France 2 a invité un avocat New Yorkais à 13h. C'est lui qui me paraît avoir donné la meilleure analyse ou information de la journée : le procureur risque tout simplement sa carrière, dans la mesure où nous en sommes à constater qu'il savait des choses que nous ne savons que six semaines après. En effet, outre les mensonges de N.D., la presse américaine déclare qu'elle aurait vu DSK deux fois avant de le reconnaître "officiellement" derrière le miroir sans tain. Cela irait dans le sens de ce que prétendait il y a 6 semaines un avocat, je n'ose plus dire du barreau de New York, interviewé par un journaliste français à qui il expliquait que la police a pour habitude de forcer la main des témoins pour les obliger à orienter les affaires faisant l'objet d'une enquête dans un sens ou dans l'autre.
Les avocats de la défense sont malins en ne se positionnant pas de façon frontale, c'est-à-dire en évitant de "vexer" le procureur et en lui donnant l'occasion de battre en retraite sur la pointe des pieds. J'insiste sur l'information qui ressort de l'audience : il est plus que probable qu'une audience ait lieu, à l'initiative de l'accusation elle-même, avant le 18 juillet, cette date n'étant qu'une date limite, pour lui donner le temps de trouver une porte de sortie qui ne soit pas humiliante et innocenter DSK.
L'affaire est grave, aussi grave pour le procureur et son équipe qu'elle l'était pour DSK : N.D. a admis avoir menti devant le grand jury. Or légalement, un témoin ayant commis un tel parjure aux USA ne pourra plus être témoin. Autrement dit, la justice américaine lui retire définitivement toute crédibilité judiciaire. A propos de quoi a-t-elle menti ? Nous ne saurons tout ça que plus tard. D'ores et déjà, il est aujourd'hui établi qu'elle a fait le ménage dans une autre chambre aussitôt après avoir terminé celle de DSK. Tout de même, comme la vie d'une femme devient impossible après le traumatisme d'un viol fictif ! Je ne connais guère de femme capable de poursuivre son travail immédiatement après avoir été violée. Quelle actrice ! On l'a trouvée prostrée, la pauvre. Sa vie est définitivement détruite, selon son avocat des grands airs, Kenneth Thompson, celui qui défend le pauvre contre le riche, le faible contre le puissant, le croisé du bien contre les infidèles du capitalisme.
Et dire qu'on entend des journalistes français aujourd'hui ergoter sur la question de savoir si la conversation téléphonique de N.D. avec le détenu, le lendemain du crime, ne révélerait pas une idée échafaudée a posteriori pour obtenir un maximum d'argent de DSK en le soumettant à la justice américaine ! Autant prétendre que la bande de crapules qu'on ne manquera pas de démasquer sont niaises au point de croire qu'on peut se servir de la justice américaine pour se livrer à une extorsion de fonds, un racket aux dimensions cosmiques. Tout montre qu'il y a préméditation.
Enfin, on a beau entendre l'accusation maintenir les chefs d'inculpation, le seul argument de la prétendue description que fait et que maintient N.D. de l'agression et du viol dont elle aurait été victime ne tient plus. Qui ne sait qu'un menteur emploie force détails pour faire la relation de ses aventures ? Elle aura probablement tendu un piège : elle s'est volontairement proposée à des confiseries sexuelles et puis, lorsque DSK a eu fini de dégorger le poireau, elle a mis en œuvre les leçons qu'on apprend auprès de l'Actor's Studio, pour refermer le piège sur la vraie victime, qui a dû être fort surprise (on prétend que DSK faisait une drôle de tête en quittant le Sophie-Tel, et qu'il s'est ouvert à sa fille, en mangeant avec elle, d'une aventure pour le moins curieuse qu'il venait de vivre).
Les Américains ont leur affaire d'Outreau. Ça leur apprendra à ne pas prendre pour argent comptant ce que quelqu'un peut dire et à envisager, peut-être, une réforme dans la procédure judiciaire, en imposant une confrontation directe entre un accusateur et un accusé.