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descriptionEn quoi consiste vraiment l'originalité de Platon ? EmptyEn quoi consiste vraiment l'originalité de Platon ?

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Bonjour,

Les idées de Platon sont très proches de celles que l'on attribue à Pythagore. Aristote prenait lui aussi cette filiation comme un acquis. Il dit dans sa Métaphysique :
Aristote a écrit:
Après les philosophes dont nous venons de parler [Pythagoriciens et Éléates], survint Platon, dont la doctrine est en accord le plus souvent avec celle des Pythagoriciens, mais qui a aussi ses caractères propres, bien à part de la philosophie de l’École italique.

On retrouve entre autre les principes abstraits et purement intellectuels placés au dessus des sens, la volonté de créer une école, celle d'éduquer les puissants (que Pythagore avait tenté de mettre en pratique à Crotone), le rejet de l'écriture... et bien sûr le mot philosophie lui-même.
Si on attribue à Parménide la distinction entre le monde des sens et l'être véritable, purement intelligible, qui le transcende, ne peut-on pas dire que la seule originalité de Platon est l'importance qu'il accorde à la parole ?

Ce serait une assez belle ironie : l'intérêt de la pensée de Platon résiderait donc dans le rôle du débat, qui lui vient de ses principaux ennemis : la démocratie et les sophistes !

descriptionEn quoi consiste vraiment l'originalité de Platon ? EmptyRe: En quoi consiste vraiment l'originalité de Platon ?

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Ménandre a écrit:
Si on attribue à Parménide la distinction entre le monde des sens et l'être véritable, purement intelligible, qui le transcende, ne peut-on pas dire que la seule originalité de Platon est l'importance qu'il accorde à la parole ?


Le Poème de Parménide est bel et bien le texte qui a inauguré la pensée de l'être, pensée qui fut ensuite reprise par la plupart des métaphysiciens, à commencer par Platon. Or, quand vous dites que l'être vrai est transcendant, je pense qu'il faut plutôt entendre par là la transcendance d'un discours sur un autre, c'est-à-dire d'une pensée de l'être permanent sur les opinions relevant de l'apparence et du devenir. C'est que l'on ne retrouve nulle part dans le Poème une distinction ontologique entre deux ordres de réalité séparant l'intelligible du sensible comme chez Platon. Tout au contraire, Parménide se fait de l'être une représentation assez brute en le décrivant, et il est probable qu'il ait ici songé à l'univers physique, tel une sphère. Toutefois, à la différence des physiologues comme Thalès, Anaximène ou Anaximandre, Parménide est le premier à se détourner de la recherche d'une principe de la nature, d'un substrat primitif pour poser la question de "l'être" ou du "c'est", formules déjà fort abstraites pour les balbutiements de la métaphysique. 

Ainsi, les Éléates, contrairement à l'idée reçue, ne nient d'aucune façon le devenir, mais ne font que prétendre qu'il ne peut faire l'objet d'une science, d'une pensée rationnelle et rigoureuse. Dès lors une corrélation étroite peut-elle en effet se trouver établie entre l'être et la pensée, corrélation que l'on peut relever dans le fragment trois suivant lequel "c'est la même chose que la pensée et l'être" (qu'il ne faut pas, à mon sens, entendre à la manière idéaliste de Hegel ou de l'esse est percipi aut percipere de Berkeley). Autrement dit, du moment que l'on se situe sur le plan de l'être un, immuable, permanent, indivisible, inengendré, impérissable, intemporel, divin, etc., l'on se situe dans l'ordre de la pensée, du logos et de la vérité. 

Donc, l'une des originalités (car ce n'est pas la seule) de Platon au regard de Parménide est à mon avis qu'il fit de l'être toujours identique à lui-même un εἶδος (idea, idée), et cela afin de rendre compte du devenir tout en conservant l'héritage parménidéen, à savoir la pensée de l'être au sens plein du terme.
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