Machaon a écrit: Bonsoir et merci pour votre réponse. Vous distinguez justement
a priori et inné.
Mais quand Kant écrit
Kant a écrit: Sous le nom de connaissances a priori nous entendons donc désormais non pas celles qui sont indépendantes de telle ou telle expérience, mais celles qui ne dépendent absolument d'aucune expérience
On peut penser légitimement, me semble-t-il, que celles dont la genèse est basée sur l'expérience ne sont plus
a priori. Aussi à cette définition faut-il peut-être préférer celle qui fait référence à la nécessité et/ou à l'universalité. C'est un peu, si j'ai bien compris, le sens de votre message...
Il reste que la distinction, que j'admets volontiers, est assez subtile : connaissances tout à fait indépendantes de l'expérience mais "produites" par.
Reste aussi que, si on admet le cadre des démonstrations de Piaget, la raison de l'enfant reste hors de la
Critique de la raison pure.
Cordialement.
Bonjour,
Pour illustrer la différence entre
valeur d'une représentation et
mode d'acquisition de la représentation, on peut penser à un exemple de ce genre : soit la proposition "le tout est plus grand que la partie".
Il s'agit d'une proposition nécessairement vraie et qui n'est certainement pas issue de l’expérience. Car pour pouvoir déterminer qu'un tout empirique est plus grand que l'une de ses parties empiriques,
je présuppose les concepts de tout et de partie et il serait vraiment
étrange que je rencontre dans l'expérience une partie qui
ne soit pas plus petite que le tout (en effet, l'expérience c'est toujours ce qui peut être ainsi
et autrement).
Cela étant, nous pouvons raisonnablement dire qu'un nourrisson de six mois (qui ne parle même pas) ne possède pas cette connaissance. Ce n'est que plus tard qu'il en viendra à connaître cette vérité, si par exemple il apprend la géométrie.
On peut s'interroger sur la question de savoir comment il acquiert cette connaissance. Probablement le fait-il en comparant dans des figures les parties et le tout. Et ainsi, il est amené à reconnaître par réflexion la vérité dont il est question.
Mais encore une fois, ce n'est pas là la découverte d'une
connaissance empirique, bien qu'elle soit aperçue dans le cours ou à l'occasion d'une expérience. Il n'y a pas en effet d'expérience
imaginable qui soit contraire à cette vérité : le tout est plus grand que la partie.
Pour l'espace et le temps, c'est un peu la même chose : nous ne découvrons les formes pures de l'intuition qu'
à l'occasion de l'intuition des objets (sens externe) ou de notre vie psychique (sens interne). Du reste celles-ci (les formes) et celles-là (les intuitions déterminées), ne sont séparables qu'en pensée. Car naturellement, dans l'expérience nous ne rencontrons que du divers spatio-temporel
déterminé. Mais ce divers est toujours et universellement
informé par l'espace et le temps. C'est la réflexion sur cette expérience qui nous fait apercevoir les formes dans lesquelles nous intuitionnons. Or cette réflexion, le nouveau-né ne la fait pas, ni même la plupart des hommes si l'on s'en rapporte à la résistance qu'a rencontrée la doctrine des formes de l'intuition depuis qu'elle a été proposée par Kant.
Pour finir, et pour résumer mon propos, il faut se référer au commencement de l'introduction de la Critique qui stipule que si toute connaissance
commence avec l'expérience elle n'en
provient pas toute. (je cite de mémoire) Cette différence entre l'
origine d'une connaissance et son
fondement est essentielle si l'on ne veut pas faire de contresens sur le philosophie Kantienne de la Connaissance.
Bien à vous.