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La théorie sur la conscience de Dehaene en question

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PhiPhilo
BOUDOU
Zingaro
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Vangelis
Azyb
shub22
11 participants

descriptionLa théorie sur la conscience de Dehaene en question - Page 60 EmptyRe: La théorie sur la conscience de Dehaene en question

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Les modes analogiques ou numériques de réception des stimuli évoqués par clément dousset feraient-ils écho aux formes de pensée lente ou rapide (éclair) ?
 
Radmila Zygouris a écrit:
La pensée-éclair ou l'étincelle
https://www.radmila-zygouris.com/la-pensee-eclair-ou-letincelle/ 
Le rêve pour se transformer en récit emprunte le langage, il entre de ce fait dans le moyen de la communication lente.
Certains chercheurs font actuellement la différence entre deux types de mémoire : la mémoire analogique – qui serait une mémoire rapide, les images -, et une mémoire cognitive – qui serait une mémoire lente, discursive. Selon eux le rêve pourrait utiliser ces deux types de mémoire, mais essentiellement la mémoire analogique. Dans le récit du rêve, l’une et l’autre ne peuvent que s’unifier par la nécessité de la restitution de l’analogique en cognitif, c’est-à-dire discursif. Sauf certaines images de rêves qui restent inexplicables, probablement détentrices de condensations relevant de la pensée analogique, rapide. On dit : « je ne sais pas le décrire ». On devrait dire : je ne sais pas le « déplier ».

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Les modes analogiques ou numériques de réception des stimuli 


Il y a (au moins) deux sens possibles à "analogique".

Si "analogique" est l'antonyme de "numérique", alors aucun être vivant n'a de réception (vous faites bien de ne pas parler ici de "perception") numérique des stimuli. Seul un programme informatique peut traiter les sons, les images, voire les odeurs, les saveurs et les pressions tactiles de manière binaire, en les exprimant sous forme de bits. La vision biologique ne consiste pas à pixeliser des images, mais à mettre le vivant en relation globale avec le réel pertinent qui l'environne (y compris, d'ailleurs, avec le réel non visible mais audible, tactible, etc. cf. encore une fois l'exemple de la grenouille dans https://www.philosophie-portail.com/t3892-sur-la-distinction-problematique-entre-sensation-et-perception). De ce point du vue, donc, tous les être vivants perçoivent et se souviennent nécessairement de manière analogique (en particulier, il n'y a pas, chez eux, de "mémoire numérique").


Si maintenant "analogique" (associations spontanées) s'oppose à "inférentiel" (associations intentionnelles obéissant à des règles conscientes), alors et seulement alors, le texte que vous citez acquiert un sens (qui, d'ailleurs, n'est pas très clair en raison de la confusion entre "numérique", "cognitif" et "discursif"). Parler, en ce sens, de "mémoire analogique", c'est dire, effectivement, que des associations très rapides se font spontanément dans les fonctions cognitives de l'être vivant. C'est, typiquement, l'exemple de la mémoire proustienne : partir "à la recherche du temps perdu" n'est rien d'autre que partir à la recherche de ces associations spontanées "perdues", c'est-à-dire oubliées car passées et donc, tenter de les réactiver au moyen d'autres associations présentes. L'allusion au rêve est très intéressante parce que, comme Freud le souligne, le rêve est un procédé analogique (non-inférentiel) de condensation, de déplacement et de figuration des représentations. Certes, le récit du rêve (l'"élaboration secondaire" en termes freudiens) est une réorganisation, après coup et selon les règles qui régissent le langage, des associations spontanées qui l'ont constitué primitivement. Toutefois, Wittgenstein dit que le récit du rêve est un autre rêve que le rêve lui-même. C'est-à-dire que le procédé discursif employé pour le raconter n'est pas nécessairement inférentiel mais, au contraire, le plus souvent, fondé sur d'autres associations spontanées (associations proustiennes). Tout simplement parce que les règles qui régissent le langage nous demeurent, la plupart du temps, inconscientes. Autrement dit, "discursif" ne s'oppose pas à "analogique" (la langue chinoise, mais aussi toute poésie, sont très riches en associations analogiques). De même pour "cognitif" : le procédé d'association analogique a, pour les vivants, une fonction cognitive de la plus haute importance. C'est d'ailleurs ce qui explique sa grande rapidité d'exécution, laquelle procure un avantage adaptatif évident aux organismes qui en sont dotés.

