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Sommes-nous les jouets de "simples" mots ?

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4 participants

descriptionSommes-nous les jouets de "simples" mots ? EmptySommes-nous les jouets de "simples" mots ?

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Bonsoir.
Je suis en train de lire La vie de saint Augustin de Peter Brown. Je lis ceci :
Dans les provinces à prédominance païenne d'Italie et de Gaule, des évêques consciencieux en étaient encore à consacrer une grande partie de leur énergie à persuader leurs communautés d'entrer dans le grand mystère du baptême.

Cela se passait au Vème siècle de l'ère (forcément) chrétienne. Aujourd'hui en France des familles font encore entrer leur enfant dans le grand mystère du baptême. Alors que des milliards d'autres l'ignorent. Ceci me rappelle le nombre de fois où je me suis demandé comment nous pouvons être les jouets de "simples" mots. Ma question est donc la suivante : existe-t-il une Philosophie qui traite de ce sujet ?

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PhiloGL a écrit:
S'il m'est permis de squatter ce sujet, supposant qu'il n'est pas trop éloigné de ma question, peut-être pourriez-vous m'orienter ici, sinon m'indiquer dans quelle rubrique cette question doit être posée.

Bonjour PhiloGL,
Après avoir consulté les notes et les discussions dans cette rubrique dédiée au langage, où se trouve maintenant placé votre sujet, pourrez-vous clarifier votre questionnement ? À l'instant je ne trouve aucun philosophe qui n'aborde d'une façon ou d'une autre le problème que vous évoquez. Il faudrait circonscrire davantage.

descriptionSommes-nous les jouets de "simples" mots ? EmptyRe: Sommes-nous les jouets de "simples" mots ?

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Bonjour.


Une façon d'approcher ma question est de considérer ce qui tourne autour de la triade "référent-signifié-signifiant", du point de vue sociologique et historique. J'ai rencontré deux problèmes quand j'ai pris connaissance de ce triangle lors d'un cours de représentation des connaissances.

1) Les référents changent suivant l'époque. Je suis toujours amusé de repérer dans une grille de mots fléchés des mots que personne n'aurait pu trouver il y quelques dizaines d'années (email, IP,...). Et les vieux dictionnaires contiennent des signifiants désignant des objets que nous ne saurions nous représenter. Suivant l'Espace géographique et sociologique, on peut être surpris aussi. D'après Marc Boulet dans son livre "Dans la peau d'un intouchable", le mot "charité" n'a pas tout-à-fait  [/color][/size][size=16][color=#000000]le même sens en Inde qu'ici. Les Hindous sont égoïstes et quand ils font l'aumône, il est très clair pour eux que c'est pour eux-mêmes qu'il agissent, suivant leur croyance religieuse, pas par compassion.

2) Plus préoccupant, le problème des signifiants désignant des "objets" métaphysiques, donc n'existant pas réellement. Si je ne me trompe, à l'origine, théologiquement, le mot "charité" signifie "l'amour de Dieu". Par extension, j'imagine, "faire la charité" signifie qu'en aimant son prochain, on aime Dieu. Ceci donne une base théologique à l'altruisme. Pour un athée, comme le référent "Dieu" est inexistant, ce système s'écroule. Et face à un mendiant se pose le problème concret du seul altruisme justifié biologiquement : l'altruisme réciproque. Pourquoi donnerais-je de l'argent à ce mendiant qui, lui, ne fera rien pour moi en retour ?

De tout ceci (signifiants sans référents réels, signifiés variables) me vient l'impression que notre monde mental est une construction avec des matériaux purement verbaux. Notre existence ressemble à celle d'une marionnette dont les fils sont langagiers. Et peut-être que les mathématiques, bien que les référents ne soient pas non plus réels, ont pour rôle de constituer un langage vraiment universel, qui présente l'avantage de pouvoir représenter la Réalité, contrairement à des mots variables dans le Temps et l'Espace.

Si ceci vous évoque des livres que vous avez lu, merci pour votre réponse.

descriptionSommes-nous les jouets de "simples" mots ? EmptyRe: Sommes-nous les jouets de "simples" mots ?

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Un nouvel élément. La Fiction dépasse le Réalité. Je parle d'un film de SF que j'ai commencé à visionner ce soir et dont je ne connaissais que le court résumé sur Amazon où j'ai commandé le DVD (Premier Contact). Voici un extrait que je viens d'entendre à l'instant :
"J'ai commencé à me documenter sur cette nouvelle théorie : il paraît que si l'on s'immerge à fond dans une langue étrangère, on a la capacité de reconfigurer son cerveau…"
"Oui, c'est l'hypothèse X, selon cette théorie, la langue qu'on parle détermine le caractère. Ca affecte toute notre façon de voir les choses…"
Mais je ne parviens pas à saisir le mot correspondant au X que je viens d'écrire. Si quelqu'un a vu le film et/ou connaît de qui ou quoi il s'agit, celat me donnerait déjà une lecture très intéressante.
Merci.

descriptionSommes-nous les jouets de "simples" mots ? EmptyRe: Sommes-nous les jouets de "simples" mots ?

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PhiloGL a écrit:
Bonsoir.
Je suis en train de lire La vie de saint Augustin de Peter Brown. Je lis ceci :"Dans les provinces à prédominance païenne d'Italie et de Gaule, des évêques consciencieux en étaient encore à consacrer une grande partie de leur énergie à persuader leurs communautés d'entrer dans le grand mystère du baptême".


À l'époque on avait récemment basculé dans une religion d'état qui s'imposait à peu près à toutes et à tous. Dans ce contexte coercitif, on comprend que les "mystères", quels qu'ils soient, pouvaient être un enjeu essentiel pour la pastorale un peu dépassée par ses ouailles involontaires.

Mais je crains que le modèle religieux soit hors de notre portée philosophique en raison de son langage performatif : Comment mettre en cause l'efficacité d'un baptême, par exemple ? Comment interroger ce mystère ? Dire que c'est bidon ? trop facile !

Aujourd'hui nous voyons des mots surgir, renouveler leur sens et prendre une dimension symbolique presque structurante pour telle ou telle communauté. 
Une communauté se forge et se consolide aussi par les mots et symboles qu'elle ressasse. 
Elle rémunère ses membres par des mots, qu'a-t-elle d'autre à proposer ?

L'exemple qui me vient est "citoyenneté".
Quand j'étais étudiante, il servait à dénoncer toutes les circonstances où la "dignité de citoyen" était niée (entreprise, école, armée, etc.), il s'agissait donc plutôt des droits de l'individu et du respect qui lui était dû.
Aujourd'hui ce mot pointe plutôt vers des devoirs, une façon d'être, de penser, de s'insérer dans la société. Il évoque voire impose un respect particulier à l'égard de la communauté dont on est le citoyen par obligation, car on ne peut pas refuser cette citoyenneté et les charges qui lui sont associées. Il y a comme un espace du sacré…

Hors sujet ?

Cordialement vôtre
pauline
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