Bonjour Kerso,
Êtes-vous vraiment sûr que les questions que se posent les philosophes sont toujours les mêmes ?
Voyez-vous, la science est facile. Il y a différentes branches, chaque branche est définie par son champ d'intérêt et à chacune est associé la méthode la plus appropriée. La philosophie, malheureusement, ne peut pas se permettre le luxe d'une telle simplicité, car ce serait justement faire d'elle une science...
Un scientifique appartient à une science (math, biologie, sociologie, etc.), et répond aux questions de cette science avec les méthodes de cette science. Il a la chance d'avoir un "destin", car nous le destinons à faire quelque chose, d'une certaine manière. Mais faire le même don à un philosophe reviendrait à le priver de son statut de philosophe... Le philosophe doit faire face à l'absurde de sa situation. Il ne pratique pas une philosophie comme on pratique une science, il élabore sa philosophie. C'est à lui de définir ses questions et ses méthodes.
Quelles questions se poser ? Métaphysique ? Éthique ? Esthétique ? Pourquoi celle-ci en particulier ? Quelle méthode adopter ? Critique de type kantien ? Réduction phénoménologique transcendantale husserlienne ? Herméneutique d'inspiration heideggerienne ? Ou peut-être une analyse logico-linguistique telle que les aiment les anglo-saxons ?
Il y a bien sûr des "philosophes" qui tentent de continuer ce qu'ont fait les précédents, en se posant les mêmes questions, et en tentant d'y répondre avec les mêmes méthodes. Mais ce à quoi l'on reconnaît le vrai philosophe est sa volonté de questionner les méthodes autant que les questions qui lui sont proposées, de leur donner un nouveau sens, et si nécessaire, d'en trouver d'autres.
Voir l'unité ou l'opposition de deux pensées n'est qu'une question de point de vue, et tant que les deux pensées ne sont pas strictement identiques, les deux approches sont autant valables l'une que l'autre. Il est par exemple de coutume d'affirmer la quasi-identité de Démocrite et d'Épicure. Et bien, un certain Karl Marx a tout de même réussi à les voir comme deux personnages radicalement différents, opposés en tout (vous pouvez trouver la réflexion en question ICI).
C'est à ce genre d'exercice que vous devez vous livrer. Le stoïcisme et l'épicurisme n'était pas véritablement de bons exemples... Prenez plutôt, pour rester dans les classiques, Platon et Diogène. Êtes-vous sûr de pouvoir affirmer qu'ils se posaient les mêmes questions ?
Car se sont bien les questions (ainsi que les méthodes) qu'il faut comparer. Les "réponses" sont somme toute très secondaires !
Et bien, étant pour ainsi dire bouddhiste, j'ai envie de vous répondre que non seulement d'un instant à l'autre le monde n'est plus le même (ou "ni le même, ni un autre"), vous non plus. Une pensée est toujours une création, et gagne toujours un nouveau sens de ses invocations, puisque jaillissant toujours de manière nouvelle dans un monde nouveau.
J'aimerais m'étendre un peu plus mais je n'en ai malheureusement pas le temps (révision...). A bientôt.
Êtes-vous vraiment sûr que les questions que se posent les philosophes sont toujours les mêmes ?
Voyez-vous, la science est facile. Il y a différentes branches, chaque branche est définie par son champ d'intérêt et à chacune est associé la méthode la plus appropriée. La philosophie, malheureusement, ne peut pas se permettre le luxe d'une telle simplicité, car ce serait justement faire d'elle une science...
Un scientifique appartient à une science (math, biologie, sociologie, etc.), et répond aux questions de cette science avec les méthodes de cette science. Il a la chance d'avoir un "destin", car nous le destinons à faire quelque chose, d'une certaine manière. Mais faire le même don à un philosophe reviendrait à le priver de son statut de philosophe... Le philosophe doit faire face à l'absurde de sa situation. Il ne pratique pas une philosophie comme on pratique une science, il élabore sa philosophie. C'est à lui de définir ses questions et ses méthodes.
Quelles questions se poser ? Métaphysique ? Éthique ? Esthétique ? Pourquoi celle-ci en particulier ? Quelle méthode adopter ? Critique de type kantien ? Réduction phénoménologique transcendantale husserlienne ? Herméneutique d'inspiration heideggerienne ? Ou peut-être une analyse logico-linguistique telle que les aiment les anglo-saxons ?
Il y a bien sûr des "philosophes" qui tentent de continuer ce qu'ont fait les précédents, en se posant les mêmes questions, et en tentant d'y répondre avec les mêmes méthodes. Mais ce à quoi l'on reconnaît le vrai philosophe est sa volonté de questionner les méthodes autant que les questions qui lui sont proposées, de leur donner un nouveau sens, et si nécessaire, d'en trouver d'autres.
Voir l'unité ou l'opposition de deux pensées n'est qu'une question de point de vue, et tant que les deux pensées ne sont pas strictement identiques, les deux approches sont autant valables l'une que l'autre. Il est par exemple de coutume d'affirmer la quasi-identité de Démocrite et d'Épicure. Et bien, un certain Karl Marx a tout de même réussi à les voir comme deux personnages radicalement différents, opposés en tout (vous pouvez trouver la réflexion en question ICI).
C'est à ce genre d'exercice que vous devez vous livrer. Le stoïcisme et l'épicurisme n'était pas véritablement de bons exemples... Prenez plutôt, pour rester dans les classiques, Platon et Diogène. Êtes-vous sûr de pouvoir affirmer qu'ils se posaient les mêmes questions ?
Car se sont bien les questions (ainsi que les méthodes) qu'il faut comparer. Les "réponses" sont somme toute très secondaires !
Juste une dernière question si je pousse à l'extrême, l'idée qu'une pensée ne vaut que dans son contexte, alors que vaut-elle en-dehors ? Pourquoi s'y attarder ? Y a-t-il 2 contextes identiques ?
Et bien, étant pour ainsi dire bouddhiste, j'ai envie de vous répondre que non seulement d'un instant à l'autre le monde n'est plus le même (ou "ni le même, ni un autre"), vous non plus. Une pensée est toujours une création, et gagne toujours un nouveau sens de ses invocations, puisque jaillissant toujours de manière nouvelle dans un monde nouveau.
J'aimerais m'étendre un peu plus mais je n'en ai malheureusement pas le temps (révision...). A bientôt.