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Parménide et la découverte du fait d'être.

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Le texte qui suit est le résultat de notes prises il y a plusieurs années dans un cours public donné par un enseignant à la Sorbonne. La personne qui a pris ces notes n'a plus le souvenir du nom de l'intervenant. Il m'a semblé intéressant de les partager ici plutôt que de les garder pour moi.



Parménide et la découverte du fait d'Être.


"Nous allons parler de la notion d'Être d'abord, puis de l'Être comme substantif ou verbe substantivé.

Au début "être" est un verbe. Chez les Grecs il avait un poids énorme. C'est ainsi que la philosophie a pu naître. Cela s'est produit à l'intérieur d'un peuple qui pensait en grec et qui parlait grec. La philosophie est née en Grèce et est restée un phénomène grec pendant six siècles. Ce n'est qu'ensuite, avant le début de notre ère, que des gens qui parlent et pensent en latin se mirent eux aussi à philosopher. Il y eu alors une cohabitation : les philosophes qui philosophent en grec et ceux qui philosophent en latin. Ensuite on philosophe en plusieurs langues.

Mais au début et pendant six siècles la philosophie a été un phénomène grec.

On peut se demander jusqu'à quel point le verbe "être" a eu un poids décisif dans l'origine de la philosophie. Pourquoi privilégier la Grèce si le verbe être se retrouve dans toutes les langues ? Pourquoi est-ce grâce au verbe être et à l'intérieur d'un peuple qui disait "être" en grec que la philosophie est née?"

Dernière édition par aliochaverkiev le Mar 31 Jan 2017 - 9:05, édité 1 fois

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"D'abord il y a des langues qui ne possédaient pas le verbe être. Les grecs possédaient le verbe "être" et le possèdent encore aujourd'hui.De plus il y a des langues anciennes et modernes qui, pour la notion d'être, possèdent plusieurs verbes. Il n' y a pas un verbe, il y a des douzaines de verbes pour faire allusion à des manières d'être. Une manière d'être est consacrée par un verbe, une autre manière d'être par un autre verbe. En revanche dans le cas de la langue grecque tout est différent.

Benveniste : "le Grec non seulement possède un verbe être ce qui n'est nullement un nécessité de toute langue mais il a fait de ce verbe des emplois tout à fait singuliers. La structure linguistique grecque prédisposait la notion d'être à une vocation philosophique".

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"Il ne faut pas oublier que "être" est d'abord un verbe. Il devient ensuite un substantif, le substantif : être. Le verbe être appartient à la langue courante c'est-à-dire au grec que l'on parlait chez soi et au grec que l'on écrivait quand Homère ou Hésiode et d'autres poètes ont écrit avant que la philosophie existe. C'était un mot courant. Les mots physis et logos étaient des mots rares. Ils appartenaient à la langue écrite et on suppose à la langue orale. Ils figuraient dans les poèmes homériques, ils figuraient chez Hésiode mais il s'agissait de mots plutôt rares. Physis une seule fois chez Homère, logos deux fois. En revanche le verbe être est partout dans les poèmes homériques comme il est aujourd'hui partout dans n'importe quelle langue qui possède le verbe être. Mais le verbe être, déjà dans les poèmes homériques, a plusieurs nuances, plusieurs significations. Vers la moitié du IV siècle Aristote dira : "l'être se vit d'une manière multiple" c'est-à dire le verbe être a une signification multiple".

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"Et lorsque Aristote dit cela il ne fait que regarder la langue grecque. Cette signification multiple du verbe être se trouve déjà dans les poèmes homériques. Comme en français on peut dire : "Marie est belle" et le verbe être a un sens copulatif. [copulatif : qui lie le sujet d'une proposition à l'attribut]. Nous pouvons dire : "Nous sommes à l'institut" et le verbe être a un sens locatif. "Cette montre est à moi" et le verbe être a un sens de possession...

Dans les poèmes homériques pareillement le verbe "einai" [ einai : être, en grec] avait plusieurs significations. Il avait surtout une signification qui s'est affaiblie dans le temps. C'était la signification forte surtout quand il n'est pas accompagné d'un prédicat : "Marie est belle", belle est un prédicat. Quand il n' y a pas de prédicat le verbe être a une signification forte, il est synonyme d'exister. Les dieux existent, en grec on dit "le dieu est" mais avec un sens fort. Le sens fort signifie être présent, être là. Attention nous sommes avant la philosophie. Ce sont des phénomènes de langue, la philosophie n'a rien à voir. C'est surtout ce sens fort du verbe être qui prédomine dans les poèmes homériques. Ce sens est un héritage de l'origine indo-européenne du mot être".

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"A l'origine le verbe être en grec avait une racine qui était assimilée au verbe respirer. Je respire, je suis, je suis vivant. Chez Homère le sens de respirer du verbe être a disparu, mais il reste le sens de présence, d'existence. Par exemple quand Homère fait allusion aux dieux il a cette formule "toujours vivants". C'est la seule différence entre un dieu et un homme. Pour les grecs les dieux sont nés, ils vivent comme nous mais ils ne meurent pas. Ils sont toujours vivants. Dans les textes grecs de l'Iliade ou de l'Odyssée il y a les dieux qui "sont toujours" : le verbe être est employé mais avec le sens de vivre. En plus avec l'adverbe "toujours" il y a le sens d'immortalité propre à la divinité.
Etant donné que dans la langue grecque le verbe être est omniprésent, il y a des modes, des temps du verbe être. Dès que nous entrons dans le domaine de la philosophie il y aura une forme du verbe être qui sera privilégiée. Il s'agit du participe présent du verbe (aimer---amant; protester--- protestant, croire---croyant), soit : étant".
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