friedrich crap a écrit: Si vous parlez du Keats qui dit en poète : "la vérité est la beauté, la beauté est la vérité. C'est tout il n'y a rien d'autre à dire", c'est magnifique, mais d'un point de vue philosophique, c'est trompeur.
C'est philosophiquement trompeur si le philosophe oublie que Keats est poète et qu'il parle comme tel (mais Keats n'est pas loin, dans certaines de ses œuvres, de platoniser, pour sauver la beauté). Or, comme la plupart des philosophes disent beaucoup d'âneries sur l'art, qu'ils ne peuvent s'empêcher d'intellectualiser à outrance, même quand ils en disent des choses pertinentes... C'est une des raisons qui poussèrent Anatole France à se tenir éloigné de la philosophie ; l'art, c'est la limite du philosophe, c'est l'anti-concept. Ce n'est pas un hasard si Bonnefoy intitula une de ses premières œuvres
Anti-Platon :
les "choses d'ici" pèsent "plus lourd dans la tête de l'homme que les parfaites Idées
Dans
Du mouvement et de l'immobilité de Douve, ou encore
Le Tombeaux de Ravenne, comme dans tant d'autres de ses œuvres, il nous gare du défaut majeur des concepts, celui de nous détourner du réel, et de nous faire croire que le langage a un pouvoir qu'il n'a pas.
Il y a un mensonge du concept en général, qui donne à la pensée pour quitter la maison des choses le pouvoir des mots.
Mais c'est surtout dans
L'improbable qu'il a le mieux établi les frontières hors desquelles le concept n'a aucune espèce de validité.