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Autour d'une pensée de l'existence

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Arcturus
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descriptionAutour d'une pensée de l'existence - Page 25 EmptyRe: Autour d'une pensée de l'existence

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Hervé BOURGOIS a écrit:
 


Qu'est-ce que la vérité, puisque les choses n'existent que par nos pensées ? Nous pourrions dire que ce sont les pensées qui ne peuvent être remises en cause entre un intervalle de temps t0 et t1 qui est au-delà de l'existence humaine ?

Ne nous égarons pas dans une impossible définition de la Vérité. Nous sommes tous et toujours en relation, sujet-objet, et nous appelons vérité soit ce qui correspond aux règles de l'objectivité (voir Kant) soit ce qui est en adéquation entre la Volonté et son objectivation (voir Schopenhauer).

C'est ainsi que savoir par exemple si la table est toujours table quand je ne la regarde pas est une question sans intérêt, car la table, même quand je ne la vois pas, reste table uniquement dans ma mémoire. Et la table, telle que je la vois table, n'est table que dans mon rapport avec moi (nous pouvons parfaitement imaginer qu'elle n'apparaitra pas comme telle pour un extraterrestre non humain). Quand il y a adéquation entre le sujet et l'objet nous parlons de connaissance vraie; objectivement vraie quand il s'agit du sujet humain en général, subjectivement vraie quand il s'agit de l'individu (voir là-dessus les développements de Kant et de Schopenhauer).

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Arcturus a écrit:
Le texte de la Nausée est un moment particulier dans le roman puisque le narrateur, Roquentin, assis sur son banc dans le jardin public découvre tout à coup l'épaisseur, la consistance de l'existence. Cette découverte est une découverte très angoissante, très inquiétante "extase horrible".

Je ne pense que que nous produisons les mêmes pensées et que nous puissions nous comprendre. Mais, je vais quand même essayer. Comme c'est votre sujet, je vous laisserai le mener à votre guise par la suite. Je reprends cet extrait de votre introduction, car il est important, mais j'y reviendrai par la suite.
Arcturus a écrit:
Vous tenez, par un réflexe culturel habituel, à resituer tout discours dans la contrainte mentale de la causalité. Il faudrait, que, tel un artiste (je dis bien un artiste non un critique d'art) vous regardiez  un tableau en abandonnant toute référence culturelle usuelle : se laisser aller au sentiment. A la perception interne.

Il est exact que c'est un réflexe culturel :-)...

MAIS...

Acturus a écrit:
Exister c'est d'abord se rendre compte que je suis ici, à ce moment-là, que d'abord j'existe.  C'est un point de départ. C'est une perception, ce n'est pas déjà un raisonnement mais c'est une perception. En essayant d'attraper aussitôt un écrit comme vous le faites dans un filet rationnel vous vous attelez aussitôt à une chaîne causale. Il faudrait que vous vous laissiez aller. J'écoute cet mouvement musical, sans le critiquer, je regarde ce tableau sans l'expliquer, je respire le parfum de cette rose sans en inférer la structure moléculaire...Vous existez, première étape, première perception. Mais perception aussitôt oubliée si la volonté de tout resituer dans une chaîne causale vous empêche de rester sur ce moment originel.

En disant cela vous êtes inconsistant. Soit vous vivez votre perception de l'existence, soit vous en parlez, vous émettez des pensées qui vous permettent de comprendre de quoi il s'agit. Je suis ému lorsque j'écoute la Traviata, je n'ai effectivement pas besoin de me demander pourquoi, ni même d'en parler. La question est alors de savoir pourquoi j'aurais besoin d'en parler, de même que pourquoi avez vous besoin de parler de l'existence, puisque vous existez... A partir du moment où vous en parlez, que vous exprimez des pensées sur l'existence, soit vous cherchez à comprendre (prévoir), donc des relations de cause à effet, j'aime la Traviata parce que j'ai appris à l'aimer et je suis ému pour des raisons physico-chimique, soit vous cherchez à émettre des opinions, à convaincre quelqu'un, je dis que j'aime la Traviata pour inciter d'autres personnes à aller voir cet opéra. Pourquoi voulez-vous parler de l'existence ? Pour la comprendre ou pour émettre des opinions sur la façon dont il faut la mener ou peut-être encore sur le fait qu'il faut juste l'apprécier ?
Acturus a écrit:
Je ne vais pas vous suivre dans votre exemple du chat, car vous ne savez rien du chat, en soi, vous savez du chat que ce que votre représentation vous dit qu'il pourrait être. Nous sommes là dans l'imaginaire. Nous ne sommes plus dans le sujet.

