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Comprendre la caverne de Platon.

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5 participants

descriptionComprendre la caverne de Platon. - Page 2 EmptyRE: comprendre le caverne de platon ?

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Phylos a écrit:
J'entends souvent parler de la fameuse caverne de Platon, où l'homme est enchaîné et son champ de vision fixé en face, de manière à ce qu'il ne puisse qu'apercevoir la réflexion de la vérité. J'ai peur de l'avoir mal interprétée, puisque je ne l'ai pas étudiée en cours ou avec un philosophe, et j'aimerais que vous me corrigiez si ma perception était fausse.
Pour moi, l'homme doit oser tourner la tête et détacher de ses fers pour pouvoir sortir de la caverne, et ainsi atteindre la lumière.
L’enchaînement représenterait l'opinion (doxa) ainsi que toute forme de désinformation (propagande, etc.); l'acte de chercher la sortie constituerait donc une remise en question de ce que l'on croit savoir. La remise en cause du système, de sa propre opinion, de ses connaissances, et de soi-même ainsi que des autres en général est le seul moyen de sortir de la caverne.
Je vois mal le rôle de l'éducation (à la fois celle de l'Éducation Nationale et l'éducation idéale théorique) et des médias dans ce schéma. Qu'est-ce qui nous enchaîne à la caverne ?

D’après ce que j'en ai déduit par l'idée et pour que vous puissiez m'apporter votre raisonnement, je pense que Platon voulait montrer le chemin du philosophe métaphoriquement en disant que, de la réflexion incertaine il fallait aller aux vraies idées qui se cachent derrière les phénomènes naturels, par exemple dans la caverne il y a des hommes et un feu et ce que nous y percevons par nos sens ce sont simplement les ombres et qu'il fallait en quelque sorte avoir le courage de sortir du mur pour déceler une autre réalité qu'il appelait le monde des idées.
En espérant que la syntaxe soit correcte merci.

descriptionComprendre la caverne de Platon. - Page 2 EmptyRe: Comprendre la caverne de Platon.

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Phylos a écrit:
il semblerait que le combat pour la liberté d'expression était déjà d'actualité - notamment avec la mort de Socrate.

Platon fit du procès et de la mort de Socrate un symbole. Dans la réalité, les Athéniens avaient le don de s'intenter des procès les uns aux autres, et pratiquaient allègrement l'ostracisme, inhérent au fonctionnement de leur démocratie. C'est une donnée politique, pas un combat pour la liberté d'expression - qui ne survient qu'au XVIIIe siècle (or Jacques Domenech, auteur de la source mentionnée dans votre article, est un spécialiste du XVIIIe siècle et se livre à un anachronisme).

philodbat a écrit:
il fallait en quelque sorte avoir le courage de sortir du mur pour déceler une autre réalité qu'il appelait le monde des idées.

Le monde des Idées, c'est la réalité vraie, dans le platonisme, pas seulement une "autre" réalité.

Dernière édition par Euterpe le Jeu 21 Juil 2016 - 11:58, édité 2 fois

descriptionComprendre la caverne de Platon. - Page 2 EmptyRe: Comprendre la caverne de Platon.

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Euterpe a écrit:
Phylos a écrit:
il semblerait que le combat pour la liberté d'expression était déjà d'actualité - notamment avec la mort de Socrate.

Platon fit du procès et de la mort de Socrate un symbole. Dans la réalité, les Athéniens avaient le don de s'intenter des procès les uns aux autres, et pratiquaient allègrement l'ostracisme, inhérent au fonctionnement de leur démocratie. C'est une donnée politique, pas un combat pour la liberté d'expression -  qui ne survient qu'au XVIIIe siècle (or Jacques Domenech, auteur de la source mentionnée dans votre article, est un spécialiste du XVIIIe siècle et se livre à un anachronisme.

philodbat a écrit:
il fallait en quelque sorte avoir le courage de sortir du mur pour déceler une autre réalité qu'il appelait le monde des idées.

Le monde des Idées, c'est la réalité vraie, dans le platonisme, pas seulement une "autre" réalité.

Merci beaucoup pour votre correction !
Pour en revenir à l'allégorie, quels sont les moyens concrets de se délivrer de nos chaînes, dans le cadre du XXIe siècle (si je puis me permettre cet anachronisme) ?

descriptionComprendre la caverne de Platon. - Page 2 EmptyRe: Comprendre la caverne de Platon.

