Bonjour Phi Philo,
Grand merci pour votre réponse.
C'est en partant de votre texte « le Dieu de Spinoza » que je vous répond.
Il me semble que je suis entièrement d'accord avec votre texte, autant sur ce qu'il dit que sur ce qu'il ne dit pas... et que je souhaite donc vérifier auprès de vous.
Lorsque vous parlez du Dieu de Descartes et de Pascal, vous utilisez le mot « Dieu ».
Lorsque vous parlez du Dieu de Spinoza, vous précisez presque toujours « Dieu ou la nature ».
Sur Dieu et l'UniversDans mon texte, je reprend les idées « de Nature ou d'Univers ou de Tout » et plus précisément d'immanence, de holisme, de monisme et également de non finalisme. Concrètement dans mon texte je reprend presque toutes les propostions de E1, les idées qui en découlent, y compris celles de l'appendice. Reprises en remplaçant effectivement le mot « Dieu » par « Univers », ce qui rend ces propostitions beaucoup plus compréhensibles de nos jours
(Ci-dessous je réinsiste sur le choix de prémisses compréhensibles par tous). Le mot et le concept « d'Univers » conduit facilement à l'idée d'immanence, de holisme, de monisme, de non finalisme, de déterminations nécessaires, mais ce concept d'Univers conduit à ne pas retenir des prémisses telle « entendement suprême de l'Univers », point que je développe ci-dessous.[/left]
[left]Dans E1, je ne reprend pas ce que justement vous ne mentionnez pas dans votre texte, à savoir « l'entendement de Dieu » et partant tout ce qui peut en découler comme « entendement suprême », raison, vérité, essence « éternelle », entendement humain comme partie de l'entendement de Dieu, etc...Spinoza est très ambivalent à ce sujet, en particulier dans le scolie de E1-P17. Dans ce scolie de E1-P17, Spinoza dénonce ceux
« qui pensent pouvoir démontrer qu’un entendement suprême et une libre volonté appartiennent à la nature de Dieu » mais il parle quand même d'entendement de Dieu (
« Or l’entendement de Dieu est cause et de l’essence et de l’existence de notre entendement » que je transpose en « Or l’Univers est cause et de l’essence et de l’existence de notre entendement »).
Un Dieu transcendant, tel celui de Descartes, Pascal, Leibniz (« harmonie préétablie ») ayant une visée finaliste de création de l'Univers est de fait imaginé, par les philosophes cités, comme ayant ou étant LA raison. Avec le Dieu-Univers de Spinoza, cela n'est pas nécessaire.
Dieu dans les prémisses ?Pour un lecteur d'aujourd'hui, le choix du concept, de la substance, « Univers » au lieu de Dieu permet mieux l'adoption des concepts d'immanence, de holisme, de monisme et également de non finalisme. Elle permet également de mieux écarter l'idée d'un entendement suprême qui se conçoit d'ailleurs beaucoup plus facilement avec le Dieu transcendant de Leibniz qu'avec le Dieu-Nature de Spinoza. Je dis « pour un lecteur d'aujourd'hui » pour souligner également que les querelles de l'époque de Spinoza sur « quelle est la « bonne » idée de Dieu ? » n'ont plus trop court aujourd'hui (vous écrivez que « Spinoza dénonce lui-même l'
anthropomorphisme » ; Leibniz s'est fendu d'une réfutation de Spinoza). Ces querelles éclatent parfois et de manière assez violentes dans les discours religieux et les agissements suite à ces discours, mais pas en tout cas chez les philosophes et ce au moins depuis Kant : je vois bien des philosophes, dont vous, prendre acte de telle ou telle idée de Dieu mais jamais se prononcer pour dire qu'elle est la « bonne ». Je ne vois aucun philosophe ou scientifique « spinoziste » disant que la « bonne idée » de Dieu est celle de Spinozan ou mobilisant l'idée de Dieu de Spinoza alors que beaucoup mobilisent bien d'autres choses de lui (Monisme, affects et raison, nécessité de la nature, puissance de la multitude, etc..) Aussi, je ne propose pas de prémisses dépendantes d'une idée de Dieu pour tenir compte de l'entendement de mes éventuels lecteurs.
Démonstration géométriqueJ'adhère à ce que vous écrivez à propos du formalisme de Spinoza au regard de celui de Gödel.
Les théories logiques dont parle Gödel dans ses 2 théorèmes sont définies par des prémisses, une axiomatique récursive et une arithmétique. Son premier théorème dit que toute théorie, aussi bien construite que possible, a toujours quelques incomplétudes et des propositions indécidables. Son deuxième théorème dit, qu'une fois bien construite, la cohérence de la théorie procède uniquement de ses prémisses, indémontrables dans la théorie elle-même. Bref, Gödel montre qu'aucune théorie ne respecte absolument les 3 caractéristiques de Frege (cohérence, complétude, décidabilité). Cela vaut pour Euclide. Cela vaut pour Spinoza et ce d'autant plus que l'Éthique de Spinoza a de très nombreux prémisses (définitions, axiomes, postulats) ce qui rend plus délicat la cohérence de l'ensemble que par exemple pour Euclide (5 postulats). De plus, Spinoza a une arithmétique justement assez « carrée », affirmative. Il aurait pu dire, comme vous le faites remarquer, "
SI par substance j'entends …". Pour ma part, l'arithmétique que je choisis (selon mes affects, mes désirs) est plus « souple », plus « floue » (« plus », « moins », « assez », « plutôt », « la plupart », etc....). En tout cas, Spinoza mobilise une axiomatique récursive (toutes ses propositions sont des conséquences d'autres propositions démontrées « vraies » (« C.Q.F.D. ») ou de prémisses). Pour la plupart des humains, cette axiomatique récursive semble la plus adaptée pour montrer, modéliser, toutes les causes de la Nature et toutes leurs conséquences, bref pour montrer que toutes les choses de l'Univers sont déterminées par d'autres choses de l'Univers, uniquement.
Je joins à ce texte le texte français modifié, suite à vos commentaires.
Bien cordialement
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