Je crois que c'est Platon qui disait qu'on ne peut dire le non-être. On comprend de manière usuelle les termes de chaos ou de néant, mais peut-on vraiment dire, présentifier, faire être, ce qui est l'envers même de ce qui est pour nous ? N'est-ce pas lui donner à être et nier ce que l'on veut montrer ou penser ? Ne fait-on pas toujours que pointer de l'inconnu ou de l'inconnaissable, de l'indéterminable comme tel, le hors-champ, hors-cadre, l'impensable qui n'est jamais totalement exprimable ? Le nom ne cache-t-il pas l'innommable, l'indéfinissable ?
Cela dit, le chaos peut aussi être une signification sociale instituée définissant la façon de penser le réel dans une société. Je ne sais pas ce qui dans la société permet à Castoriadis de penser le chaos, cependant (même si je sais quelle démonstration il en fait). Peut-être est-ce permis par la pensée grecque puis par la modernité (Strauss critique Machiavel pour avoir détruit l'idée de nature comme cosmos, ordre, phusis d'après laquelle élaborer le nomos, et avoir pensé la nature comme réserve de forces anonymes) et le capitalisme. Mais cela donne, d'une certaine façon, une positivité au chaos, l'insère dans l'ordre lui-même. Certes, l'ordre naît du chaos, mais comment rendre réellement compte de ce qui est antérieur au langage, à la logique, à l'ordonnancement ? Cela dit, Castoriadis ne fait pas du chaos quelque chose d'entièrement inorganisé, il est justement lié en permanence avec le réel, il en est le moteur, le devenir, il participe de la différenciation et de la création, il est plein d'un magma de significations. Mais il semble alors difficile d'en dire beaucoup plus sur la partie qui échappe à l'être, à la forme (eidos), puisque le chaos n'en est que le principe producteur, l'indéterminé qui permet l'apparition de l'altérité et à partir de quoi l'être advient sans être réductible à quelque chose dont il proviendrait.
Cela dit, le chaos peut aussi être une signification sociale instituée définissant la façon de penser le réel dans une société. Je ne sais pas ce qui dans la société permet à Castoriadis de penser le chaos, cependant (même si je sais quelle démonstration il en fait). Peut-être est-ce permis par la pensée grecque puis par la modernité (Strauss critique Machiavel pour avoir détruit l'idée de nature comme cosmos, ordre, phusis d'après laquelle élaborer le nomos, et avoir pensé la nature comme réserve de forces anonymes) et le capitalisme. Mais cela donne, d'une certaine façon, une positivité au chaos, l'insère dans l'ordre lui-même. Certes, l'ordre naît du chaos, mais comment rendre réellement compte de ce qui est antérieur au langage, à la logique, à l'ordonnancement ? Cela dit, Castoriadis ne fait pas du chaos quelque chose d'entièrement inorganisé, il est justement lié en permanence avec le réel, il en est le moteur, le devenir, il participe de la différenciation et de la création, il est plein d'un magma de significations. Mais il semble alors difficile d'en dire beaucoup plus sur la partie qui échappe à l'être, à la forme (eidos), puisque le chaos n'en est que le principe producteur, l'indéterminé qui permet l'apparition de l'altérité et à partir de quoi l'être advient sans être réductible à quelque chose dont il proviendrait.