dans le monde physique que nous partageons tous la séparation que nous faisons entre quantité et qualité est une distinction de raison, soit par la conceptualisation spécifique du langage soit par une opération de transcription de notre sensibilité dans les nouveaux rapports entre plusieurs moments de contacts avec le réel, c'est ce qu'Aristote nommait, sensibles communs issus des sensibles propres (les cinq sens), la notion de qualia est une transcription symbolisée d'un contact qui se trouve donc dans cette zone somatique de transduction de l'information sensible où la répartition de l'information acquière un nouveau statut autonome, ce pourquoi il est vu comme séparé de toute quantification, car rendu à l'unité...
Aparté : pour s'appuyer sur un texte, puisque il est d'usage de concrétiser sa pensée par une référence que tous peuvent admettre comme validation du savoir collectif, bien que cet usage soit aussi restrictif qu’aléatoire, car si par la référence il y a déductivement une inférence constitutif dans le discours proposé, cela n’engage en rien sur la validation du rapport qui est proposé dans le choix de ces références, d’où la distinction fondamentale en l’intention et l motivation que nous avons tous à prendre en compte sitôt que nous publions un post…fin d’aparté
Donc voici un passage annoté entre crochets du Περὶ Ψυχῆς peri psychès d’Aristote.
LIVRE II: L'ÂME, LES SENS ET LES SENSATIONS.
Chapitre 6: Les objets des sens.
1. Dans l’étude de chaque sens, il faut traiter d’abord des sensibles. "Le sensible" désigne trois espèces d’objets: deux de ces espèces sont, disons-nous, perceptibles par soi, tandis que la troisième l’est par accident.
2. Des deux premières espèces, l’une est le sensible propre à chaque sens, et l’autre, le sensible commun à tous. [c’est une désignation du contact sensible dû à la singularisation du corps dont on peut parler, car étant isolé comme concept, la sensation devient communicable] J’entends par sensible propre celui qui ne peut être senti par un autre sens et au sujet duquel il est impossible de se tromper: par exemple, la vue est sens de la couleur, l’ouïe, du son, et le goût, de la saveur. Le toucher, lui, a pour objet plusieurs différences. Mais chaque sens, du moins, juge de ses sensibles propres et ne se trompe pas sur le fait même de la couleur ou du son, [à part dans les cas de synesthésie mais alors ce n’est plus l’usage commun des sens qui est regardé] mais seulement sur la nature et le lieu de l’objet coloré, ou sur la nature et le lieu de l’objet sonore. Tels sont donc les sensibles qu’on dit être propres à chaque sens.
3. Les sensibles communs sont le mouvement, le repos, le nombre, la figure, la grandeur; car les sensibles de ce genre ne sont propres à aucun sens, mais sont communs à tous. [notons que se sont des notions quantitatives, donc des unités de mesures issues de la temporalisation (durée limitative de la conscience dans la sensation)] . C’est ainsi qu’un mouvement déterminé est sensible tant au toucher qu’à la vue.[dans cette distinction l’auteur propose que ce qui rend commun la sensibilité, c’est ce que chaque sens partage en extension commune à sa nature singulière,, qui est une disposition uniquement qualitative, une mesure quantifiabilisé par son devenir]
4. On dit qu’il y a sensible par accident si, par exemple, on perçoit le blanc comme étant le fils de Diarès. C’est par accident, en effet, que l’on perçoit ce dernier, parce qu’au blanc est accidentellement uni l’objet senti. C’est pourquoi aussi, le sujet sentant ne subit aucune passion de la part de ce sensible en tant que tel.[mais cela n’implique pas que les accidents de la matière ne soit pas unis dans une composition singulière et organisée, telle que la saisi que nous en avons ne soit pas elle aussi singulière et organisé, car la dynamique de la sensibilité suit la dynamique des corps habituellement en contact avec lui et lui procure une connaissance à peu près stable du réel, ce n’est qu’avec des machines, des lunettes au microscope électronique que la conscience du réel se trouve redirigée vers d’autres acception du réel, mais ces dernières ne suppriment pas le statut d’authenticité des saisies sensibles directes du corps ]
5. De plus, des deux espèces de sensibles par soi, ce sont les sensibles propres qui sont des sensibles proprement dits, et c’est à eux qu’est adaptée naturellement la substance de chaque sens.[l’auteur entend que chaque organe est spécifiquement formé par une dimension physique du réel, ainsi l’œil par la lumière et le mouvement des objets, l’ouïe par le son et la pression atmosphérique, le goût par les espèces saporifiques et sialagogues (donc pas uniquement la nourriture ou la boisson), l’odorat par la diffusion naturelle des aérosols, le touché par la délimitation structurelle des corps par le lieu,. Dans cette répartition spécifique de la matière, la saisie qualitative est évidente pour opérer une singularisation de l’instant de la saisie, car pour que l’autonomie d’un corps vivant soit effectif, sa situation en conscience du réel est a réactualiser continuellement, c’est donc ce que propose la notion de qualia, une temporalisation de l’instant d’une saisie vitale qualitative du réel par un corps]
Chapitre 7: Le sens de la vue et son objet.
