A Neopilina,
Dès lors, vous conviendrez qu'il y a un problème ; ce problème, c'est que prétendre cet homme taré, c'est le prétendre fou. Ne reste qu'une seule caractérisation : la normalité. C'est tout de même curieux comme ce mot fait peur. Des hommes normaux commettent des monstruosités depuis la nuit des temps. Et pourquoi diable des hommes normaux commettent-ils des monstruosités depuis la nuit des temps ? Parce qu'il n'y a jamais eu, qu'il n'y a et qu'il n'y aura jamais qu'un monstre : l'homme. Est-il possible, par conséquent, d'envisager la question en évitant le recours systématique à la morale, mais aussi à la psychologie, dont on ne se sert le plus souvent que comme de l'expédient d'une mauvaise substitution, et malvenue ; malvenue parce qu'en fait de psychologie, c'est un peu trop souvent de morale dissimulée ou qui ne dit pas son nom, qu'on parle en parlant de quelqu'un, surtout de celui qui nous révulse. Même la psychologie est un produit de la civilisation, et d'une civilisation fossilisée par sa morale. La psychologie n'est pas plus naturelle que la morale.
A friedrich crap,
A aristippe de cyrène,
Dernière édition par Euterpe le Mer 27 Juil 2011 - 17:55, édité 1 fois
Neopilina a écrit:Vous ne vous référez pas au sens étymologique, mais au premier des trois sens du mot, ce qui a pour effet de compliquer une chose très simple. Cet homme a fait ce qu'il a fait en se référant à des idées. Dire cela, c'est conforme à la définition du mot que vous avez choisie. Dès lors, pourquoi employer le mot, dont chacun sait que, malgré sa polysémie, on l'entend d'abord dans son sens péjoratif ? La démarche n'est pas claire. Or hier soir je vous ai demandé sur quoi vous pouviez étayer ce que vous dites. L'adjectif taré est aussi le participe passé du verbe tarer, dont le sens premier est, je cite le wiktionnaire :Cet homme n'est pas fou. Mais "taré" au sens étymologique du terme, certainement.
J'imagine que vous n'adopteriez pas spontanément le deuxième sens du verbe :1. Causer de la tare, du déchet ; gâter, corrompre.
L’humidité a taré ces marchandises, ces fruits.
Ni le sens figuré de la première définition :(Commerce) Peser un emballage ou un véhicule de transport, etc., alors qu'il est vide, avant d’y mettre une marchandise, pour pouvoir obtenir le poids net de cette marchandise, par différence entre les pesées.
Tarer un camion-remorque sur la bascule.
Puisque, avant le massacre, cet homme n'avait pas mauvaise réputation.(Figuré) Tarer la réputation de quelqu’un.
Dès lors, vous conviendrez qu'il y a un problème ; ce problème, c'est que prétendre cet homme taré, c'est le prétendre fou. Ne reste qu'une seule caractérisation : la normalité. C'est tout de même curieux comme ce mot fait peur. Des hommes normaux commettent des monstruosités depuis la nuit des temps. Et pourquoi diable des hommes normaux commettent-ils des monstruosités depuis la nuit des temps ? Parce qu'il n'y a jamais eu, qu'il n'y a et qu'il n'y aura jamais qu'un monstre : l'homme. Est-il possible, par conséquent, d'envisager la question en évitant le recours systématique à la morale, mais aussi à la psychologie, dont on ne se sert le plus souvent que comme de l'expédient d'une mauvaise substitution, et malvenue ; malvenue parce qu'en fait de psychologie, c'est un peu trop souvent de morale dissimulée ou qui ne dit pas son nom, qu'on parle en parlant de quelqu'un, surtout de celui qui nous révulse. Même la psychologie est un produit de la civilisation, et d'une civilisation fossilisée par sa morale. La psychologie n'est pas plus naturelle que la morale.
Neopilina a écrit:Sommes-nous en état de franchir les frontières de la circonspection, à ce jour, en matière de diagnostic et de carence affective ? J'en doute fort. Toutefois, concernant la question de l'autre, je souscris complètement à ce que vous dites, et qui devrait vous être un indice : quelle société s'ingénie-t-elle avec un entêtement suicidaire et pervers à repousser l'autre, à exorciser, non seulement la réalité, mais l'idée même de l'altérité ? Il n'y en a qu'une, et c'est la société occidentale. Le déni de l'altérité est la norme de l'Occident. La norme : il est normal que cet homme ait été rendu possible. Ils sont des milliers comme lui. Et la différence n'est pas dans le passage à l'acte, elle est dans les différences les plus banales entre des individus : l'un est plus déterminé que l'autre, l'un est moins paresseux que l'autre, l'un est moins organisé que l'autre. D'infimes différences. Pas plus ni moins que celles qui distinguent un élève surdoué fainéant et un élève laborieux premier de sa classe. Personne ne saura jamais que le fainéant est surdoué. Personne. De sorte qu'empiriquement, cela n'existe pas, cela n'a jamais existé. Il passe inaperçu, et devient pizzaiolo comme la plupart des surdoués rentrent dans le rang du quotidien. Notre norvégien est méticuleux : est-ce de la folie ? Il est organisé : est-ce de la folie ? Il sait ce qu'il veut : folie ? Il y a un coupable qui a toujours bon dos, à force de schizophrénie collective : la société occidentale. Les Papous cannibales sont-ils des fous, des pervers, des hommes mauvais ? Les indiens qui se paient le scalp d'un ennemi sont-ils des fous, des pervers, etc. ? Alors quoi, on mange une banane et on s'étonne qu'elle disparaisse ?C'est un diagnostic. Et la carence est manifestement affective. Il est complètement responsable de ses actes et il ne représente aucune difficulté pour la psychiatrie. L'idéologie a structuré sa haine et son délire. Il n'a pas tué des être humains mais des méchants, des ennemis (des travaillistes norvégiens, comme marxistes il y a mieux, ou pire, je ne sais pas trop). Dès le moment où l'Autre disparaît derrière une Etiquette, il y a danger, de tels processus, genèses, peuvent se produire.
