Les sociétés anonymes relèvent d'un statut juridique permettant de faire émerger une entité morale d'une réunion d'intérêts et d'aspirations économiques individuelles. Elles correspondent à une flexibilisation du capital des entreprises ; elles donnent naissance à la bourse. Une S.A., considérée comme personne morale, ne peut bien évidemment pas être enfermée entre quatre murs, son mode d'existence est purement financier, les sanctions sont financières, les opportunités sont financières. Financières ne signifie pas seulement des capitaux fluides, également des biens qui ultimement sont rapportés à un mode d'existence financier.
L'idée est en elle-même attrayante dans la flexibilité qu'elle offre, pourtant le système est soumis à une idéologie de profit qui s'y répand comme un parasite jusqu'à l'avoir soumis entièrement à sa dynamique.
La monnaie n'est pas une mince affaire, il s'agit d'un lien majeur entre tous les différents agrégats sociaux. Son existence ne tient qu'à la confiance qu'on lui confère, à sa stabilité. A une échelle autre, la monnaie incarne l'échange, lui-même constituant une dimension fondamentale de l'existence sociale. La monnaie n'est bien évidemment pas le seul média d'échange, probablement pas même le plus constitutif de l'expérience de chacun, elle n'en reste pas moins le lien le plus universel.
Dans quelle mesure faut-il tenir pour responsables les lois, la justice, de la crise qui ébranle la monnaie ? La Grèce s'écroule non pas parce qu'elle est en faillite, mais parce qu'elle a subi les raids de spéculateurs. Toute la zone Euro est en proie au hold up le plus magistral de l'histoire de l'humanité. Actuellement les pays occidentaux en réelle faillite, dont la dette ne peut être comblée et dont l'existence financière est la plus précaire, sont les États-Unis et la Grande Bretagne. Est-il normal qu'un pêcheur grec n'ait plus les moyens de faire le plein pour partir en mer parce que des fonds d'investissements anglo-saxons ont vu dans la dette grecque une opportunité de spéculer à la baisse ? Si la crise semble purement financière, elle se cristallise dans des biens tout à fait concrets qui sont transférés d'un acteur à un autre, ou d'une masse d'acteurs vers une autre et inversement. La crise grecque correspond à la naissance de milliardaires qui ont investi sur la démolition du système grec. Il y a une dérive majeure dans les marchés financiers, et ce n'est pas l'euphorie du trader qui est à condamner, ce n'est pas même le trader lui-même, mais bien plutôt le cadre juridique qui agit comme une matrice dans laquelle les désirs peuvent se transformer en de monstrueuses sommes financières, jusqu'à parasiter les institutions mêmes qui leur ont donné naissance. La propriété se désagrège sous le coup de la spéculation, le travail est soumis à des marchés financiers lointains qui font apparaître puis disparaître des richesses. L'idéologie du profit économique trouve par la finance un point d'ancrage sur l'ensemble du reste de la société. L'enfant a trouvé le sein maternel, il ponctionne encore et encore, grand qu'il est de ses produits dérivés et autres modélisations mathématiques.
Si le système juridique est celui-là même qui génère le monde financier, et si le monde financier est soumis à l'idéologie du profit, est-ce qu'on peut espérer que le système juridique enraye l'idéologie ? N'en est-il pas plutôt un instrument ? Je ne crois pas que le principe des sociétés anonymes soit mauvais ou bon, je crois qu'il reflète simplement les aspirations de notre époque. Alors faut-il penser changer l'Homme ? faut il se battre ? prendre part à la danse ? informer ? Quelle philosophie, quelle justice face à la finance ?
L'idée est en elle-même attrayante dans la flexibilité qu'elle offre, pourtant le système est soumis à une idéologie de profit qui s'y répand comme un parasite jusqu'à l'avoir soumis entièrement à sa dynamique.
La monnaie n'est pas une mince affaire, il s'agit d'un lien majeur entre tous les différents agrégats sociaux. Son existence ne tient qu'à la confiance qu'on lui confère, à sa stabilité. A une échelle autre, la monnaie incarne l'échange, lui-même constituant une dimension fondamentale de l'existence sociale. La monnaie n'est bien évidemment pas le seul média d'échange, probablement pas même le plus constitutif de l'expérience de chacun, elle n'en reste pas moins le lien le plus universel.
Dans quelle mesure faut-il tenir pour responsables les lois, la justice, de la crise qui ébranle la monnaie ? La Grèce s'écroule non pas parce qu'elle est en faillite, mais parce qu'elle a subi les raids de spéculateurs. Toute la zone Euro est en proie au hold up le plus magistral de l'histoire de l'humanité. Actuellement les pays occidentaux en réelle faillite, dont la dette ne peut être comblée et dont l'existence financière est la plus précaire, sont les États-Unis et la Grande Bretagne. Est-il normal qu'un pêcheur grec n'ait plus les moyens de faire le plein pour partir en mer parce que des fonds d'investissements anglo-saxons ont vu dans la dette grecque une opportunité de spéculer à la baisse ? Si la crise semble purement financière, elle se cristallise dans des biens tout à fait concrets qui sont transférés d'un acteur à un autre, ou d'une masse d'acteurs vers une autre et inversement. La crise grecque correspond à la naissance de milliardaires qui ont investi sur la démolition du système grec. Il y a une dérive majeure dans les marchés financiers, et ce n'est pas l'euphorie du trader qui est à condamner, ce n'est pas même le trader lui-même, mais bien plutôt le cadre juridique qui agit comme une matrice dans laquelle les désirs peuvent se transformer en de monstrueuses sommes financières, jusqu'à parasiter les institutions mêmes qui leur ont donné naissance. La propriété se désagrège sous le coup de la spéculation, le travail est soumis à des marchés financiers lointains qui font apparaître puis disparaître des richesses. L'idéologie du profit économique trouve par la finance un point d'ancrage sur l'ensemble du reste de la société. L'enfant a trouvé le sein maternel, il ponctionne encore et encore, grand qu'il est de ses produits dérivés et autres modélisations mathématiques.
Si le système juridique est celui-là même qui génère le monde financier, et si le monde financier est soumis à l'idéologie du profit, est-ce qu'on peut espérer que le système juridique enraye l'idéologie ? N'en est-il pas plutôt un instrument ? Je ne crois pas que le principe des sociétés anonymes soit mauvais ou bon, je crois qu'il reflète simplement les aspirations de notre époque. Alors faut-il penser changer l'Homme ? faut il se battre ? prendre part à la danse ? informer ? Quelle philosophie, quelle justice face à la finance ?