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Phylos a écrit:
Pour en revenir à l'allégorie, quels sont les moyens concrets de se délivrer de nos chaînes

De quelles chaînes parlez-vous ?

Pour en revenir à ce qui semble être votre question initiale (quel rapport entre l'allégorie de la caverne et l'éducation ?), relisez le passage suivant, République, Livre VII, 518c à 521c. Il est question d'éduquer les philosophes-rois (de contraindre les philosophes, pour la raison qu'ils possèdent la vérité, la justice, et qu'ils sont désintéressés - ils n'aiment pas le pouvoir -, à gouverner ; ou bien de convertir les gouvernants à la philosophie) :

Maintenant, mon cher Glaucon, repris-je, il faut 517b appliquer point par point cette image à ce que nous avons dit plus haut, comparer le monde que nous découvre la vue au séjour de la prison, et la lumière du feu qui l'éclaire à la puissance du soleil. Quant à la montée dans la région supérieure et à la contemplation de ses objets, si tu la considères comme l'ascension de l'âme vers le lieu intelligible tu ne te tromperas pas sur ma pensée, puisque aussi bien tu désires la connaître. Dieu sait si elle est vraie. Pour moi, telle est mon opinion : dans le monde intelligible l'idée du bien est perçue la dernière et avec 517c peine, mais on ne la peut percevoir sans conclure qu'elle est la cause de tout ce qu'il y a de droit et de beau en toutes choses ; qu'elle a, dans le monde visible, engendré la lumière et le souverain de la lumière ; que, dans le monde intelligible, c'est elle-même qui est souveraine et dispense la vérité et l'intelligence ; et qu'il faut la voir pour se conduire avec sagesse dans la vie privée et dans la vie publique.
Je partage ton opinion, dit-il, autant que je le puis.
Eh bien ! partage-la encore sur ce point, et ne t'étonnes pas que ceux qui se sont élevés à ces hauteurs ne veuillent plus s'occuper des affaires humaines, et que leurs âmes 517d aspirent sans cesse à demeurer là-haut. Cela est bien naturel si notre allégorie est exacte.
C'est, en effet, bien naturel, dit-il.
Mais quoi ? penses-tu qu'il soit étonnant qu'un homme qui passe des contemplations divines aux misérables choses humaines ait mauvaise grâce et paraisse tout à fait ridicule, lorsque, ayant encore la vue troublée et n'étant pas suffisamment accoutumé aux ténèbres environnantes, il est obligé d'entrer en dispute, devant les tribunaux ou ailleurs, sur des ombres de justice ou sur les images qui projettent ces ombres, et de combattre les interprétations 517e qu'en donnent ceux qui n'ont jamais vu la justice elle-même ?
Il n'y a là rien d'étonnant.
En effet, repris-je, un homme sensé se rappellera que 518 les yeux peuvent être troublés de deux manières et par deux causes opposées : par le passage de la lumière à l'obscurité, et par celui de l'obscurité à la lumière ; et ayant réfléchi qu'il en est de même pour l'âme, quand il en verra une troublée et embarrassée pour discerner certains objets, il n'en rira pas sottement, mais examinera plutôt si, venant d'une vie plus lumineuse, elle est, faute d'habitude, offusquée par les ténèbres, ou si, passant de l'ignorance à la lumière, elle est éblouie de son trop 518b vif éclat ; dans le premier cas il l'estimera heureuse en raison de ce qu'elle éprouve et de la vie qu'elle mène ; dans le second, il la plaindra, et s'il voulait rire à ses dépens, ses moqueries seraient moins ridicules que si elles s'adressaient à l'âme qui redescend du séjour de la lumière.
C'est parler, dit-il, avec beaucoup de sagesse.
Il nous faut donc, si tout cela est vrai, en conclure ceci ; l'éducation n'est point ce que certains proclament qu'elle 518c est ; car ils prétendent l'introduire dans l'âme, où elle n'est point, comme on donnerait la vue à des yeux aveugles.
Ils le prétendent, en effet.
Or, repris-je, le présent discours montre que chacun possède la faculté d'apprendre et l'organe destiné à cet usage, et que, semblable à des yeux qui ne pourraient se tourner qu'avec le corps tout entier des ténèbres vers la lumière, cet organe doit aussi se détourner avec l'âme tout entière de ce qui naît, jusqu'à ce qu'il devienne capable de supporter la vue de l'être et de ce qu'il y a de 518d plus lumineux dans l'être ; et cela nous l'appelons le bien, n'est-ce pas ?
