C'est une polémique, en effet, voire une blessure infligée à la pensée, et chacun a donné des arguments (ou tenté d'en donner, puisque vous vous montrez méprisant en considérant avec dédain que ce que j'avance est "sans fondement" ; excusez-moi mais les chercheurs ne se battent pas à coup de ballet, ils produisent des documents que je ne peux pas reproduire ici et qui existent bel et bien, puisqu'il y a une polémique si virulente, tellement virulente que vous préférez envisager que je délire et qu'il faut me soigner, du moins me neutraliser, plutôt que de jouer le jeu de la discussion). Vous ne détenez pas a priori l'interprétation la plus juste de la pensée d'Heidegger, et vous-même prenez parti, d'une part pour ne pas envisager et soupeser une hypothèse de lecture et de travail (vous préférez balayer d'un revers de main et avec mépris ce qui vous gêne, sans vous inquiéter une seule seconde des conséquences possibles qu'entraînerait la remise en cause fondamentale d'une pensée qui a conquis tant d'hommes et de femmes ; par ailleurs, personne ne vous force à aduler ou exécrer un homme, à faire bonne figure dans un cas ou l'autre, et la condamnation d'Heidegger n'est nullement un postulat, mais la conséquence logique d'une enquête qui a dévoilé la dimension criminelle de sa pensée ; encore heureux, il vous est possible de contester les preuves et la démarche, ce qui n'est pas la même chose que de s'offusquer a priori de ce qu'Heidegger soit mis en cause jusque dans sa pensée), d'autre part pour rallier un camp (vous citez Peter Trawny). Dès lors, vous n'êtes pas tellement plus crédible que moi, et vous placer en censeur au-dessus de la mêlée indique que vous manquez également de probité. Informez-vous et rendez-vous compte qu'il est très probable que vous adoptiez une posture idéologique comme celle que vous me reprochez. Vous n'êtes pas plus neutre.
De plus, je trouve votre procédé argumentatif (sic) terriblement régressif, car vous ne faites en fin de compte que me supposer de la bassesse, rien que de la bassesse, il ne vous vient jamais à l'esprit que l'on peut se montrer critique non par médisance, je ne sais quel esprit de vengeance comme s'il y avait quelque chose de personnel dans cette affaire (a-t-on le droit de défendre une certaine ligne philosophique ? est-ce de l'idéologie, du dogmatisme ? par exemple, je suis sûr que Platon, s'il prenait part à la discussion, serait d'accord pour examiner vos propos, tout en défendant son platonisme, de la même manière que vous défendez une certaine lecture d'Heidegger - notez que je ne vous accuse de rien et ne vous enjoins pas au silence au titre que vous penseriez mal, ou pas, ou que vous défendriez des absurdités, voire le nazisme sans vous en rendre compte, etc., alors que je pourrais recourir à tout cela ; bien entendu, nous savons tous deux qu'être administrateur est un avantage non négligeable pour vous, et vous me menacez de sanctions parce que j'aurais tort, c'est fort), tandis que je lis tous les jours des articles à propos des Cahiers noirs et que j'ai beau procéder comme à mon habitude, en comparant les points de vue et en faisant jouer les arguments dans un sens et un autre, il ne m'apparaît pas que l'on puisse sauver Heidegger de certaines de ses déclarations. Je n'ai d'autre choix que d'en prendre acte, tant il y a des choses énormes et aberrantes sous sa plume (à propos du manque d'être des juifs, de leur auto-anéantissement, de l'appel à l'élimination et à la violence, à la radicalisation du nazisme, à sa spiritualisation aussi, etc.). Sachant qu'il avait délibérément prévu (avec instructions à la clef) la publication de ses œuvres complètes : il savait ce qu'il faisait, ce qu'il disait, il avait un projet très cohérent. Son engagement nazi n'a pas été pour lui une erreur de parcours, il ne s'en est d'ailleurs jamais excusé. S'il s'est tu sur le sujet, c'est que le nazisme ne l'a pas emporté. Mais il estimait pouvoir, en attendant, coder son œuvre (réécrivant au passage certaines choses en matière de politique) et s'adresser à des lecteurs du futur. Le plus atroce, trouvé-je, est la dénégation du nazisme d'Heidegger par ses proches et fidèles qui n'hésitent pas à donner à certains mots ou abréviations un sens contraire. Non seulement il y a falsification dans certains cas, mais il y a aussi cette idée que comprendre Heidegger c'est le lire à sa manière et que soit on devient heideggérien en le lisant (c'est-à-dire en le lisant comme il faut), soit c'est que l'on est un minable, inauthentique, etc. Or bien que ma condamnation d'Heidegger soit radicale, j'aimerais surtout qu'il soit possible de le critiquer même a minima