Les opinions ne m'intéressent pas, donc pour ma part je cherche à comprendre ce qu'est l'existence ou plutôt à expliquer ici ce que j'ai compris. Or, "l'épaisseur, la consistance de l'existence" est une façon poétique d'exprimer que l'homme ne peut que chercher à réconcilier l'abstraction qu'il représente avec ce qui l'entoure et dont il dépend, la matière, la vie, le monde des pensées, et en tenant compte de leur évolution. Nous sommes capables de faire cela parce que nous sommes des êtres vivants pensants, là où les autres animaux sont des êtres vivants qui ne pensent pas, tout au moins qui ne peuvent pas exprimer de pensées. Il ne s'agit nullement d'un imaginaire, l'homme n'a pas et ne pourra jamais couper le cordon qui le lie avec ces êtres vivants qui n'expriment pas de pensées. C'est pourquoi nous sommes capables de... ne pas penser.
 
Ainsi, en dehors de nos pensées, nous n'existons que comme des animaux. J'apprécie la Traviata, je ne sais pour quelle raison, et je n'en parle pas, je me contente de l'apprécier. A un moment donné, nous (des ancêtres inconnus) avons pu commencer à exprimer des pensées, et nous poser la question de l'existence. C'est alors que la réponse que nous pouvons donner n'est plus indépendante de rien, car nous ne sommes pas issues du néant, et que plus nous cherchons à y répondre, plus l'existence devient consistante, car nous pouvons découvrir (prendre conscience par nos pensées) de tous les liens que nous avons avec les choses qui nous entourent, notre Histoire, les choses qui entouraient nos ancêtres, et plus loin encore, les choses qui entouraient les mammifères (qui ne produisaient pas de pensées) dont nous sommes issus. Personnellement, cela ne m'angoisse pas :-) mais je ne suis pas supposé avoir les mêmes émotions que Sartre. En faisant cela, nous cherchons notre identité, la façon dont nous existons par rapport aux autres choses.
 
C'est pourquoi je trouve la pensée de Parménide intéressante mais il semble qu'elle vous laisse sur votre faim, que vous voudriez en savoir plus, "épaissir la consistance de l'existence". Je voulais alors montrer que Platon essayait probablement (je m'avance quelque peu) de parler du lien entre l'existence d'un individu et sa communauté, ce qui en soit est une approche importante puisque nous ne sommes pas plus indépendants du vivant que de la communauté qui nous apprend à exister, tout comme elle m'a appris à aimer la Traviata. Mais il me semble qu'il dérive alors sur la définition de normes culturelles (une morale, des lois...) et ainsi sur un débat politique.

Pour terminer, vous me faites simplement remarquer que je ne comprends pas les réponses que vous cherchez :-).

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Arcturus a écrit:
C'est ainsi que savoir par exemple si la table est toujours table quand je ne la regarde pas est une question sans intérêt, car la table, même quand je ne la vois pas, reste table uniquement dans ma mémoire. Et la table, telle que je la vois table, n'est table que dans mon rapport avec moi (nous pouvons parfaitement imaginer qu'elle n'apparaitra pas comme telle pour un extraterrestre non humain). Quand il y a adéquation entre le sujet et l'objet nous parlons de connaissance vraie; objectivement vraie quand il s'agit du sujet humain en général, subjectivement vraie quand il s'agit de l'individu (voir là-dessus les développements de Kant et de Schopenhauer).


OK. Kant et Schopenhauer ont loupé quelque chose, mais ils n'avaient pas lu Wittgenstein...
Mais c'est effectivement hors sujet.

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Hervé, dire que les animaux ne pensent pas est une erreur. Les travaux de Jane Goodall et Josep Call, pour ne citer que ceux là, prouvent le contraire.

Hervé BOURGOIS a écrit:
J'apprécie la Traviata, je ne sais pour quelle raison, et je n'en parle pas, je me contente de l'apprécier. A un moment donné, nous (des ancêtres inconnus) avons pu commencer à exprimer des pensées, et nous poser la question de l'existence. C'est alors que la réponse que nous pouvons donner n'est plus indépendante de rien, car nous ne sommes pas issues du néant, et que plus nous cherchons à y répondre, plus l'existence devient consistante, car nous pouvons découvrir (prendre conscience par nos pensées) de tous les liens que nous avons avec les choses qui nous entourent, notre Histoire, les choses qui entouraient nos ancêtres, et plus loin encore, les choses qui entouraient les mammifères (qui ne produisaient pas de pensées) dont nous sommes issus. Personnellement, cela ne m'angoisse pas :-) mais je ne suis pas supposé avoir les mêmes émotions que Sartre.

Relisez le passage de La nausée que j'ai restitué en première page du sujet pour vous éviter un contre-sens. La consistance de l'existence est à prendre dans sa pleine positivité et dans son absolu non-nécessité ou contingence. Ainsi, Sartre n'est pas angoissé par le mystère de l'existence mais par sa gratuité.

