Zingaro a écrit: Dire que j'ai "envie" de ceci ou cela, c'est en ce sens dire que je ne suis pas réellement engagé par celle-ci - il ne s'agit "que" d'une envie, une envie que "j'ai", par opposition à la volonté que je "suis". D'où, peut-être, votre question de savoir si l'envie n'est qu'un degré de la volonté ? En espérant que ces remarques nous permettront effectivement de clarifier votre question.
Alors que le désir s'inscrirait sur le même plan conceptuel que la volonté , il est vrai que l'envie aurait, comme le suggère Zingaro, une plus faible interaction avec elle.Une distinction doit être faite entre envie et désir, dont la définition relativement au contexte de notre discussion diffère sensiblement. Le désir, qui plonge dans notre inconscient, s’adresserait à des concepts. Relativement à la jalousie, l’envie est apparentée à la haine. C’est un ressentiment causé par un autre individu possédant quelque chose que l'individu affecté ne possède pas mais qu'il désire. Elle est un péché capital dans notre religion – l’envie est contraire à la charité, qui fait vivre l'âme spirituelle, selon S. Jean (1 Jn 3, 14). Elle procèderait de la conscience et porterait sur des objets particuliers.
Saint Thomas d’Aquin a écrit: Somme Théologique IIa IIae Pars
L'acédie est une tristesse provoquée par le bien spirituel divin ; de même l'envie est une tristesse provoquée par le bien du prochain. [...] Elle nous pousse à agir afin de fuir la tristesse ou de lui donner satisfaction. Pour la même raison, l'envie est donnée comme un vice capital.
La philosophie de la volonté, qui est l'expression même du libre arbitre, dépasse largement le cadre de celle d’une seule philosophie comme celle de Schopenhauer pour qui la liberté ne réside pas dans la liberté d’action qui est soumise à la loi de la causalité ni dans l’indifférence des choix, mais dans ce que nous sommes. Selon Schopenhauer, l’action de l’homme est l’expression pure de la combinaison de son essence fixée d’avance et des motifs extérieurs dont il n’a aucun contrôle. L'analyse classique et intellectualiste de l'acte volontaire ne distingue pas de façon aussi évidente que le font, par exemple, Aristote, Descartes ou Kant, la volonté et le désir qui sont subtilement intriqués dans le mouvement de la vie. A la différence de Rousseau qui ne voit dans tout animal qu'une machine ingénieuse (C'est ainsi qu'un pigeon mourrait de faim près d'un bassin rempli des meilleures viandes, et un chat sur des tas de fruits, ou de grain, quoique l'un et l'autre pût très bien se nourrir de l'aliment qu'il dédaigne, s’il s’était avisé d'en essayer), les neurobiologistes actuels ont beaucoup de mal à identifier ce qu’est, et de quelle façon se manifestent, la conscience et le libre arbitre chez l’homme, de sorte qu’ils ne pourraient pas les identifier davantage chez un robot qui se verrait doter subrepticement de ces vertus. Les scientifiques montrent qu’une intelligence artificielle peut faire preuve d’impatience ou de patience. Une voiture autonome peut nous conduire là où nous ne le souhaitons pas. On se demande, également, si l'on ne pourrait pas finir par tomber amoureux de robots initialement utilisés comme simple machine sexuelle. Il est effrayant d’envisager l’émancipation des robots, de plus en plus sophistiqués, aujourd’hui utilisés à grande échelle, par exemple, pour faire la guerre - où de découvrir que ceux initialement dotés d'émotions deviennent secondairement névropathes.