Reste à savoir ce que l'on fait des propos antisémites. Sont-ils ou non centraux dans sa pensée ? Voilà tout l'enjeu, et certains travaux que vous devriez considérer tendent à montrer qu'ils mettent en jeu un système de pensée, qu'ils en sont un motif déterminant et très prégnant, de même qu'une conséquence. Libre à vous de ne pas vous y appesantir, malheureusement pour vous c'est une écharde tellement grosse dans le pied qu'un sectateur consciencieux d'Heidegger devrait tout de même se sentir des démangeaisons et s'en inquiéter. Que l'on continue de penser avec Heidegger ou non, la plongée dans les Cahiers noirs présente le fâcheux inconvénient de nous confronter à de plus en plus de données délicates et force est de constater qu'il est impossible de conserver la très belle image d'une pensée lumineuse telle que la donne George Steiner.
Cependant, là où je vous donnerais raison, en tout cas où je ne m'inscrirais pas dans la ligne Faye-Rastier, c'est qu'il y a tout de même des usages différents d'Heidegger. La plupart du temps, les gens ne connaissent ni toute son œuvre (c'est mon cas, naturellement) ni toutes ses implications (ce qui est plus grave), l'intention qui préside à l'œuvre. On peut dire toutefois qu'une œuvre existe en tant que telle et qu'elle prend forme également par ce que l'on en fait. Je n'ai jamais dit, par exemple, que lire Heidegger (comme certains politiques voudraient nous le faire croire à propos de Mein Kampf - que Heidegger cite et paraphrase régulièrement, soit dit en passant) ferait du lecteur un nazi avéré ou en puissance. Le lecteur de Heidegger est noyé sous la masse des œuvres, se contente de quelques grands textes majeurs, de fragments éparses. Surtout, il n'a pas de lecture politique ni contextualisée. De sorte qu'il y a une philosophie acceptable à partir d'Heidegger, bien que plus light en réalité. (Bien entendu, cela ne signifie pas qu'il ne faille pas interroger ces conceptions communes que l'on a d'Heidegger, car indépendamment de la question du nazisme, Être et temps ou encore ce qui relève de la technique ont leur faille comme en toute philosophie. Il y a toujours des problèmes et à interroger l'œuvre.) Du coup, je pense qu'il est possible de penser à partir d'Heidegger, c'est ce que font la plupart des gens qui ne sont pas spécialistes de sa pensée et qu'au-delà du style si lourd, de cette pensée si peu nietzschéenne et très allemande, il y a bien des bases de pensée qui enthousiasment. Mais, peut-être, faut-il aussi considérer que cette réception-là d'Heidegger n'est pas, pour le dire vite, du Heidegger. Et donc, tant que l'on n\'a pas fait l'effort de faire la part des choses et de s'intéresser aux Cahiers noirs, il me semble difficile et peu légitime, voire pas du tout, de dire qu'il n'y a absolument aucun problème avec Heidegger en rabattant sur lui l'usage édulcoré que nous en avons. (Cela dit, je suis d'accord avec vous, peut-être faut-il aussi se garder de condamner Heidegger tant que tout n'est pas publié. Cependant, la tentation est grande car il y a déjà suffisamment de matériaux pour cela et ils sont malheureusement très explicites et cohérents.) Et puis, je ne comprends pas que l'on ne cherche pas à savoir ce qu'il en est du nazisme d'un prétendu génie : je veux dire, tout de même, ce n'est pas n'importe qui, et l'on parle tout de même du nazisme ! Peut-on vraiment exonérer quelqu'un de cette stature ? Peut-on vraiment faire comme s'il avait été n'importe qui ? Un philosophe choisit de soutenir le nazisme, cet énoncé ne vous semble-t-il pas incroyable ?
