friedrich crap a écrit:aristippe de cyrène a écrit:C'est surtout une contrainte à laquelle il se soumet, je vous l'ai déjà précisé.
Vous voulez dire que Nietzsche use de l'aphorisme pour s'imposer une contrainte ? Je ne suis pas sûr de bien comprendre. J'ai toujours pensé qu'il utilisait ce système d'écriture car cela convenait mieux à la manière dont il pratiquait la philosophie...
Je serais également reconnaissant à Euterpe s'il trouvait le temps de nous indiquer le passage de Nietzsche où il explique qu'il utilise l'aphorisme comme une contrainte... Je suis comme vous, Aristippe, je pense que Nietzsche utilise le style qui sert sa pensée. Il sait très bien ce qu'il fait.
En contrepoint à Fouillée, je vous conseille le livre de Patrick Wotling, Nietzsche et le problème de la civilisation. Je ne l'ai pas encore lu entièrement mais un chapitre au moins doit être consacré à cette question de l'écriture, de l'être-interprété et de l'aphorisme.
Je suis au livre troisième de l'ouvrage de Fouillée. Il donne envie de lire Guyau. Il cite un certain Blanqui à un moment, qui aurait les mêmes idées et expressions que Nietzsche avant ce dernier, mais duquel s'agit-il ? L'économiste libéral ou le révolutionnaire, ou de leur père ?
Par contre, si Fouillée est fin et convaincant, on peut se demander si son interprétation de la pensée de Nietzsche (avant l'interprétation critique) est bonne. Il semble avoir raison dans ses conclusions, mais seulement à partir de cette lecture précise des textes de Nietzsche. Or je remarque que si cette lecture est sérieuse et littérale il n'en demeure pas moins que la façon dont Fouillée lie les extraits entre eux en appelle à une reconstruction qui engage sa manière d'aborder Nietzsche et donc en quelque sorte de le trahir par certains côtés. Les contradictions que pointe Fouillée sont troublantes, et il nous montre non seulement un Nietzsche excessif (et parfois débile ?) mais aussi plus dur encore que le Nietzsche conservateur et guerrier que chaque lecteur attentif aura vu sous le Nietzsche libertaire (en ce sens, d'ailleurs, Fouillée ne fait pas dans l'originalité - quoique nous lui soyons postérieurs ! mais disons de manière rétrospective - en pointant la tension entre subversion et dureté chez l'allemand ; par ailleurs je ne sais pas si le reproche que lui fait Fouillée de ne pas être si original que ça est vraiment discréditant). On dirait que Fouillée nous montre Nietzsche sous un filtre défavorable et à charge, comme le reflet de ce qu'il refuse chez lui et qui lui semble odieux, avant même de s'attaquer à cette pensée.
Neopilina, c'est vrai que ce n'est pas parce que certaines idées sont partagées qu'elles sont saines. Elles sont acceptées par certains, elles ont leur rationalité et leur normalité, pour autant ce n'est pas la plupart des citoyens qui les entendent et les admettent.
Dernière édition par Silentio le Mar 26 Juil 2011 - 21:25, édité 1 fois