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encore une fois la capacité de communiquer des informations pour les humains ne présage en rien de ce qui est communiqué, car il y a une différence spécifique entre l’intention et la motivation, par contre pour une machine informatique qui de toute façon ne "connaît" que des 1 et des 0 pour coder n'importe quelle information, (même avec une performation type Manchester différentiel), la machine n’enregistre (codage) et ne « manipule »(programme) que des rapports numériques, elle ne sait pas ce qu’est une fleur ou la guerre, autrement que comme une suite numérique « éclair »par tension électrique entre des bits…
 
C’est pourquoi il semblerait que dans votre phrase :"Les modes analogiques ou numériques de réception des stimuli évoqués par clément dousset feraient-ils écho aux formes de pensée lente ou rapide (éclair) ?"
 
Il y a déjà une extrapolation de signification du mot « analogique » et « numérique », entre la fonctionnalité d’une machine et celle de la perception sensible d’un corps, car par exemple, la réception d’informations par la vue est une saisie des nuances entre les diverses longueurs d’ondes de la lumière frappant tel ou tel objet, opérant une différence infime dans la réception de la rétine de l’œil, retransmis en tension au nerf optique et de celui-ci à certaines parties du cerveau, mais à la différence d’un codage numérique des circuits informatiques, l’image ne reste pas sous forme quantifiée analogiquement ou numériquement, mais elle est transcrite immédiatement par l’imaginaire qui « reforme » les qualités plus ou moins bien perçues de tel ou tel objet cela pour une raison bien simple c’est que la vue et l’œil comme lieu organique, ont été formé dans le sens le plus stricte, par la lumière et la diversité des objets…
 
 
C’est donc pourquoi une machine ne peut être consciente, car son origine n’est pas naturelle mais artificielle et que son rôle comme son fonctionnement seront toujours limités par ces composants, mais aussi par la conductivité dans son traitement des informations, et même si nous pensons à certaines expériences qui avec des fragments de brins d'ADN, l’on peut coder les différents niveaux de contraintes d'une recherche sous forme d'enzymes ou avec des protéines dans un labyrinthe de nanotubes (1), la fonctionnalité programmatique ne permettra à ces entités que de 1« percevoir  numériquement » les différences spécifiques codées par des capteurs, et aussi sensibles soient-ils, ils ne connaîtront la réalité qu’au travers de leur fonctionnement, c’est-à-dire par la numération causale de l’information, n’ayant pas d’autres finalités (aucune intention et motivation) que de suivre leur programme…
 
L’autonomie d’un ordinateur qu’il soit fait de composant électronique ou bioélectrique, restera limité par sa fonctionnalité artificielle, ce sera là sa seule « conscience », et reprenant une phrase célèbre : « la machine n’a pas pour but de remplacer l’homme, mais de lui apporter une autre utilisation de son savoir » alors évidemment si les humains réduisent leur vie singulière à un usage cyclique de l’information, les machines seront leurs vis à vis préférentiels car d’avoir perdu sa finalité naturelle, l’humanité sera elle aussi limitée par un programme…
 
 
De plus pour le passage de Radmila Zygouris que vous citez, il y a aussi une confusion entre analogique et cognitif, et comme je viens de lire ce qu’en dit brillamment PhiPhilo, je n’ajouterais rien de plus pour le moment…
 
1) L’ordinateur biologique, l’ordinateur de demain ? | by MTI Review | Medium

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PhiPhilo a écrit:
tous les êtres vivants perçoivent et se souviennent nécessairement de manière analogique

Analogique : qu’il s’agisse de « l’attention en égal suspens » on de « l’attention intentionnelle » (sélective) ? Quelle relation peut-on faire entre la pensée non discursive et cette perception/mémorisation analogique ?

