Je trouve qu'il y a une idéologie qui ne dit pas son nom dans le fait d'accuser tout le monde (surtout la gauche sans s'interroger sur l'idéologie libérale) de mentir, même inconsciemment, et de prendre les gens pour des imbéciles (le contraire n'interdisant pas le pessimisme anthropologique). Surtout, quand on prétend que tous mentent, on affirme implicitement détenir le critère normatif du vrai. On se positionne alors en surplomb, oubliant qu'on devrait soi-même mentir. Et quel est ce savoir vrai, d'où vient-il, de quelle révélation divine est-il l'écho ? N'est-ce pas une façon de vouloir dominer les autres et d'oublier que la démocratie ne peut exister que dans la discussion raisonnée et raisonnable d'opinions plurielles parmi lesquelles aucune vérité transcendante ne pourrait émerger ? Par ailleurs, je trouve la caricature facile et j'observe depuis quelques semaines une hystérie collective à droite, une crainte incompréhensible de la gauche. Or il n'y a pas de raison d'avoir peur. Beaucoup de ceux qui ont voté à gauche ne sont pas des fanatiques ralliés inconditionnellement à Hollande ou Mélenchon. Liber et moi avons expliqué nos votes. Comme beaucoup de citoyens il ne s'agissait pas d'une adhésion totale (je ne suis pas, de toute façon, encarté dans un parti) et surtout de défendre, faute de mieux, des principes (ou un style), de les faire entendre et aussi énormément de faire partir Sarkozy et la droite du pouvoir : ça fait quand même une bonne dizaine (ou quinzaine) d'années qu'ils y sont. Voter pour Mélenchon ne fait pas de moi un partisan de l'URSS. J'ai d'ailleurs expliqué, de manière critique et autoréflexive, toutes mes contradictions et je ne crois pas pouvoir être insulté quand ma position, même s'il m'est toujours difficile de me déterminer absolument, est théoriquement proche de Socialisme ou barbarie par exemple. Quant aux libertés du point de vue libéral, peut-on vraiment parler de libertés ? N'y a-t-il pas quelque contradiction à faire de la liberté la recherche "privée" de nos "jouissances" (Constant) ? Des libertés négatives et politiquement passives sont-elles la plus haute idée que nous puissions nous faire de la liberté (réduire au choix économique) et de l'homme ?