Silentio, j'aime bien ce que vous dites et suis en accord avec la presque totalité... sauf un point qui me pose un vrai problème.
Vous dites que "penser c'est créer une ouverture, une brèche" ; or en même temps, vous semblez souscrire à l'idée (deleuzienne) qu'on ne pense quelque part que "forcé". Dans un sens, ça voudrait dire que la brèche, elle est déjà là.Ensuite il y aurait - si je vous comprends bien - une différence entre ceux qui feraient le job et ceux qui l'abandonneraient en cours de route, voire ne le commenceraient jamais réellement. Là où je me noie avec mon incompréhension sur l'absence de "curiosité, persévérance, intérêt, intelligence, imagination" ; vous parlez de "lâcheté, de fainéantise". À ça je ne peux souscrire.
Mais reprenons. Le voyou comme le philosophe ont chacun une représentation du monde qu'ils considèrent l'un et l'autre cohérente, suffisamment en tous cas pour y trouver une place et un peu d'espace pour s'y mouvoir. Ils sont liés l'un comme l'autre à tout au moins un sentiment de cohérence que leur vision du monde leur procure (c'est pourquoi je parlais de la difficulté d'abandonner quelque chose sans contrepartie). Ses pires lâchetés, le voyou les justifiera toujours et il y croira toujours au moins un peu. Si l'on attaque la représentation de l'un comme de l'autre, c'est à ce sentiment de cohérence qu'on s'attaque et donc quelque part à eux-même. Il y a un rapport de l'ordre de l'identitaire entre leur représentation du monde et eux-même. La différence que je vois, c'est que le philosophe est supposé refuser qu'une cohérence interne puisse à elle seule valoir sens, tenir lieu de sens. Dans cette optique, ne peut-on pas considérer que le voyou investit plus que le philosophe dans sa représentation du monde ? Et par là qu'il se trouve lui-même bloqué dans ses possibilités de remise en question des choses, dans les brèches de réflexion que le surgissement d'un problème pourrait lui ouvrir ? Comme si c'était la possibilité de sens qui menaçait de s'effondrer ; comme si c'était la structure même de sa représentation et la place que le sens y occupe qui l'empêchait de penser, qui le bloquait, l'enfermait (peut-être que c'est ça, le problème de la bêtise, au fond).
Alors il devient difficile de prétendre que le philosophe ferait plus que ça un effort dont d'autres seraient incapables... que penser serait si difficile que ça, pour qui en a les aptitudes. Peut-être vaudrait-il mieux parler du danger de penser que de sa difficulté, car quand le monde devient ouvert à toute sorte d'inconnues, il risque de se complexifier d'autant, jusqu'à nous enfermer sans plus d'espace suffisant pour s'y mouvoir.Peut-être que la complexité est plus dans l'abstraction d'un monde de plus en plus insensé. Peut-être que l'effort est plus de l'ordre de l'énergie nécessaire pour s'en déconditionner, pour dénouer ce sac de nœuds. Clarifier est donc un impératif premier (démocratiser donc).
Vous dites que "penser c'est créer une ouverture, une brèche" ; or en même temps, vous semblez souscrire à l'idée (deleuzienne) qu'on ne pense quelque part que "forcé". Dans un sens, ça voudrait dire que la brèche, elle est déjà là.Ensuite il y aurait - si je vous comprends bien - une différence entre ceux qui feraient le job et ceux qui l'abandonneraient en cours de route, voire ne le commenceraient jamais réellement. Là où je me noie avec mon incompréhension sur l'absence de "curiosité, persévérance, intérêt, intelligence, imagination" ; vous parlez de "lâcheté, de fainéantise". À ça je ne peux souscrire.
Mais reprenons. Le voyou comme le philosophe ont chacun une représentation du monde qu'ils considèrent l'un et l'autre cohérente, suffisamment en tous cas pour y trouver une place et un peu d'espace pour s'y mouvoir. Ils sont liés l'un comme l'autre à tout au moins un sentiment de cohérence que leur vision du monde leur procure (c'est pourquoi je parlais de la difficulté d'abandonner quelque chose sans contrepartie). Ses pires lâchetés, le voyou les justifiera toujours et il y croira toujours au moins un peu. Si l'on attaque la représentation de l'un comme de l'autre, c'est à ce sentiment de cohérence qu'on s'attaque et donc quelque part à eux-même. Il y a un rapport de l'ordre de l'identitaire entre leur représentation du monde et eux-même. La différence que je vois, c'est que le philosophe est supposé refuser qu'une cohérence interne puisse à elle seule valoir sens, tenir lieu de sens. Dans cette optique, ne peut-on pas considérer que le voyou investit plus que le philosophe dans sa représentation du monde ? Et par là qu'il se trouve lui-même bloqué dans ses possibilités de remise en question des choses, dans les brèches de réflexion que le surgissement d'un problème pourrait lui ouvrir ? Comme si c'était la possibilité de sens qui menaçait de s'effondrer ; comme si c'était la structure même de sa représentation et la place que le sens y occupe qui l'empêchait de penser, qui le bloquait, l'enfermait (peut-être que c'est ça, le problème de la bêtise, au fond).
Alors il devient difficile de prétendre que le philosophe ferait plus que ça un effort dont d'autres seraient incapables... que penser serait si difficile que ça, pour qui en a les aptitudes. Peut-être vaudrait-il mieux parler du danger de penser que de sa difficulté, car quand le monde devient ouvert à toute sorte d'inconnues, il risque de se complexifier d'autant, jusqu'à nous enfermer sans plus d'espace suffisant pour s'y mouvoir.Peut-être que la complexité est plus dans l'abstraction d'un monde de plus en plus insensé. Peut-être que l'effort est plus de l'ordre de l'énergie nécessaire pour s'en déconditionner, pour dénouer ce sac de nœuds. Clarifier est donc un impératif premier (démocratiser donc).