travers ces distinctions entre trois cas de guerre que fait S-A, Touchet veut montrer que les deux premiers cas (guerre de récupération, et guerre défensive) sont très différents du troisième.
Dans les deux premiers cas, la guerre est relative, il y a un objet de la guerre (faire quitter à l'ennemi son territoire >> défense ; récupérer un territoire pris par l'ennemi >> récupération), donc la guerre est par là même limitée. Mais dans le troisième cas, il n'y a pas d'objet de la guerre, l’objet de la guerre devient, comme c’est le cas lorsqu’on punit un criminel dans la société, la négation de la liberté de l’autre peuple. Il s’agit de soumettre ou de détruire. En cela le principe de cette guerre est absolu, et elle devient illimitée : c'est le modèle des guerres modernes, qui sont faites au nom de "l'humanité" par exemple.

Je pense que vous devriez revisionner sa conférence pour mieux comprendre son raisonnement, qui n'a rien de boiteux, même si certains aspects n'ont pas été assez approfondis à mon goût, sûrement du fait des contraintes de temps qu'impose une conférence.
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