Euterpe a écrit: friedrich crap a écrit: si je vous demandais de définir la philosophie de Nietzsche en quelques points clés (mettons une dizaine), comment feriez-vous pour produire 10 idées cohérentes entre elles chez Nietzsche ?
Si vous aimez les catalogues, libre à vous. Mais pas ici. C'est à vous de vous rendre compte qu'une telle proposition est inepte autant pour Nietzsche qu'elle le serait pour tout autre philosophe.
Je prétends de mon côté que ce n'est pas tant l'aspect ridicule et en effet en partie irrespectueux de ma proposition qui pose problème mais le fait que c'est irréalisable, non en raison du foisonnement de sa pensée mais parce qu'il n'y a pas ne serait-ce que cinq ou six grandes idées complémentaires qui ne finissent pas par se mordre la queue chez lui ! C'est tout de même vous qui m'avez mis Fouillée entre les mains ! Trouvez-vous que le travail de Fouillée soit malhonnête, imprécis, incomplet ? Lorsque vous dites que ma proposition est aussi ridicule pour Nietzsche que pour n'importe quel philosophe, je ne suis pas d'accord. D'abord parce que Nietzsche nous enseigne lui-même certaines formes d'irrespect, mais surtout parce que l'aphorisme est un mode de pensée qu'il revendique. (Vous pouviez remplacer 10 idées clés par 10 aphorismes si vous voulez : vous n'en trouveriez pas 10 non contradictoires qui puissent faire le tour ne serait-ce que de la moitié de son œuvre.) Nous connaissons la pensée d'Héraclite de cette manière : Trouvez-vous qu'il y ait beaucoup de contradictions dans la pensée d'Héraclite telle que nous la connaissons (vous savez le respect que Nietzsche avait pour Héraclite) ? Un Socrate se contredit-il souvent ? Et Spinoza et Leibniz ?
Non, je vous le dis avec le plus grand respect, vous avez été vexé parce que ma proposition représente une démarche que vous exécrez vis à vis d'un grand auteur. Je vous assure pourtant que je situais le problème sur un terrain strictement philosophique:" la philosophie de Nietzsche racontée aux enfants", cela ne m'intéresse pas. Je posais seulement sur la table la question suivante: " ce qui est grand dans la pensée de Nietzsche est-ce sa philosophie? ou autre chose ?
Si je vous dis : "Ce que Spinoza a cherché a montr
er dans l'
Éthique, c'est que le bonheur c'est la liberté au sens où il l'a définie lui-même comme étant la nécessité comprise", est-ce que cela vous empêcherait de continuer la discussion avec moi ? Est-ce que cela ne peut pas fournir une base pour une discussion ? C'est ce que je vous proposais d'essayer de faire avec Nietzsche pour amorcer la discussion, pa
s pour la clore. Mais si vous le voulez, prenons le problème à votre manière o
u à la manière de Fouillée à moins que vous concédiez que ce qui vous intéresse chez Nietzsche ne relève absolument pas de savoir si sa pensée
a un fond de cohérence ou non. Là au moins ce serait clair.
"Nietzsche tient plusieurs scénarios en même temps", il est l'un des seuls à pouvoir faire cela, la contradiction n'est pas grave et est même incontournable chez un tel penseur... Cela ne retire rien à la valeur de sa pensée, à sa force, à son inscription dans l'histoire du génie humain si vous voulez. Lisez moi bien : je dois énormément à cet auteur, je l'admire et il occupe une place de choix dans ma bibliothèque comme sur ma table de nuit (ce qui est plus important) mais plus j'avance en philosophie et plus la valeur réelle de sa pensée se ternit à mes yeux, c'est tout. Maintenant, sachez qu'à aucun moment Euterpe, je n'ai songé à vous prendre pour quelqu'un d'autre que pour un homme de culture. je suis tout simplement gêné à chaque fois que l'admiration pour un créateur empêche de dire ce que l'on pense (comment Nietzsche aurait-il mal pris qu'on essaie de lui démontrer l'incohérence de sa pensée ? Très mal et il n'aurait pas écouté jusqu'au bout).
Je pense à tous ces pseudo admirateurs de Mozart qui se prost
ernent devant 90% de son œuvre alors qu'il savait très bien lui-même ce qui était grand (et plus que grand) dans son œuvre et ce qui était de la soupe. Y a-t-il de la soupe (je veux dire de la bonne soupe) chez Nietzsche ? Mais je vous vois encore bondir dans votre fauteuil !