DesRoches a écrit: Pourquoi ne pas approfondir l'hypothèse comme quoi le goût et à sa suite les notions de jugement et de subjectivité ne seraient pas propres à l'individu, mais influencé par un certain complexe de souvenirs, de contexte social, de famille, d'éducation ou même d'ambitions. Le problème étant qu'un Homme dénué de goût ou de jugement propre ne serait plus Homme. Cette question est donc tourmentée, puisqu'elle pourrait déshumaniser par sa réponse, en relevant comme mécaniques et donc modelables ces "intuitions" du sensible
Mais les souvenirs, le contexte social, la famille, l'éducation et même l'ambition, ne sont-ce pas là des caractéristiques propres au vécu de l'individu ? L'expérience du goût ne pourrait-elle pas être tout aussi intriquée, comme vous le présentez, que celle de l'ambition ? Mieux même : quitte à se demander si l'expérience du goût relève d'un processus mécanique (ce qui présuppose, au passage, déjà pas mal d'hypothèse
[édition : rajout du pauvre petit "s", égaré et qui attend son hypothèse de parent à l'accueil] sur lesquelles en réalité on ne peut marcher impunément), on peut sans problème aucun se demander si l'expérience éducative ne relève pas du même principe, et ainsi de suite avec absolument toutes nos expériences ! Sommes-nous mécaniques, ou disposons-nous
d'autre chose ?
Notez, vous y répondez un peu par vous-même, sans trop vous en rendre compte peut-être, dans votre questionnement : vous laissez à l'Homme (dont la définition reste des plus scabreuses) le droit de disposer d'une Volonté, de porter un choix, un jugement, même si ce dernier ne régule in fine pas son goût. Vous lui laissez la possibilité de "modeler" ses propres intuitions. Sitôt votre image de vous amputée de sa capacité à établir un goût "unique et propre", vous vous sentez immanquablement amoindri dans l'image de vous que vous ressentez, et préservez sans amertume ce droit semble-t-il élémentaire du choix : si je ne peux disposer du goût par nature, alors je modifierai la nature afin de disposer du goût voulu.
Du reste, et je peux le comprendre puisque vous postez sur le forum des sociologues, vous posez nombre d'hypothèses pour un sujet aussi "grave".
Rappelez-vous qu'il n'existe qu'une seule subjectivité, la vôtre !