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Vangelis a écrit:
Hervé, dire que les animaux ne pensent pas est une erreur. Les travaux de Jane Goodall et Josep Call, pour ne citer que ceux là, prouvent le contraire.

Vous aimez beaucoup jouer avec les mots :-)... Et cela ne m'intéresse pas.

Je peux comprendre que Janes Goodall ait pu manquer de mot pour exprimer l'activité cérébrale des animaux :-). Une pensée est quelque chose qui s'exprime par le langage abstrait des êtres humains, à ma connaissance il n'est pas accessible aux animaux. Cela ne signifie pas que les animaux ne sont pas capables d'abstractions, ni même capables de parler. Ce sont nos ancêtres, la faculté de parler pour exprimer des pensées abstraites n'est pas apparue du jour au lendemain. Ainsi, qu'un singe puisse demander une banane est une chose,  qu'il puisse penser qu'il veut une banane, pourquoi pas... qu'il puisse appréhender ce qu'est Dieu, la liberté... l'existence, et plus généralement des choses qu'il ne peut pas percevoir en est une autre. Nos pensées nous permettent justement, au travers du langage, d'exprimer des choses que nous ne pouvons pas percevoir et c'est là toute la différence. Mais, il ne faudrait pas en déduire que nous sommes autre chose que des singes doués de cette faculté. L'écart que nous avons avec eux est significatif parce que le langage est un apport significatif (sans jugement de valeur sur l'importance des singes par rapport aux hommes). En tout les cas, pour éviter toutes ambiguïtés, je préfère parler des chats que des singes :-).
Vangelis a écrit:
Relisez le passage de La nausée que j'ai restitué en première page du sujet pour vous éviter un contre-sens. La consistance de l'existence est à prendre dans sa pleine positivité et dans son absolu non-nécessité ou contingence. Ainsi, Sartre n'est pas angoissé par le mystère de l'existence mais par sa gratuité.

Quant à Sartre, je le note :-). Mais, je ne suis pas plus angoissé par le mystère que par la gratuité de l'existence. Par mystère, je comprends origine et je pense qu'il est plus opportun de parler d'origine de la vie ou de l'univers, plutôt que d'origine de l'existence qui ramène plutôt à celle de la pensée, donc à nos différences d'avec les amis de Janes Goodall. Dans les grandes lignes, le mystère n'est pas si épais que cela... De même que pour la vie. Quant à l'univers, devons-nous appeler mystère ce que nous ne pouvons pas connaître ? Par gratuité, je comprends plutôt absence de finalité. Bien-sûr, l'univers n'a pas de finalité, tout au moins nous ne pouvons pas la connaître, la vie non plus, mais l'être humain, il en a une, celle que sa communauté lui offre. Nous pourrions dire qu'elle n'existe pas, puisque dans un absolu qui n'existe pas, un être humain en dehors de sa communauté (et par là-même de son espèce, dit autrement déposé là au milieu de l'univers par un mécanisme inconnu), n'a effectivement aucune finalité. Mais quel est l'intérêt de parler de cela ? Il semble au travers de vos propos que Sartre ne s'intéressait pas beaucoup à la sociologie et je dirais (c'est une opinion) que c'est un tort, puisque lui-même avait une finalité, être professeur-écrivain-philosophe... et le sens de cette finalité était bien défini dans sa culture, ce n'était pas "gratuit". A moins que par existence, il signifiait vie. Mais la "gratuité" de la vie est également culturelle, dans nos sociétés nos vies ne servent à rien, nous sommes remplaçables et peut-être que cela pose souci. Ou alors, il parle de l'angoisse de la mort ? Mais pourquoi cela nous angoisserait-il "puisqu'à la mort, la vie s'arrête" ? Cette angoisse n'est-elle pas liée à une incompréhension ?

Sartre ne m'intéresse pas !  Je ne sais plus quels ouvrages j'ai lu mais je sais que j'étais très jeune et que je n'en ai pas retenu grand chose. Si ce n'est que l'enfer c'est les autres et que ce n'est qu'une opinion qui n'engage que son auteur. Je ne connais pas de philosophe qui tienne compte des travaux de Wittgenstein, j'ai bien l'impression qu'il n'y en a pas. Pourtant, ce dernier a trouvé la clef, mais cela ne veut pas dire qu'il n'a pas "loupé des choses" (en tous les cas, je sais lesquelles)... je m'intéresse donc plutôt aux sociologues, biologistes, anthropologues, paléontologues, astrophysiciens... qui me semblent plus philosophes que les philosophes eux-mêmes.

Je sais que nous ne sommes pas d'accord :-)... Ce n'est pas une raison pour pinailler sur quelques aspects de mon discours. Si vous voulez confronter vos pensées aux miennes, il y a des moyens plus élégants. Car là, nous sommes réellement hors sujet :-).
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