Zeugme a écrit:salutation à vous clément dousset,
quant vous écrivez : "Vous évoquez le caractère non-scientifique de ma démarche. Sans doute l’est-elle. Et tel aussi est mon discours. J’ai suivi avec une distance amusée les polémiques qui ont éclaté ici sur le caractère scientifique, scientiste ou philosophique des discours des uns ou des autres. Le mien entend être clair, argumenté et pertinent. Et c’est tout." n'y a-t-il pas une distanciation entre l'ambition de commencer à expliquer ce qu'est la conscience et la modalité de votre expression qui selon vous n'est pas scientifique ni philosophique ?
je sais que vous avez dû déjà vous exprimer sur cette particularité de votre recherche, mais par l'application à entreprendre de communiquer une recherche, l'on est naturellement conduit à choisir un mode d'évaluation que les autres personnes peuvent aussi comprendre, de ce point de vue : "L'hypothèse moduliste lie une modulation locale du champ magnétique, celui qui est interne à un organisme susceptible d'être conscient à un ressenti phénoménal" résout-il toute la question de la perception sensito-affective ?
bien d'autres courants de pensées se sont aussi intéressés à la localisation de la singularité des éléments qualitatifs de la vie, et cela dans des époques et des cultures très diverses, mais si elles établir que la conscience est toujours au sommet d'une pyramide de contacts diversifiés du corps vivant humain avec "la cosmos", elle lui octroi aussi dans cette diversité, une forme d'autonomie préférentielle (que le choix par exemple explicite) dans son évolution, ce que je ne retrouve pas dans votre explication allant plutôt vers un déterminisme vitaliste fort...(voir école vitaliste de Montpellier de Théophile de Bordeu et de Paul-Joseph Barthez et les applications de Franz Anton Mesmer héritier de Paracelse et de Jean-Baptiste Van Helmont)
Bonjour Zeugme,
Pour être bien clair, la distanciation dont je parle est celle vis-à-vis de polémiques que l’on trouve ici sur les caractéristiques d’une démarche et d’un type de discours. Mais, pour le reste, je pars d’un ouvrage se présentant comme un essai scientifique : « Le code la conscience » qui développe une hypothèse, celle de l’espace de travail global. Cette hypothèse prétend rendre compte d’un fonctionnement particulier du cerveau qui engendrerait les contenus de conscience. Dans la mesure où Dehaene justifie ses vues par un ensemble de constatations et d’expériences, on peut dire qu’il entend donner à son hypothèse la valeur d’une explication scientifique. Si moi ou d’autres critiquons cette hypothèse, on se place forcément soit sur un plan philosophique, soit sur un plan scientifique.
On se placerait directement sur un plan scientifique si l’on disait que les expériences auxquelles il fait allusion ne sont pas concluantes, ou sont insuffisantes, voire carrément manquantes. On se place sur un plan philosophique si l’on dit que l’objet de sa recherche, « la conscience » est mal cerné ou mal conçu et que les preuves expérimentales qu’il donne se rapportent à un aspect de cet objet qui n’en est pas essentiellement constitutif. Il est évident que, dans la première partie de mon article en exergue, j’évoque l’aspect scientifique du traité en en soulignant le caractère substantiel. Dans la seconde partie c’est sur un plan philosophique que je me situe pour souligner le manque de pertinence d’une démarche ignorant tout l’aspect affectif interne à la conscience et donc la réalité de la conscience elle-même.
Il est vrai que, dans ce forum, je ne me contente pas de critiquer (au sens 1 de Robert : analyser, examiner un ouvrage pour en faire ressortir les qualités et les défauts ) le Code de la conscience, j’émets une hypothèse sur le mécanisme biochimique et microphysique qui engendrerait la substance psychique à la base de la conscience. À partir du moment où je l’émets, mon hypothèse est bien sûre candidate à devenir une explication scientifique. Il suffirait d’en montrer de façon incontestable la validité.
Savoir si l’hypothèse moduliste résout toute la question de « la perception sensito-affective » est une interrogation à laquelle je ne m’aventurerai pas à apporter de réponse a priori. Je me contenterai seulement d’examiner les objections que l’on pourrait faire à une telle conception.
Je ne pense pas que mon explication de la genèse de la conscience puisse s’intégrer à la théorie que l’on appelle vitaliste. Celle-ci considère que la vie et seulement la vie est une nécessité logique incluse dans l’évolution de la matière. Moi je pense que c’est l’apparition de la conscience sensible qui est incluse dans les lois de la matière. Vous me direz que c’est la même chose. Pas forcément. Non que je pense que la conscience pourrait apparaître hors d’organismes vivants. Non même que je pense que l’évolution du vivant aurait pu ne jamais faire apparaître la conscience. Je pense seulement que les deux processus générateurs sont de nature différente. L’apparition de la conscience dépendrait de la coexistence et des rapports particuliers qu’entretiennent les forces fondamentales (gravitationnelle, magnétique, nucléaire faible, nucléaire forte ), ce qui ne serait pas a priori une condition de l’apparition de la vie. Je me refuse à croire que la vie végétale même dans ses développements les plus poussés puisse laisser place à l’émergence de la conscience sensible. Mais je n’entrerai pas plus avant dans ces considérations. L’objet qui me préoccupe est déjà si vaste…
Il existe quantité d’hypothèses sur l’apparition de la conscience sensible et donc sur les phénomènes qui la rendent possible. Préciser mon hypothèse et envisager les voies par lesquelles on peut trouver le moyen de la justifier est une tâche suffisamment lourde et je ne voudrais pas qu’on m’en veuille de négliger des hypothèses différentes. Elles ont d’ailleurs pour la plupart nombre de défenseurs.
Si les forums sont en général un lieu de confrontation, ils peuvent être aussi bien un lieu d’entraide. Je l’ai dit à plusieurs reprises, je cherche avant tout la collaboration de ceux qui ont trouvé quelque intérêt à mes vues au moins en ce qu’elles s’opposent à la conception erronée de Dehaene soutenue par tout ce qui est institutionnel dans ce pays. Je suis abonné à la liste de publications de l’institut Nicot. Il m’en arrive plus de 3000 par semaines, pour la plupart rédigées en anglais. Peut-être y en a-t-il à chaque fois quelques unes qu’il me faudrait connaître pour préciser, voire corriger mes vues. Toute assistance me serait bienvenue.
Plusieurs de mes messages insistent sur le caractère simple et limité de mes hypothèses. Il y a une richesse évidemment considérable de l’expérience consciente, de ses virtualités aussi dont je ne prétends pas, dont je n’ai jamais prétendu expliquer la genèse. Ce sont les aspects les plus frustes, les plus élémentaires de la conscience qui sont le sujet premier de mes préoccupations. Comprendre le psychisme du nématode est le seul but que j’estime à ma portée. Rien ne s’oppose cependant à ce qu’en faisant cela, je m’approche de la compréhension de votre conscience et de la mienne...
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