Par commodité, la philosophie en classe de terminale divise ceux favorables à l'enseignement de la philosophie en tant qu'histoire de la philosophie et ceux partisans de la philosophie en tant qu'introduction et à la philosophie et à la réflexion impliquant l'élaboration d'un raisonnement. En 1962 déjà, dans La Cabale des dévots, Jean-François Revel remarquait que :
D'ailleurs, quelle est la vocation de l'enseignement de la philosophie en classe de terminale ?
Aujourd'hui, ce discours risque de paraître convenu, bien qu'il appartienne à la phraséologie des défenseurs de l'enseignement de la philosophie en classe de terminale (et ailleurs) :
Quel peut bien être l'impact des nouvelles technologies ainsi que de la "baisse du niveau" (je ne me prononce pas sur la véracité ou non de constat, sinon que cette représentation est largement diffusée) sur la pratique du professeur de philosophie ? On retrouve deux idéaux-types radicalement opposés du "professeur de philosophie" : l'un est hautain, élitiste, injuste dans sa manière de noter et incompréhensible aux yeux des élèves, alors que l'autre, se rapprochant des préoccupations de ces derniers, abaisserait le niveau d'exigence en frisant la démagogie pour mieux célébrer la vie (cf. l'enseignant du film Le Cercle des poètes disparus). Il est bien entendu possible d'affirmer que l'enseignement de la philosophie en classe de terminale est salutaire dans la mesure où la fréquentation des bancs de l'école inspire des vocations sinon un "déclic", du moins auprès d'une minorité d'élèves. On peut néanmoins rétorquer que cette minorité aurait malgré tout développé un intérêt pour la philosophie (et bien avant, s'ils sont précoces) dans un autre contexte (il n'est, dans tous les cas, pas possible de dire que l'enseignement de la philosophie en classe de terminale constitue la seule et unique cause).
Question difficile : êtes-vous, ou non, favorables à la suppression de l'enseignement de la philosophie en classe de terminale ? La question se pose dans la mesure où, avec la massification scolaire impliquant une hausse de la fréquentation du supérieur, il devient difficile (sans parler des classes préparatoires) de ne pas être exposé à un cours (même d'introduction) de philosophie ou de sciences humaines et sociales (si le but est bien de se "familiariser avec des noms d'auteurs" et "d'apprendre à réfléchir"). En conséquence, même si l'enseignement de la philosophie est couronnement des études secondaires, cela n'est pas pour autant synonyme de nécessité. De plus, en occultant l'image d’Épinal et notre propre expérience, il nous est loisible d'observer des lycéens (dont le nombre ne faiblit pas) qui viennent réclamer de l'aide sur ce forum - parmi d'autres - afin que les membres leur donnent un coup de pouce. A partir de là, les questions restent inépuisables : ne s'éloignent-ils pas d'une certaine éthique (si l'objectif est bien de "réfléchir par soi-même en faisant ses propres recherches et lectures") ? Il ne s'agit pas de dire qu'ils sont bêtes (au contraire, il est rationnel de chercher à obtenir la meilleure note possible avec le moins de coûts). Il s'agit de dire qu'ils ne risquent pas d'appartenir au public de la philosophie. Quant aux membres qui prennent la peine de leur répondre, et comme me l'a fait remarquer un certain individu, sont-ils légitimes ? Sont-ils habilités à le faire, dans la mesure où tous ne sont pas des "professionnels" de cette discipline ? Leur répondre, cela ne revient-il pas, sans bien sûr le vouloir, à cautionner ce "système" (notion certes bien commode) ? En effet, cela ne revient-il pas qualifier implicitement d'échec la pratique pédagogique de l'enseignant en question ? Peut-il être tenu pour responsable de cet "apprenant" ? Si oui, pourquoi et quelles en sont les causes ? Si non, est-ce la faute du "système" ? En quoi ?
Qu'en pensez-vous ? Je n'ai pas traité les cas d'autodidaxie et des cours particuliers.
Jean-François Revel a écrit:[...] le problème culturel du rôle de la philosophie dans l'élaboration de la pensée contemporaine, et le problème pédagogique de l'initiation de jeunes gens à la pensée tout court doivent être distingués. Même si la philosophie perd toute capacité de découvrir et de créer, il restera toujours indispensable, sur le plan scolaire, d'enseigner la signification des étapes classiques de l'histoire de la pensée (cet enseignement ne devrait-il pas ressembler à ce qu'on appelle aujourd'hui histoire de la philosophie ?) et, d'autre part, d'informer les adolescents des problèmes propres au monde, à la culture et au moment où ils vont vivre. On parle toujours de faire réfléchir. Mais sur quoi ? Alors qu'on n'informe jamais ! Une information, même imparfaite et à peine ébauchée, fait plus réfléchir que la "réflexion" dans le vide.
D'ailleurs, quelle est la vocation de l'enseignement de la philosophie en classe de terminale ?
