NOU-JE a écrit:Le pragmatisme définit aussi la vérité comme "vérité-satisfaction" ; "vérité-croyance". Lisez, si ce n'est déjà fait ou entrepris, La volonté de croire, chez James. Voulez-vous savoir où réside l’intérêt de cette définition de la vérité ? Elle permet de résoudre la querelle entre la religion et les rationalistes ; la philosophie de Dewey, son pragmatisme, de même que celui de James, veulent résoudre les querelles métaphysiques, ausculter les concepts pour savoir ce qu'ils veulent dire, comment ils le disent et s'ils peuvent le dire.
Vous décontextualisez complètement ces auteurs. La question de la vérité s'inscrit pour eux dans le rapport entre la société et l'individu, et s'enracine dans l'histoire religieuse des Américains. Je ne vous parle pas du critère de l'utilité, mais de la fonction de la vérité, fonction sociale et pratique avant tout : elle est censée résoudre le problème de l'articulation entre l'indépendance de l'individu et son intégration dans la communauté, en lui permettant d'intérioriser la société, d'être un individu social. Dewey par exemple, et ce n'est pas du tout un hasard, retourne complètement le mouvement dialectique hégélien : tout se résout dans l'individu.
Pour le comprendre, il faut maîtriser à peu près correctement la question du puritanisme et de la pensée américaine depuis le XVIIe siècle jusqu'à Emerson au moins. Leur conception de l'opinion n'est pas la même que chez nous, ils lui accordent beaucoup plus volontiers que les Européens une valeur cognitive (chez nous c'est plutôt une autorité politique). La science est pour eux le moyen par excellence de la démocratisation de la société parce qu'elle est accessible à tous (cf. la raison pratique). Elle hérite de et actualise tout à la fois la fonction du puritanisme. Nous sommes très loin de la métaphysique et de la logique.
Dernière édition par Euterpe le Ven 29 Juil 2016 - 16:58, édité 1 fois