jean ghislain a écrit: Évidemment, certains hommes politiques auront tendance à mentir « pour la bonne cause », mais je prends plus cette technique pour de la persuasion ou de la propagande que pour des mensonges ou de la mauvaise foi, car l'homme politique qui persuade ses ouailles est d'après moi lui-même persuadé du bon sens de ses arguments et de la bonne interprétation des chiffres qu'il fait.
J'en ai vu un cas très explicite hier, dans Mots Croisés sur France 2. On avait le nostalgique des colonies, celui qui emploie une mauricienne non déclarée, Pierre Lellouche, aller de surprise en surprise en écoutant Michel Sapin, tout cela parce qu'il avait fantasmé la campagne de Hollande. Ces gens-là agissent ainsi : ils sont tellement persuadés de leur supériorité intrinsèque, d'être les seuls à penser, qu'ils vous mettent automatiquement de côté, comme si vous n'existiez pas. Vous êtes alors la caricature de tout ce qu'ils détestent, de manière donc irrationnelle. Mais ce faisant, ils s'enferment eux-mêmes (l'esprit construit sa prison, comme disait Emerson). C'est ce qu'a fait la droite lors de ces élections. Toute convaincue qu'elle était d'avoir seule raison, elle n'a pas écouté le discours modéré de Hollande, lui substituant une caricature d'un Mitterrand allié à Georges Marchais, le socialiste dépensier et irresponsable, ignorant tout de l'économie, socialiste qui au passage n'a jamais existé. Mais qu'importe la réalité pour la droite ? Elle ne vit que dans ses fantasmes. Voilà pourquoi d'emblée, moi qui suis un modéré, moi qui m'éloigne toujours de tout comportement irrationnel, je ne pouvais voter pour ces gens-là.
Quelqu'un élevé dans la tolérance et les mélanges sociaux-culturels, comprendra-t-il quelque chose à l'identité nationale et à la haine?
Vous avez aussi l'entre-deux, sur lequel prospère Marine Le Pen, c'est-à-dire ceux qui sont confrontés à la mondialisation, fermeture d'usines ou immigration des quartiers qui déborde sur les zones péri-urbaines, et qui ne sont plus sensibles à cette éducation. Sarkozy croyait avoir gagné l'élection grâce à eux. Ce qui pour l'instant vous donne raison, leur optimisme ou du moins leur sagesse les ont empêché de soutenir l'insoutenable.
C'est pour cela, comme vous le dites Janus que certains chiffres (les graphiques que j'ai avancé par exemple?) ne vous feront ni chaud ni froid... et que vous aurez même « renoncer à dialoguer aux adeptes de l'idéologie socialiste ».
Ce qui est stupide, et qui montre bien que Janus est exactement celui que je décris plus haut, quelqu'un qui ne s'aperçoit pas que nous ne sommes pas des idéologistes, mais que nous sommes des hommes, avec des sentiments dont il faudra bien tenir compte. Ce qui n'empêche pas par ailleurs que nous soyons capables de maîtriser les chiffres et de proposer des analyses lucides et objectives. Car comment expliquer, si je suis aveuglé par l'idéologie socialiste, que je voie la différence entre la Grèce et l'Espagne, et pas l'homme de droite pour qui ces deux pays ont les mêmes problèmes, avec les mêmes origines, comme l'a prétendu Sarkozy ? Comment l'homme de droite, qui nous accuse d'ignorance, ne comprend-il donc rien à l'économie (il confond des situations totalement différentes, que même un collégien comprendrait), et pas l'homme de gauche, qui lui est clairvoyant et lucide ?