Zeugme a écrit:
une machine informatique de toute façon ne "connaît" que des 1 et des 0 pour coder n'importe quelle information

Pourquoi ne citez-vous pas les ordinateurs/calculateurs analogiques ? Que peut-on en penser ?
Analog computer  Neurone calculateur analogue   Synapse artificielle  Neurone artificiel

Où se situe le mieux notre fil de discussion dans la bibliographie donnée, par exemple, par PhilPapers ?

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Analogique : qu’il s’agisse de « l’attention en égal suspens » on de « l’attention intentionnelle » (sélective) ? 


Je ne comprends pas la question.

Quelle relation peut-on faire entre la pensée non discursive et cette perception/mémorisation analogique ?


Il y a tout Proust pour répondre à cette question. Dans l'Enjeu Éthique de la Littérature, j'écrivais que 

seul le hasard des rencontres est à même d'établir cette relation, pourtant si essentielle, entre le temps présent mais perdu et donc sans valeur (l'expérience d'une dalle, d'une serviette, d'une madeleine) et le temps passé retrouvé et valorisé et, donc, constitutif d'une connaissance de soi comme sujet métaphysique. Valorisé par quoi, dira-t-on, si la mémoire volontaire ne nous est, en l'occurrence, d'aucun secours ? Eh bien par le hasard d'une autre rencontre, avec ce que Deleuze appelle un "signe". Lorsque le Narrateur, dans Sodome et Gomorrhe, en laçant sa bottine, pense brusquement à sa grand-mère récemment disparue, qu'est-ce qui donne de la valeur à ce banal fait de la vie quotidienne ? C'est le fait qu'un simple objet usuel (une bottine) fasse spontanément surgir à la mémoire du sujet un tel flot de souvenirs qui le replongent dans son propre passé, donc dans son être possible, qui joue le rôle de signe, qui est en fait un signal, mais un signal de circonstance, non biologiquement institué. Ce qui explique que l'être ainsi signifié soit simplement possible. Car si l'attitude éthique doit consister, in fine, à prendre conscience de soi, alors cette connaissance est irrémédiablement suspendue à la fois au hasard des rencontres de la vie quotidienne, à l'improbabilité des rencontres avec les signes et, bien entendu, à la fragilité de l'interprétation subjective de "l'impression, si chétive qu'en semble la matière, si invraisemblable la trace, [comme] critérium de vérité et [qui] à cause de cela mérite seule d'être appréhendée par l'esprit"(Proust, le Temps Retrouvé, 2273) qui s'ensuivra. D'où, quatrième et dernier problème, si, comme c'est le cas pour le Narrateur de la Recherche, nous n'avons accès, dans le meilleur des cas, qu'à une connaissance subjective et aléatoire de nous-même, combien plus improbable doit être cette prise de conscience lorsqu'elle dépend, en plus, d'un hasard supplémentaire, celui de la représentation littéraire de situations contrefactuelles susceptibles de réactiver en nous des souvenirs latents. Eh bien non, nous dit Proust, c'est le contraire qui se produit. Car, pour lui, la raison d'être et donc l'enjeu éthique de l'art en général, c'est justement de concentrer le hasard, d'augmenter la probabilité de telles rencontres.



Je vous invite à lire la suite dans l'article cité ainsi que, sur le même sujet, Éthique, Identité Narrative et Conscience de soi.

Pourquoi ne citez-vous pas les ordinateurs/calculateurs analogiques ? Que peut-on en penser ?


Il n'y a pas d'"ordinateurs analogiques". Pas plus que d'"intelligence artificielle". L'analogie est un processus intelligent, c'est-à-dire non seulement naturel, mais, plus encore, nécessairement biologique en ce qu'il suppose sensibilité perceptive et intériorité à la fois auto-créative et auto-défensive (ce que Varela appelle l'"auto-poïèse"). Ce dont, par définition, sont dépourvues les machines.

Où se situe le mieux notre fil de discussion dans la bibliographie donnée, par exemple, par PhilPapers ?


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