Oui.
L'éducation est donc l'art qui se propose ce but, la conversion de l'âme, et qui recherche les moyens les plus aisés et les plus efficaces de l'opérer ; elle ne consiste pas à donner la vue à l'organe de l'âme, puisqu'il l'a déjà ; mais comme il est mal tourné et ne regarde pas où il faudrait, elle s'efforce de l'amener dans la bonne direction.
Il le semble, dit-il.
Maintenant, les autres vertus, appelées vertus de l'âme, paraissent bien se rapprocher de celles du corps - car, en réalité, quand on ne les a pas tout d'abord, on les peut 518e acquérir dans la suite par l'habitude et l'exercice ; mais la vertu de science appartient très probablement à quelque chose de plus divin, qui ne perd jamais sa force, et qui, selon la direction qu'on lui donne, devient 519 utile et avantageux ou inutile et nuisible. N'as-tu pas encore remarqué, au sujet des gens que l'on dit méchants mais habiles, combien perçants sont les yeux de leur misérable petite âme, et avec quelle acuité ils discernent les objets vers lesquels ils se tournent ? Leur âme n'a donc pas une vue faible, mais comme elle est contrainte de servir leur malice, plus sa vue est perçante, plus elle fait de mal.
Cette remarque est tout à fait juste, dit-il.
Et cependant, poursuivis-je, si de pareils naturels étaient émondés dès l'enfance, et que l'on coupât les excroissances de la famille du devenir, comparables à des masses de plomb, qui s'y développent par l'effet de la 519b gourmandise, des plaisirs et des appétits de ce genre, et qui tournent la vue de l'âme vers le bas ; si, libérés de ce poids, ils étaient tournés vers la vérité, ces mêmes naturels la verraient avec la plus grande netteté, comme ils voient les objets vers lesquels ils sont maintenant tournés.
C'est vraisemblable, reconnut-il.
Mais quoi ! n'est-il pas également vraisemblable, et nécessaire d'après ce que nous avons dit, que ni les gens sans éducation et sans connaissance de la vérité, ni ceux qu'on laisse passer toute leur vie dans l'étude, ne sont 519c propres au gouvernement de la cité, les uns parce qu'ils n'ont aucun but fixe auquel ils puissent rapporter tout ce qu'ils font dans la vie privée ou dans la vie publique, les autres parce qu'ils ne consentiront point à s'en charger, se croyant déjà transportés de leur vivant dans les îles fortunées.
C'est vrai, dit-il.
Il nous incombera donc, à nous fondateurs, d'obliger les meilleurs naturels à se tourner vers cette science que nous avons reconnue tout à l'heure comme la plus sublime, à voir le bien et à faire cette ascension ; mais, 519d après qu'ils se seront ainsi élevés et auront suffisamment contemplé le bien, gardons-nous de leur permettre ce qu'on leur permet aujourd'hui.
Quoi donc ?
De rester là-haut
, répondis-je, de refuser de descendre de nouveau parmi les prisonniers et de partager avec eux travaux et honneurs, quel que soit le cas qu'on en doive faire.
Hé quoi ! s'écria-t-il, commettrons-nous à leur égard l'injustice de les forcer à mener une vie misérable, alors qu'ils pourraient jouir d'une condition plus heureuse ? 519e
Tu oublies encore une fois, mon ami, que la loi ne se préoccupe pas d'assurer un bonheur exceptionnel à une classe de citoyens, mais qu'elle s'efforce de réaliser le bonheur de la cité tout entière, en unissant les citoyens par la persuasion ou la contrainte, et en les amenant à se faire part les uns aux autres des avantages que chaque 520 classe peut apporter à la communauté ; et que, si elle forme de tels hommes dans la cité, ce n'est point pour les laisser libres de se tourner du côté qu'il leur plaît, mais pour les faire concourir à fortifier le lien de l'État.
C'est vrai, dit-il, je l'avais oublié.
