Il y a quelques années maintenant, je lisais un passage d’Anthropologie du corps et modernité de Le Breton, où il s'agit de la relation corps/esprit au travers de données ethnographiques illustrant la connivence des "tissus" organiques et symboliques.
Les réflexions de cet extrait partent de l'observation d'interventions chamaniques sur des femmes dont l'accouchement est entravé et douloureux. Le chamane imprime un sens à la souffrance absurde de la femme, par les rituels et le mythe il pacifie les sensations en les rapportant à l'ordre cosmique, et l'accouchement est libéré. Il faisait aussi référence aux observations, que l'on doit à Lévi-Strauss je crois, d'individus décédés des suites d'une malédiction... (L'interprétation était : le ''tissu'' social se délite autour d'eux ; chacun considérant qu'ils sont déjà morts, les victimes meurent en effet.) Bref, tout ça donne à penser que l'organique et le culturel sont intimement liés, voire qu'ils sont une seule et même chose.
Les développements étaient intelligents et l'idée séduisante, mais sa traduction dans la réalité restait imprécise. Et je vous le demande : en quoi votre corps est-il traversé par le langage, et la chair "nouée en symboles" ?
Comme souvent, c'est un problème de définitions. Imaginons un instant qu'il soit erroné de réduire le corps à la planche anatomique. Il y a bien sûr le substrat matériel, mais n'est-il pas arbitraire d'y restreindre notre compréhension de ce qu'est le corps ? Le corps d'un individu, dans la durée, c'est son devenir. Ce sont des mouvements qu'il effectue, sa confrontation avec le monde via la sensibilité, l'intelligence et le travail (dans le sens de l'activité, production/création). On comprend déjà mieux comment ce corps-là peut être pétri de culture...
Comment le devenir du corps s'organise-t-il ? Quelle en est la ''chair'', quels sont ses organes ? Et quel rôle l'esprit y joue-t-il ? Nous nous demanderons aussi où s'arrête ce corps, quelles sont ses limites. (J'invite chacun à se référer à sa propre expérience : nous tous avons un corps sous la main ; autant y éprouver nos réflexions.)
Dernière édition par Zingaro le Sam 7 Nov 2015 - 10:56, édité 1 fois
Les réflexions de cet extrait partent de l'observation d'interventions chamaniques sur des femmes dont l'accouchement est entravé et douloureux. Le chamane imprime un sens à la souffrance absurde de la femme, par les rituels et le mythe il pacifie les sensations en les rapportant à l'ordre cosmique, et l'accouchement est libéré. Il faisait aussi référence aux observations, que l'on doit à Lévi-Strauss je crois, d'individus décédés des suites d'une malédiction... (L'interprétation était : le ''tissu'' social se délite autour d'eux ; chacun considérant qu'ils sont déjà morts, les victimes meurent en effet.) Bref, tout ça donne à penser que l'organique et le culturel sont intimement liés, voire qu'ils sont une seule et même chose.
Les développements étaient intelligents et l'idée séduisante, mais sa traduction dans la réalité restait imprécise. Et je vous le demande : en quoi votre corps est-il traversé par le langage, et la chair "nouée en symboles" ?
Comme souvent, c'est un problème de définitions. Imaginons un instant qu'il soit erroné de réduire le corps à la planche anatomique. Il y a bien sûr le substrat matériel, mais n'est-il pas arbitraire d'y restreindre notre compréhension de ce qu'est le corps ? Le corps d'un individu, dans la durée, c'est son devenir. Ce sont des mouvements qu'il effectue, sa confrontation avec le monde via la sensibilité, l'intelligence et le travail (dans le sens de l'activité, production/création). On comprend déjà mieux comment ce corps-là peut être pétri de culture...
Comment le devenir du corps s'organise-t-il ? Quelle en est la ''chair'', quels sont ses organes ? Et quel rôle l'esprit y joue-t-il ? Nous nous demanderons aussi où s'arrête ce corps, quelles sont ses limites. (J'invite chacun à se référer à sa propre expérience : nous tous avons un corps sous la main ; autant y éprouver nos réflexions.)
Dernière édition par Zingaro le Sam 7 Nov 2015 - 10:56, édité 1 fois