Le Vicaire a écrit:Liber a écrit:Or, là où nous perdons beaucoup, c'est justement que tout ce qui a été créé de grand et de beau autrefois venait de cette capacité à être paresseux, y compris dans le travail, dont les Anciens savaient faire un loisir.
C'est ce qu'avance Bertrand Russel dans son Eloge de l'oisiveté, c'est la "paresse" des Anciens qui a sorti l'humanité de la barbarie en sachant cultiver les activités les plus humaines. Pour aller plus loin la paresse serait même la philosophie pratique de l'intelligence... Mais évidemment le malheur de l'homme est bien de ne pas pouvoir tenir en place seul dans une chambre pour paraphraser Pascal et donc de sombrer dans un excès de divertissement qui aujourd'hui fait du travail et de la consommation qu'il permet, la seule fin de notre post-modernité. Tout se complique alors dans une société qui est fondée sur le travail mais qui n'en donne plus pour tous et qui éduque ses enfants dans cette obsession du travail sans pour autant leur garantir qu'ils en auront un. Dès lors la question d'accepter n'importe quel travail devient crucial, car un formidable exercice de culpabilisation s'exerce sur les individus qui en sont privés pour qu'ils acceptent le premier travail venu. Ma question est de savoir si c'est bien la "dignité" d'un certain type de travail qui est en question et si la paresse intellectuelle d'un Eichmann mais aussi de chacun d'entre nous pourrait nous pousser à accepter une activité que la conscience refuse. ;)
Oui, on le voit, le piège circulaire dans la possible inversion entre cause et conséquence : plus on fait l'éloge du loisir, moins on encourage le travail et conséquence : moins il se crée d'emplois... mais ensuite l'insuffisance d'emplois va devenir un prétexte (une cause) qui va justifier le découragement à l'effort... cercle vicieux de la malice...
Sans oublier au passage que la noble paresse des Anciens était possible grâce au travail réservé aux esclaves.