Neopilina a écrit: Je tiens juste à dire que les vrais psychopathes sont très rares, qu'ils fantasment, et que, comme le rappelle Silentio, ce sont des sujets qui n'éprouvent pas de Culpabilité.
Silentio a écrit: il réalise ses fantasmes
Il
réalise ses fantasmes. Autrement dit, il n'a
pas de fantasmes. Par définition, un fantasme
est inhibé ; par définition, un fantasme
est inhibiteur ; par définition, un fantasme
est inhibition. Mais par définition aussi, le fantasme est
tentation, laquelle porte avec elle le germe de l'inhibition et de la culpabilité, car la tentation est nécessairement confrontée au réel. Être tenté, qu'est-ce ? Juguler ce qu'on veut (désir) avec ce qu'on peut (réel) ; ce n'est donc pas passer à l'acte, mais calculer si oui ou non on peut passer à l'acte, et calculer à propos de quoi. Ce que DSK, par exemple, ne comprend pas. Quand vous êtes en présence d'une belle femme, vous pouvez tout à la fois produire du fantasme, et la saisir dans sa réalité. C'est cela qui permet de s'interdire ce qu'un DSK s'autorise. Pourquoi, parce que nous intégrons en une nanoseconde que cette femme est peut-être mariée, que nous ne la connaissons pas, que rien dans son comportement ne nous invite à dégorger notre poireau avec et sur elle. Être tenté, c'est s'interroger, c'est ne pas être sûr absolument, etc. C'est une opération cognitive qu'il importe de laisser se développer, voilà pourquoi les chapes immondes qu'imposent les machines à penser collectives sont dangereuses, car elles nous amputent en nous l'interdisant d'une sève et d'une activité naturelles et vitales : à un phénomène ouvert, prospectif et interrogateur, elles imposent des réponses phagocytaires et substitutives qui interdisent à chacun de devenir ce qu'il pourrait être sans peur et sans reproche. Quand ça fonctionne trop bien, vous avez des types qui ne sont pas eux-mêmes mais ce qu'on en a fait (de purs
ça ; voilà pourquoi il est difficile de les juger), et qui culpabilisent d'autant moins que leur tuteur (parti, syndicat, père, secte, etc.) est investi d'une autorité, d'un pouvoir et d'une légitimité qu'aucun homme, avec son petit fantasme, n'oserait endosser.
Ainsi, la remarque de friedrich crap est complètement fondée (vous ne rêvez pas crap, il se trouve que je suis bel et bien d'accord avec vous, voyez la force d'une objectivité que la fâcherie ne gâte pas ;) ). N'avoir aucun fantasme, c'est avoir eu la bénédiction divine, la suprême autorisation de faire ce qu'on veut, parce que ce qu'on veut, ce n'est pas ce qu'on veut, mais la volonté du réel, réel qui, pour être réel, vous le savez tous, a besoin qu'on l'aide parfois un petit peu à se réaliser (à devenir réel, donc). Vous comprendrez que ce réel-là, quand il tarde à venir, contrarie fort notre psychopathe :
friedrich crap a écrit: le psychopathe ne produit pas d'expression du refoulé car en un sens il ne refoule pas. Il peut produire du désir, de la pulsion, de l'envie, du projet, mais il ne désire pas des chimères, il ne désire pas des images de substitution : seul le réel peut le rassasier.
Ainsi, il n'y a pas de culpabilité avec le réel. Le fantasme seul permet de culpabiliser puisqu'il crée une distorsion et une tension ouverte entre ce qu'on désire et le réel. Lisez une biographie de Gide. Pas de fantasme, pas de surmoi.