Il faut savoir aussi ce qu'on entend par "aimer". La plupart des êtres sont incapables d'aimer les autres, tous les autres, avec la même intensité. Ceux qui y parviennent font probablement preuve d'une grande sagesse, mais cet amour est-il de la passion ?... Je le rangerais plutôt du côté de la raison. Une raison éclairée, pourrions-nous dire. La passion en serait-elle absente pour autant ? Il y a la passion destructrice. Celle-ci se manifeste dans le choix égoïste d'un individu envers un autre individu. Je t'aime, moi non plus. Voilà la passion destructrice à l'œuvre. Mais le philosophe ou le sage, ou le religieux qui, avec le recul, en arrive à penser que le chemin le plus juste est d'aimer autrui, de quel amour parle-t-il ? Le philosophe préfère certes la raison à la passion, cependant pour réussir à aimer ainsi tous les êtres, ne faut-il pas avoir la passion et l'amour de cette idée : le chemin le plus juste est d'aimer autrui sans jamais se perdre dans les méandres de l'amour exclusif et égotique ?