Je ne vois, pour ma part, que deux alternatives qui peut-être se rejoignent : qu'il y a une pensée délibérément nazie, une "intelligence du mal" si j'ose dire, car l'on peut dire que la philosophe a agi selon un projet consenti, ou une bêtise abyssale, que tout philosophe est capable de bêtise, et que le plus grand d'entre eux est potentiellement le plus bête, pour manquer à ce point de jugement (et, en ce sens, là aussi la pratique informe sur la théorie). Dans tous les cas, Heidegger nous interroge, parce que nous prétendons nous adonner, en amateurs ou en professionnels, à la philosophie et que, à défaut d'être des génies, du moins sommes-nous des hommes faillibles, à l'instar de tout philosophe et d'Heidegger. Je repense à la question d'Adorno : comment est-il encore possible de penser après Auschwitz ? Ma réponse, c'est qu'il s'agit de prêter attention au mal que nous portons, au défaut de jugement par exemple qui peut se tenir sous des énoncés intelligents en apparence.
Pour continuer, ce qui m'intéresse là-dedans, ce n'est pas tant Heidegger - sinon qu'il a eu énormément d'influence et qu'il faut le sauver à tout prix, car cela met en jeu des œuvres et des carrières (je ne dis pas qu'elles sont mauvaises ou fausses, simplement qu'il est étrange de ne pas se poser la question de la responsabilité d'Heidegger et de la contamination de la pensée, ou d'y répondre facilement, à tel point qu'elle n'aurait pas lieu de se poser) -, que de me demander ce que c'est que d'être un philosophe et de savoir si cette figure est capable de se détourner de la sagesse en la visant et pourquoi. Claude Romano concluait son article dans la revue Critique consacré à Heidegger sur cette question : ne peut-on pas être un philosophe génial et un salaud ? Je serais d'accord avec cette approche, si ce n'était que l'on peut se montrer plus critique encore : d'où vient que nous avons besoin d'idoles intouchables et qu'elles le soient ? Pourquoi, après tout, ne pourrait-on pas tomber des nues en se rendant compte que celui que nous avions estimé un philosophe génial n'est en fait qu'un philosophe, c'est-à-dire un homme capable de se montrer médiocre même jusque dans la pensée ? Personnellement, c'est cette part d'obscurité dans la philosophie qui m'intéresse, sachant que la philosophie d'un homme n'est pas compréhensible sans son vécu (ce que Nietzsche nous a appris ; on postule une cohérence, une réciprocité).
En conclusion, j'espère pouvoir exprimer mes interrogations et confronter mes opinions (pour cela, encore faut-il en défendre), sans avoir à dire la même chose que vous pour me rendre audible.