Au reste, Glaucon, observe que nous ne serons pas coupables d'injustice envers les philosophes qui se seront formés chez nous, mais que nous aurons de justes raisons à leur donner en les forçant à se charger de la conduite et de la garde des autres. Nous leur dirons en effet : 520b « Dans les autres cités, il est naturel que ceux qui sont devenus philosophes ne participent point aux travaux de la vie publique, puisqu'ils se sont formés eux-mêmes, malgré le gouvernement de ces cités ; or il est juste que celui qui se forme soi-même et ne doit sa nourriture à personne, ne veuille en payer le prix à qui que ce soit. Mais vous, nous vous avons formés dans l'intérêt de l'État comme dans le vôtre pour être ce que sont les chefs et les rois dans les ruches ; nous vous avons donné une éducation meilleure et plus parfaite que celle de ces 520c philosophes-là, et vous avons rendus plus capables d'allier le maniement des affaires à l'étude de la philosophie. Il faut donc que vous descendiez, chacun à votre tour, dans la commune demeure, et que vous vous accoutumiez aux ténèbres qui y règnent ; lorsque vous vous serez familiarisés avec elles, vous y verrez mille fois mieux que les habitants de ce séjour, et vous connaîtrez la nature de chaque image, et de quel objet elle est l'image, parce que vous aurez contemplé en vérité le beau, le juste et le bien. Ainsi le gouvernement de cette cité qui est la vôtre et la nôtre sera une réalité et non pas un vain songe, comme celui des cités actuelles, où les chefs se battent pour des ombres et se disputent l'autorité, 520d qu'ils regardent comme un grand bien. Voici là-dessus quelle est la vérité : la cité où ceux qui doivent commander sont les moins empressés à rechercher le pouvoir, est la mieux gouvernée et la moins sujette à la sédition, et celle où les chefs sont dans des dispositions contraires se trouve elle-même dans une situation contraire. »
Parfaitement, dit-il.
Eh bien ! crois-tu que nos élèves résisteront à ces raisons et refuseront de prendre part, à tour de rôle, aux labeurs de l'État, tout en passant d'ailleurs ensemble la majeure partie de leur temps dans la région de la pure lumière ?
C'est impossible, répondit-il, car nos prescriptions sont justes et s'adressent à des hommes justes. Mais il est 520e certain que chacun d'eux ne viendra au pouvoir que par nécessité, contrairement à ce que font aujourd'hui les chefs dans tous les États.
Oui, repris-je, il en est ainsi, mon camarade ; si tu découvres pour ceux qui doivent commander une condition 521 préférable au pouvoir lui-même, il te sera possible d'avoir un État bien gouverné ; car dans cet État seuls commanderont ceux qui sont vraiment riches, non pas d'or, mais de cette richesse dont l'homme a besoin pour être heureux : une vie vertueuse et sage. Par contre, si les mendiants et les gens affamés de biens particuliers viennent aux affaires publiques, persuadés que c'est là qu'il faut en aller prendre, cela ne te sera pas possible ; car on se bat alors pour obtenir le pouvoir, et cette guerre domestique et intestine perd et ceux qui s'y livrent et le reste de la cité.
Rien de plus vrai, dit-il.
Or, connais-tu une autre condition que celle du vrai 521b philosophe pour inspirer le mépris des charges publiques ?
Non, par Zeus.
D'autre part, il ne faut pas que les amoureux du pouvoir lui fassent la cour, autrement il y aura des luttes entre prétendants rivaux.
Sans doute.
Par conséquent, à qui imposeras-tu la garde de la cité, sinon à ceux qui sont les plus instruits des moyens de bien gouverner un État, et qui ont d'autres honneurs et une condition préférable à celle de l'homme public ?
À personne d'autre. 521c
Veux-tu donc que nous examinions maintenant de quelle manière se formeront des hommes de ce caractère, et comment on les fera monter vers la lumière, comme certains sont montés, dit-on, de l'Hadès au séjour des dieux ?
Comment ne le voudrais-je pas ?
Cela ne sera pas, apparemment, un simple tour de palet ; il s'agira d'opérer la conversion de l'âme d'un jour aussi ténébreux que la nuit vers le jour véritable, c'est-à-dire de l'élever jusqu'à l'être ; et c'est ce que nous appellerons la vraie philosophie.
Parfaitement.

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Je ne savais pas que La Caverne était dans La République ! Or, c'est l'ouvrage que je lis en ce moment même... Je viens tout juste de finir le livre VI, avec l'analogie de la corde, qui va, me semble-t-il, me mener à la Caverne. Je commence à vraiment apprécier cette œuvre.
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