6. L’objet de la vue, c’est le visible. Or le visible est, en premier lieu, la couleur,[dimension des contrastes] et, en second lieu, une espèce d’objet qu’il est possible de décrire par le discours,[possible mais non-exigé car ce n’est pas par apodicité que le corps sensible « travail »c’est-à-dire transforme quelque chose du réel en sensations, mais en recherche de sa stabilité et de son autonomie, ce qui est son vrai travail en fait produire de la conscience, le discours sur le sentiment vient toujours après ou pas du tout ] mais qui, en fait, n’a pas de nom [pas de nom, car distinguer la qualité de l’acte de perception n’incombe pas au travail du corps] ce que nous disons là deviendra clair surtout par la suite. Le visible, en effet, est couleur et la couleur, c’est ce qui est à la surface du visible par soi et quand je dis "par soi ", j’entends non pas ce qui est visible par son essence, mais ce qui est visible parce qu’il contient en lui-même la cause de sa visibilité, Toute couleur a en elle le pouvoir de mettre en mouvement le diaphane en acte, et ce pouvoir constitue sa nature C’est pourquoi la couleur n’est pas visible sans le secours de la lumière, et c’est seulement dans la lumière que la couleur de tout objet est perçue. Aussi est-ce de la lumière qu’il faut d’abord expliquer la nature.[tout comme pour chaque sens c’est à partir de ce qui procure au contact sa qualification que d’une certaine manière l’acte est possible, en extrayant une certaine quantité temporelle du continu de la sensation, sitôt qu’il n’y a plus contact, la sensation se retrouve en présence d’une qualité sans quantité (qualia) et qui est comme l’empreinte d’un moment passé]
7. Il y a donc du diaphane. Et par diaphane, j’entends ce qui, bien que visible, n’est pas visible par soi, à proprement parler, mais à l’aide d’une couleur étrangère: tels sont l’air, l’eau et un grand nombre de corps solides Car ce n’est ni en tant qu’eau, ni en tant qu’air qu’ils sont diaphanes, mais parce que, dans l’un comme dans l’autre élément, se trouve contenue une même nature, laquelle est aussi présente dans le corps éternel situé dans la région supérieure de l’Univers. [vision atomiste d’Aristote sur le principe de causalité cosmique du macrocosme dans le microcosme, voir le traité du ciel] La lumière est l’acte de cette substance, du diaphane en tant que diaphane, [le diaphane comme répartition de la matière trouve « sa place » par la lumière car en dehors de toute perception, le lien de causalité entre la qualité et la quantité d’un corps est un passage de la puissance à l’acte] et là où le diaphane est présent seulement en puissance, là aussi existe l’obscurité. La lumière, elle, est comme la couleur du diaphane, quand le diaphane est réalisé en entéléchie[c’est-à-dire quand: en tant que puissance il a sa propre fin en acte, autre définition du « qualia »] sous l’action du feu ou de quelque chose qui ressemble au corps situé dans la région supérieure, car à cette dernière substance appartient aussi un attribut qui est un et identique avec celui du feu.[la qualité du feu que nous nommons lumière, quant à ce que notre sensibilité en perçoit par l’œil est aussi chaleur en ce que notre touché épidermique ressent, mais l’unité des deux n’est pas pour nous une évidence à chaque fois, car l’on peut percevoir de la lumière sans ressentir de la chaleur et inversement aussi, c’est dire aussi que par qualia, il faut entendre une séparation que seule la conscience sensible admet, et encore avec cette difficulté de rendre compte de son impact réel sur la vitalité de la conscience]
8. Nous venons ainsi d’indiquer la nature du diaphane et celle de la lumière: à savoir, que la lumière n’est ni du feu, ni, en général, un corps, ni une émanation d’aucun corps (car, même ainsi, elle serait une sorte de corps), mais qu’elle est, en réalité, la présence du feu ou de quelque chose de ce genre, dans le diaphane: car il n’est pas possible que deux corps coexistent dans le même lieu.[là s’ouvre la question de la qualité propre de la lumière dans l’évolutivité consciente du corps humain]