P. S. : pourquoi avoir changé mon avatar ?
De plus, je trouve votre procédé argumentatif (sic) terriblement régressif, car vous ne faites en fin de compte que me supposer de la bassesse, rien que de la bassesse, il ne vous vient jamais à l'esprit que l'on peut se montrer critique non par médisance, je ne sais quel esprit de vengeance comme s'il y avait quelque chose de personnel dans cette affaire (a-t-on le droit de défendre une certaine ligne philosophique ? est-ce de l'idéologie, du dogmatisme ? par exemple, je suis sûr que Platon, s'il prenait part à la discussion, serait d'accord pour examiner vos propos, tout en défendant son platonisme, de la même manière que vous défendez une certaine lecture d'Heidegger - notez que je ne vous accuse de rien et ne vous enjoins pas au silence au titre que vous penseriez mal, ou pas, ou que vous défendriez des absurdités, voire le nazisme sans vous en rendre compte, etc., alors que je pourrais recourir à tout cela ; bien entendu, nous savons tous deux qu'être administrateur est un avantage non négligeable pour vous, et vous me menacez de sanctions parce que j'aurais tort, c'est fort), tandis que je lis tous les jours des articles à propos des Cahiers noirs et que j'ai beau procéder comme à mon habitude, en comparant les points de vue et en faisant jouer les arguments dans un sens et un autre, il ne m'apparaît pas que l'on puisse sauver Heidegger de certaines de ses déclarations. Je n'ai d'autre choix que d'en prendre acte, tant il y a des choses énormes et aberrantes sous sa plume (à propos du manque d'être des juifs, de leur auto-anéantissement, de l'appel à l'élimination et à la violence, à la radicalisation du nazisme, à sa spiritualisation aussi, etc.). Sachant qu'il avait délibérément prévu (avec instructions à la clef) la publication de ses œuvres complètes : il savait ce qu'il faisait, ce qu'il disait, il avait un projet très cohérent. Son engagement nazi n'a pas été pour lui une erreur de parcours, il ne s'en est d'ailleurs jamais excusé. S'il s'est tu sur le sujet, c'est que le nazisme ne l'a pas emporté. Mais il estimait pouvoir, en attendant, coder son œuvre (réécrivant au passage certaines choses en matière de politique) et s'adresser à des lecteurs du futur. Le plus atroce, trouvé-je, est la dénégation du nazisme d'Heidegger par ses proches et fidèles qui n'hésitent pas à donner à certains mots ou abréviations un sens contraire. Non seulement il y a falsification dans certains cas, mais il y a aussi cette idée que comprendre Heidegger c'est le lire à sa manière et que soit on devient heideggérien en le lisant (c'est-à-dire en le lisant comme il faut), soit c'est que l'on est un minable, inauthentique, etc. Or bien que ma condamnation d'Heidegger soit radicale, j'aimerais surtout qu'il soit possible de le critiquer même a minima
Reste à savoir ce que l'on fait des propos antisémites. Sont-ils ou non centraux dans sa pensée ? Voilà tout l'enjeu, et certains travaux que vous devriez considérer tendent à montrer qu'ils mettent en jeu un système de pensée, qu'ils en sont un motif déterminant et très prégnant, de même qu'une conséquence. Libre à vous de ne pas vous y appesantir, malheureusement pour vous c'est une écharde tellement grosse dans le pied qu'un sectateur consciencieux d'Heidegger devrait tout de même se sentir des démangeaisons et s'en inquiéter. Que l'on continue de penser avec Heidegger ou non, la plongée dans les Cahiers noirs présente le fâcheux inconvénient de nous confronter à de plus en plus de données délicates et force est de constater qu'il est impossible de conserver la très belle image d'une pensée lumineuse telle que la donne George Steiner.
Cependant, là où je vous donnerais raison, en tout cas où je ne m'inscrirais pas dans la ligne Faye-Rastier, c'est qu'il y a tout de même des usages différents d'Heidegger. La plupart du temps, les gens ne connaissent ni toute son œuvre (c'est mon cas, naturellement) ni toutes ses implications (ce qui est plus grave), l'intention qui préside à l'œuvre. On peut dire toutefois qu'une œuvre existe en tant que telle et qu'elle prend forme également par ce que l'on en fait. Je n'ai jamais dit, par exemple, que lire Heidegger (comme certains politiques voudraient nous le faire croire à propos de Mein Kampf - que Heidegger cite et paraphrase régulièrement, soit dit en passant) ferait du lecteur un nazi avéré ou en puissance. Le lecteur de Heidegger est noyé sous la masse des œuvres, se contente de quelques grands textes majeurs, de fragments