Euterpe a écrit:j'ai lu ou entendu que l'instruction du dossier, le premier jour, a été faussée par la rapidité excessive de la tournure des événements. 30 heures seulement pour déférer DSK devant un juge. Presque du flagrant délit (comparution immédiate) ! Je suis d'autant plus ahuri qu'aucun fait n'est établi, puisque l'instruction est en cours.
C'est possible, car l'instruction est uniquement à charge, l'examen des arguments de la défense étant du ressort des avocats, principalement pour des raisons économiques, à ce que j'ai cru comprendre, la justice devant coûter le moins d'argent possible au contribuable américain. En France, les avocats ont très peu de pouvoir. D'un côté, je trouve que ce système est meilleur que le nôtre. Il nous aurait évité par exemple l'instruction ridicule menée par le juge Burgaud, qui, en véritable ayatollah, n'a jamais douté de la culpabilité de l'ensemble des accusés. Je dis d'un côté seulement, parce que pour qu'il fonctionne bien, il faut d'excellents avocats en face. Cela lui aurait évité, entre autres nombreuses dépenses inutiles, de faire entreprendre des fouilles parce qu'un des accusés, lassé des interrogatoires de ce juge, finissait par balancer n'importe quelle information pour avoir la paix.
C'est à mon avis parce que les Français sont frappés de l'inégalité en faveur de la victime supposée, qu'ils critiquent actuellement la justice américaine.
Bien plus que d'une opposition victime/coupable, les procès américains sont un match entre le procureur et le ou les avocats de la défense, pour des raisons électoralistes du côté du procureur, et de réputation du côté des avocats, un succès sur une affaire ingagnable faisant grimper leurs tarifs. La vérité, la morale ne comptent pas, contrairement à ce qui se passe chez nous. Un procès pénal qui aura vu un coupable acquitté, comme O.J. Simpson, grâce à l'habileté d'un avocat particulièrement retors et convaincant, serait qualifié de "parodie de justice" en France. Aux États-Unis, c'est un procès qui renforce l'appareil judiciaire.
De plus, les invités commettent à mon avis une erreur d'interprétation de la justice américaine quand ils affirment que les caméras installées dans les tribunaux donnent aux citoyens américains un moyen de contrôle.
Elles donnent avant tout de la publicité à la justice. Ce besoin de tout tourner en spectacle est très américain. Je me demande toutefois si les avocats de la défense ne peuvent pas s'opposer aux caméras, du moins aux images en direct. Il me semble que c'est ce qu'a demandé l'avocat de DSK au début de la dernière audience. Là aussi, je ne suis qu'à moitié convaincu par le huis clos français. Cela donne aux juges français, souvent odieux comme je l'ai entendu dire, un sentiment d'impunité et diminue d'autant le rôle des avocats. Cela dit, je serais davantage favorable à des comptes-rendus sténographiques diffusés dans les grands journaux nationaux qu'à des images.