Neopilina a écrit:On ne livre pas un prisonnier de guerre à la justice. Il est prisonnier jusqu'à la fin de la guerre, après quoi il est rendu à lui-même.pour le Soldat, c'est un Prisonnier de guerre, qui sera livré à la justice.
Neopilina a écrit:On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre. Nous refusons l'altérité, i. e. nous avons institué un état de guerre potentielle. Nous refusons l'altérité, i. e. nous avons décrété que tout le monde est un ennemi en puissance. Nous sommes les gloutons de la statistique et sommes prompts à nous émouvoir, chez nous, du chiffre et du vide (chiffre signifie vide en arabe...). Nous choisissons arbitrairement nos causes (le Tibet, Cuba, et toutes les confiseries bourgeoises), ne voyant pas que nous ne sommes que de vulgaires petits nazis incapables de nous rendre présents à l'esprit, ne serait-ce qu'une heure, les milliers de morts tchétchènes, bangladeshi, etc., etc., etc. Quand on se gargarise sans pudeur aucune d'égalitarisme, on devrait faire attention à l'égalité entre les monstruosités, et se montrer un peu plus attentif aux monstruosités qui se commettent chaque jour et qui n'offusquent personne.Mais vous savez tous aussi bien que moi que ça c'est la théorie. Ce qu'il a fait, ma colère, mon indignation, ma fureur, peuvent-ils justifier le fait que je l'abatte sur le champ ? Non. Et si je ne le fais pas, c'est d'abord pour moi, parce que si je le fais, je bascule de son coté. De la même façon, on rejettera la peine de mort. Mais la dite Envie était déjà là, constitutivement, sinon, je n'aurais pas eu... envie de le faire...
A friedrich crap,
friedrich crap a écrit:Il n'y a rien à comprendre, rien à entendre ni rien à répondre quand il n'y a pas de fond. Vous n'avez pas développé ce qui, pour lors, n'est qu'à l'état d'affirmation.Vous ne m'avez absolument pas ni compris, ni entendu ni répondu sur le fond
friedrich crap a écrit:En effet. C'est manifestement votre critère pour distinguer Nietzsche de tous les autres. C'est un peu léger, n'est-ce pas ? Et, puisque c'est un peu léger, et que nous ne sommes pas là seulement pour amuser la galerie, il serait plus qu'opportun de nous éclairer sur ce que vous entendez par vos contradictions.vous me renvoyez à la notion de contradiction !?
friedrich crap a écrit:Je maintiens qu'il n'y a pas de problématique. J'en attends toujours une.vous avez évité ma problématique en rejetant d'emblée qu'il puisse y en avoir une
friedrich crap a écrit:A chacune de vos interventions, j'ai droit à ce genre de remarques depuis hier soir. C'est infantilisant. Ce n'est pas une question d'autorité, le problème, c'est une question de méthode philosophique.vous me renvoyez avec les effets de manche d'un procureur général.
friedrich crap a écrit:Je ne vous accorderai pas cette faveur.Je serais également reconnaissant à Euterpe s'il trouvait le temps de nous indiquer le passage de Nietzsche où il explique qu'il utilise l'aphorisme comme une contrainte...
friedrich crap a écrit:Vous abondez dans un contresens. Fouillée n'avait que les œuvres alors disponibles, et on découvrait à peine Nietzsche. Or c'est un contresens manifeste que de dire que Nietzsche devrait proposer quelque chose en lieu et place de... Il n'y a pas de programme nietzschéen, ni d'utopie nietzschéenne. Cela eût été une pure inconséquence de sa part, puisque cela implique de renoncer à la question de la créativité du surhomme, du nouveau, qui ne s'anticipe pas.Fouillée insiste sur le fait que Nietzsche n'a rien à proposer en lieu et place des valeurs chrétiennes, et que même s'il touche juste dans son dégoût de la pitié, du mariage... rien ne permet de penser que dans la vie du Surhomme de Zarathoustra les jours seront meilleurs. J'abonde.
A aristippe de cyrène,
aristippe de cyrène a écrit:Spinoza est philosophe.Nietzsche est un philosophe, sa pensée respire l'homme, alors que Spinoza et Leibniz font et construisent de la philosophie.
aristippe de cyrène a écrit:Ai-je dit quelque part que son but est de s'imposer une contrainte ? Non. Tout ce que j'ai dit est dans ce que j'ai dit. Le foisonnement de sa pensée incessante, c'est cela, la contrainte, qui l'a évidemment amené à choisir l'aphorisme, aphorisme qui est devenu sa langue naturelle, pour ainsi dire. L'aphorisme lui permet de donner toute son intensité à une pensée en la raccourcissant, non pour la résumer ou la réduire, mais parce qu'il pense tout le temps et qu'aucun secrétaire ne saurait retranscrire ce qui équivaut à une logorrhée. Il faut une respiration à la pensée comme il faut des blancs entre les mots.Vous voulez dire que Nietzsche use de l'aphorisme pour s'imposer une contrainte ?
Dernière édition par Euterpe le Mer 27 Juil 2011 - 17:55, édité 1 fois