éparses. Surtout, il n'a pas de lecture politique ni contextualisée. De sorte qu'il y a une philosophie acceptable à partir d'Heidegger, bien que plus light en réalité. (Bien entendu, cela ne signifie pas qu'il ne faille pas interroger ces conceptions communes que l'on a d'Heidegger, car indépendamment de la question du nazisme, Être et temps ou encore ce qui relève de la technique ont leur faille comme en toute philosophie. Il y a toujours des problèmes et à interroger l'œuvre.) Du coup, je pense qu'il est possible de penser à partir d'Heidegger, c'est ce que font la plupart des gens qui ne sont pas spécialistes de sa pensée et qu'au-delà du style si lourd, de cette pensée si peu nietzschéenne et très allemande, il y a bien des bases de pensée qui enthousiasment. Mais, peut-être, faut-il aussi considérer que cette réception-là d'Heidegger n'est pas, pour le dire vite, du Heidegger. Et donc, tant que l'on n\'a pas fait l'effort de faire la part des choses et de s'intéresser aux Cahiers noirs, il me semble difficile et peu légitime, voire pas du tout, de dire qu'il n'y a absolument aucun problème avec Heidegger en rabattant sur lui l'usage édulcoré que nous en avons. (Cela dit, je suis d'accord avec vous, peut-être faut-il aussi se garder de condamner Heidegger tant que tout n'est pas publié. Cependant, la tentation est grande car il y a déjà suffisamment de matériaux pour cela et ils sont malheureusement très explicites et cohérents.) Et puis, je ne comprends pas que l'on ne cherche pas à savoir ce qu'il en est du nazisme d'un prétendu génie : je veux dire, tout de même, ce n'est pas n'importe qui, et l'on parle tout de même du nazisme ! Peut-on vraiment exonérer quelqu'un de cette stature ? Peut-on vraiment faire comme s'il avait été n'importe qui ? Un philosophe choisit de soutenir le nazisme, cet énoncé ne vous semble-t-il pas incroyable ?
Je ne vois, pour ma part, que deux alternatives qui peut-être se rejoignent : qu'il y a une pensée délibérément nazie, une "intelligence du mal" si j'ose dire, car l'on peut dire que la philosophe a agi selon un projet consenti, ou une bêtise abyssale, que tout philosophe est capable de bêtise, et que le plus grand d'entre eux est potentiellement le plus bête, pour manquer à ce point de jugement (et, en ce sens, là aussi la pratique informe sur la théorie). Dans tous les cas, Heidegger nous interroge, parce que nous prétendons nous adonner, en amateurs ou en professionnels, à la philosophie et que, à défaut d'être des génies, du moins sommes-nous des hommes faillibles, à l'instar de tout philosophe et d'Heidegger. Je repense à la question d'Adorno : comment est-il encore possible de penser après Auschwitz ? Ma réponse, c'est qu'il s'agit de prêter attention au mal que nous portons, au défaut de jugement par exemple qui peut se tenir sous des énoncés intelligents en apparence.
Pour continuer, ce qui m'intéresse là-dedans, ce n'est pas tant Heidegger - sinon qu'il a eu énormément d'influence et qu'il faut le sauver à tout prix, car cela met en jeu des œuvres et des carrières (je ne dis pas qu'elles sont mauvaises ou fausses, simplement qu'il est étrange de ne pas se poser la question de la responsabilité d'Heidegger et de la contamination de la pensée, ou d'y répondre facilement, à tel point qu'elle n'aurait pas lieu de se poser) -, que de me demander ce que c'est que d'être un philosophe et de savoir si cette figure est capable de se détourner de la sagesse en la visant et pourquoi. Claude Romano concluait son article dans la revue Critique consacré à Heidegger sur cette question : ne peut-on pas être un philosophe génial et un salaud ? Je serais d'accord avec cette approche, si ce n'était que l'on peut se montrer plus critique encore : d'où vient que nous avons besoin d'idoles intouchables et qu'elles le soient ? Pourquoi, après tout, ne pourrait-on pas tomber des nues en se rendant compte que celui que nous avions estimé un philosophe génial n'est en fait qu'un philosophe, c'est-à-dire un homme capable de se montrer médiocre même jusque dans la pensée ? Personnellement, c'est cette part d'obscurité dans la philosophie qui m'intéresse, sachant que la philosophie d'un homme n'est pas compréhensible sans son vécu (ce que Nietzsche nous a appris ; on postule une cohérence, une réciprocité).
En conclusion, j'espère pouvoir exprimer mes interrogations et confronter mes opinions (pour cela, encore faut-il en défendre), sans avoir à dire la même chose que vous pour me rendre audible.
P. S. : pourquoi avoir changé mon avatar ?