Liber a écrit:Kant a été très clair là-dessus, il a eu une phrase célèbre dans sa seconde préface à la Critique de la Raison Pure : "J'ai voulu abolir le savoir pour promouvoir la foi", ce qui veut dire qu'il a voulu une fois pour toutes mettre fin aux ambitions de la métaphysique traditionnelle pour "promouvoir la foi", en Dieu évidemment, cela va sans dire. Consolider la morale et la foi, tels étaient les buts de Kant, qu'il pensait avoir à peu près remplis à la fin de sa vie, ainsi qu'il le précise dans cette même préface. Pourquoi mettre la chose en soi hors de portée de l'entendement ? Parce qu'une fois définitivement mise à l'abri de toute attaque des athées, la foi et la morale étaient sauves pour toujours. Ce que Kant n'avait pas prévu, c'est que l'attaque, initiée par Schopenhauer puis accomplie par Nietzsche et favorisée par l'essor des sciences historiques, porterait non sur des questions de métaphysique, mais sur les préjugés moraux, autrement dit sur l'héritage chrétien.
Sauf que pour Kant "promouvoir la foi" n'a rien à voir avec une foi en un Dieu révélé et transcendant auquel l'homme, dans la religion, doit simplement se soumettre : c'est sur ce point que j'ai remarqué un amalgame. Kant exprime une foi certes, mais une foi dans la raison de l'Homme, une foi en une humanité libre et "autonome" et non simplement soumise à la volonté d'un dieu transcendant. Si dans la conclusion (impératif catégorique) on retrouve une similitude avec le message chrétien (amour respect du prochain), la démarche est totalement différente au niveau des moyens d'y parvenir : application d'une loi universelle résultant d'une histoire concrète de l'humanité.
Il s'agit d'une ascèse, dont le but est de calmer la souffrance que cause la volonté. En termes bouddhistes, on parlerait de désirs.
On parle aussi beaucoup de "désirs" dans la philosophie occidentale... pas très clair comme explication... :|