Bien, précisément parce qu'il dit aussi, dans Le crépuscule des idoles, « La "raison" dans la philosophie », à la fin du 5e § :
C'est ce qu'il explique dans les précédents paragraphes, comme je le disais. Quand il décortique "volonté" par exemple, ou le "je pense donc je suis". Il explique bien que la première chose qui fait qu'on croit à "l'âme", ou à d'autres "monismes", d'autres "atomes", et bien c'est tout simplement qu'il y a le mot "âme". Le "je" est ainsi pulvérisé par Nietzsche avec sa célèbre reformulation : "ça pense". Et le "ça", lui, n'est pas une unité monolithique, il décrit un processus. Il montre bien comment le langage est déjà en lui plein de préjugés, puis la façon d'arranger les mots, notamment les principes comme celui de causalité, qui sont trop grossiers pour recouvrir la réalité, ou encore l'usage de la copule, et là on peut se dire que c'est Heidegger qui est nietzschéen et qui a eu la révélation de l'oubli de l'être par la dénonciation de sa trop grande emprise par Nietzsche.
Quand je dis que parler de "la volonté de puissance", c'est déjà trahir Nietzsche, c'est parce qu'on voit bien que forcément l'article défini fait passer "volonté de puissance" pour un principe de "fond", comme vous dites. Comme une façon "vulgaire" et grossière d'interpréter le monde. On peut voir ce paragraphe comme une réponse à Schopenhauer : le monde comme volonté de puissance. En quelque sorte ça l'est. Mais pas seulement bien sûr.
Et ce que Nietzsche essaye de faire, c'est bien de détruire toute cette tradition philosophique du concept vulgaire "de fond". Nietzsche répond que votre histoire de "fond" n'a rien à voir avec de la "métaphysique". Car son "principe", son "socle", son "fond des choses", je ne vois pas comment le considérer comme quelque chose d'autre qu'instabilité et possibilité. D'ailleurs, "volonté de puissance" peut à mon sens se rapprocher, sans s'égarer, de l'intentionnalité husserlienne ou du Dasein. Il y a cette idée de la "direction", du "sens", de l'instabilité oui, de la possibilité oui. Il faut voir que quand Nietzsche parle de "volonté de puissance" il y a une idée unificatrice mais au sens propre.
En fait, si on fait dire à Nietzsche qu'il fait de la métaphysique, il faut alors dire que c'est celui qui dit : "ce que vous avez appelé métaphysique n'est même pas ce que vous auriez voulu au départ, vous n'avez pas été assez rigoureux, voici ce que serait la métaphysique. Schopenhauer a tort, mais s'il voulait vraiment interpréter le monde, alors il faudrait dire non pas qu'il est "comme volonté et représentation", mais "comme volonté de puissance"".
Je crains bien que nous ne nous débarrassions jamais de Dieu, puisque nous croyons encore à la grammaire…
C'est ce qu'il explique dans les précédents paragraphes, comme je le disais. Quand il décortique "volonté" par exemple, ou le "je pense donc je suis". Il explique bien que la première chose qui fait qu'on croit à "l'âme", ou à d'autres "monismes", d'autres "atomes", et bien c'est tout simplement qu'il y a le mot "âme". Le "je" est ainsi pulvérisé par Nietzsche avec sa célèbre reformulation : "ça pense". Et le "ça", lui, n'est pas une unité monolithique, il décrit un processus. Il montre bien comment le langage est déjà en lui plein de préjugés, puis la façon d'arranger les mots, notamment les principes comme celui de causalité, qui sont trop grossiers pour recouvrir la réalité, ou encore l'usage de la copule, et là on peut se dire que c'est Heidegger qui est nietzschéen et qui a eu la révélation de l'oubli de l'être par la dénonciation de sa trop grande emprise par Nietzsche.
Quand je dis que parler de "la volonté de puissance", c'est déjà trahir Nietzsche, c'est parce qu'on voit bien que forcément l'article défini fait passer "volonté de puissance" pour un principe de "fond", comme vous dites. Comme une façon "vulgaire" et grossière d'interpréter le monde. On peut voir ce paragraphe comme une réponse à Schopenhauer : le monde comme volonté de puissance. En quelque sorte ça l'est. Mais pas seulement bien sûr.
Et ce que Nietzsche essaye de faire, c'est bien de détruire toute cette tradition philosophique du concept vulgaire "de fond". Nietzsche répond que votre histoire de "fond" n'a rien à voir avec de la "métaphysique". Car son "principe", son "socle", son "fond des choses", je ne vois pas comment le considérer comme quelque chose d'autre qu'instabilité et possibilité. D'ailleurs, "volonté de puissance" peut à mon sens se rapprocher, sans s'égarer, de l'intentionnalité husserlienne ou du Dasein. Il y a cette idée de la "direction", du "sens", de l'instabilité oui, de la possibilité oui. Il faut voir que quand Nietzsche parle de "volonté de puissance" il y a une idée unificatrice mais au sens propre.
En fait, si on fait dire à Nietzsche qu'il fait de la métaphysique, il faut alors dire que c'est celui qui dit : "ce que vous avez appelé métaphysique n'est même pas ce que vous auriez voulu au départ, vous n'avez pas été assez rigoureux, voici ce que serait la métaphysique. Schopenhauer a tort, mais s'il voulait vraiment interpréter le monde, alors il faudrait dire non pas qu'il est "comme volonté et représentation", mais "comme volonté de puissance"".