Jean-François Revel a écrit:La tendance qui se manifeste depuis plusieurs années à transformer notre enseignement en une mosaïque de sommaires apprentissages relève d'une direction profondément réactionnaire qui, sous prétexte que nous avons besoin de techniciens, prétend que nous n'avons plus besoin de citoyens. [...] Nos enfants ne sont pas des outils. Notre devoir est de les informer impartialement, de les mettre en mesure de choisir ou de rejeter nos valeurs. Ce n'est pas à nous de nous servir d'eux, mais à eux d'apprécier ce qu'ils reçoivent de nous. Une société est une civilisation dans la mesure où elle élève des individus capables de la critiquer, des hommes qui puissent concevoir l'envie de lui échapper, atteindre aux moyens intellectuels de la juger, exercer le droit moral de la refuser et aussi, pourquoi pas ? le droit à l'inefficacité.
Aujourd'hui, ce discours risque de paraître convenu, bien qu'il appartienne à la phraséologie des défenseurs de l'enseignement de la philosophie en classe de terminale (et ailleurs) :
L'UNESCO a écrit:« Dans la mesure où elle construit les outils intellectuels nécessaires pour pouvoir analyser et comprendre des concepts essentiels comme la justice, la dignité et la liberté, dans la mesure où elle aide à développer des capacités de réflexion et de jugement indépendants et où elle stimule les facultés critiques indispensables pour comprendre le monde et s'interroger sur les problèmes qu'il pose, dans la mesure enfin où elle favorise la réflexion sur les valeurs et les principes, la philosophie est une « école de la liberté ». »
Stratégie intersectorielle de l’UNESCO concernant la philosophie (2005). http://www.unesco.org/new/fr/social-and-human-sciences/themes/philosophy/philosophy-teaching/
Quel peut bien être l'impact des nouvelles technologies ainsi que de la "baisse du niveau" (je ne me prononce pas sur la véracité ou non de constat, sinon que cette représentation est largement diffusée) sur la pratique du professeur de philosophie ? On retrouve deux idéaux-types radicalement opposés du "professeur de philosophie" : l'un est hautain, élitiste, injuste dans sa manière de noter et incompréhensible aux yeux des élèves, alors que l'autre, se rapprochant des préoccupations de ces derniers, abaisserait le niveau d'exigence en frisant la démagogie pour mieux célébrer la vie (cf. l'enseignant du film Le Cercle des poètes disparus). Il est bien entendu possible d'affirmer que l'enseignement de la philosophie en classe de terminale est salutaire dans la mesure où la fréquentation des bancs de l'école inspire des vocations sinon un "déclic", du moins auprès d'une minorité d'élèves. On peut néanmoins rétorquer que cette minorité aurait malgré tout développé un intérêt pour la philosophie (et bien avant, s'ils sont précoces) dans un autre contexte (il n'est, dans tous les cas, pas possible de dire que l'enseignement de la philosophie en classe de terminale constitue la seule et unique cause).
Question difficile : êtes-vous, ou non, favorables à la suppression de l'enseignement de la philosophie en classe de terminale ? La question se pose dans la mesure où, avec la massification scolaire impliquant une hausse de la fréquentation du supérieur, il devient difficile (sans parler des classes préparatoires) de ne pas être exposé à un cours (même d'introduction) de philosophie ou de sciences humaines et sociales (si le but est bien de se "familiariser avec des noms d'auteurs" et "d'apprendre à réfléchir"). En conséquence, même si l'enseignement de la philosophie est couronnement des études secondaires, cela n'est pas pour autant synonyme de nécessité. De plus, en occultant l'image d’Épinal et notre propre expérience, il nous est loisible d'observer des lycéens (dont le nombre ne faiblit pas) qui viennent réclamer de l'aide sur ce forum - parmi d'autres - afin que les membres leur donnent un coup de pouce. A partir de là, les questions restent inépuisables : ne s'éloignent-ils pas d'une certaine éthique (si l'objectif est bien de "réfléchir par soi-même en faisant ses propres recherches et lectures") ? Il ne s'agit pas de dire qu'ils sont bêtes (au contraire, il est rationnel de chercher à obtenir la meilleure note possible avec le moins de coûts). Il s'agit de dire qu'ils ne risquent pas d'appartenir au public de la philosophie. Quant aux membres qui prennent la peine de leur répondre, et comme me l'a fait remarquer un certain individu, sont-ils légitimes ? Sont-ils habilités à le faire, dans la mesure où tous ne sont pas des "professionnels" de cette discipline ? Leur répondre, cela ne revient-il pas, sans bien sûr le vouloir, à cautionner ce "système" (notion certes bien commode) ? En effet, cela ne revient-il pas qualifier implicitement d'échec la pratique pédagogique de l'enseignant en question ? Peut-il être tenu pour responsable de cet "apprenant" ? Si oui, pourquoi et quelles en sont les causes ? Si non, est-ce la faute du "système" ? En quoi ?
Qu'en pensez-vous ? Je n'ai pas traité les cas d'autodidaxie et des cours particuliers.