PhiloGL a écrit: "Ces 3 mondes ne s'inscrivent pas dans le contexte de la science au sens des sciences de la nature. Ils relèvent d'un domaine qu'il faut dénommer autrement, disons la métaphysique". Aujourd'hui, m'étant intéressé à l'informatique après la biologie, [...] et ayant trouvé une affirmation péremptoire d'un biochimiste renommé qui m'a toujours plongé dans la perplexité : "l'information est une forme de l'énergie" (dans The molecular basis of biological energy transformations, Albert L. Lehninger), je me dis que la théorie des 3 mondes de Popper, ce n'est pas de la métaphysique mais une théorie de l'information, qu'il reste à développer dans le contexte des sciences de la nature.
Vous vous dites ce que vous voulez, mais ce que soutient Popper dans L
a Connaissance Objective est disons un peu plus profond que vos allégations à l'emporte-pièce. Dire que :
PhiloGL a écrit: le monde est constitué d’au moins trois sous-mondes ontologiquement distincts ; ou, dirais-je, il y a trois mondes : le premier est le monde physique, ou le monde des états physiques ; le second est le monde mental, ou le monde des états mentaux ; et le troisième est le monde des intelligibles, ou des idées au sens objectif ; c’est le monde des objets de pensée possibles : le monde des théories en elles-mêmes et de leurs relations logiques ; des argumentations en elles-mêmes ; et des situations de problèmes en elles-mêmes
Venant de la part d'un épistémologue positiviste du XX° siècle, cela devrait vous faire réfléchir un peu. Notamment du point de vue de la logique de l'argumentation. Parce que, de deux choses l'une : ou bien il n'y a qu'un seul monde (le
monde 1 ou
monde physique), ou bien, s'il y en a plusieurs (2, ou 3 ou n) et tous les mondes non-physiques sont, par définition, méta-physiques, non ?
PhiloGL a écrit: L'ADN des organismes contiendrait un ensemble de propositions dont la valeur de vérité déterminerait les possibilités de survie de ces organismes dans un environnement donné, et ces propositions, qui sont de l'information, seraient liées aux réactions biochimiques de production et consommation d'énergie dont l'efficacité conditionne le succès évolutif des organismes.
Des propositions dans l'ADN ??!! C'est à mourir de rire ! Au moins Fodor avec son
language of thought et Chomsky avec sa
transformational generative grammar situent-ils le niveau computationnel du langage archaïque dans le cerveau humain conçu comme une sorte d'ordinateur. Pas dans l'ADN !!!! Personnellement, je croyais qu'un brin d'ADN était constitué d'un certain nombre de nucléotides, chacun comprenant un acide nucléique (adénine, guanine, thymine ou cytosine), d'un désoxyribose et d'un phosphate. Mais bon, votre culture scientifique dépasse manifestement la mienne, alors... Il est vrai que l'on parle souvent d'
information génétique ou de
code génétique à propos des séquences de nucléotides qui se transforment en ARN puis en protéine. Mais, outre qu'il s'agit là d'une analogie, il faudra m'expliquer comment vous vous y prendriez (car je constate que vous utilisez tout de même le conditionnel, comme les journalistes qui parlent sans savoir) pour déterminer la
valeur de vérité d'une séquence ACCCTTAAAAGGCC !!! Bref, non nageons en plein délire scientiste.
PhiloGL a écrit: C'est une blague ? Il y a encore des gens aujourd'hui qui pensent comme nos ancêtres gréco-latins vivant il y a plus de 2000 ans ? Les quatre éléments !!! Je suis sur mon séant.
Il est vrai que, depuis l'apparition du WIFI, Patanjali, Zarathoustra, le Bouddha, Héraclite, Platon, le Christ, Mahomet et, d'une manière plus générale, tous les sages, les prophètes, les philosophes, les poètes, les écrivains n'ont plus rien à nous apprendre. Encore que... tiens, écoutez donc cette chanson. Ridicule et arrogante vulgarité du scientisme !
Zeugme a écrit: Si nous proposons que l’intelligence soit dans son acte, une requalification d’une information à partir de la discontinuité de l’information sensible, il y a une proportionnalité positive à ce que le contact entre les sens et le milieu de vie soit en retour fortement modifié par l’activité de l’intelligence puisque tout échange (comme toute relation) fait participer les deux pôles par symbiose, à savoir le milieu et le corps, avec un diverse rapport entre la qualité et la quantité, c’est à ce point que tout le devenir des techniques dans le travail en porte l’évidence puisqu’elles sont les restes de l’action de l’intelligence pour remédier à cette disjonction entre les sens et le milieu de vie…
Ainsi la place de l’intelligence dans la nature serait la continuité d’un contact discontinu des sens, ou plus exactement de l’impermanence d’une direction de l’information sensible qui aurait rendu possible un nouveau cadre de gestion de l’information, jusqu’au point où les premiers raisonnements ont établi une figuration complexe du monde et sont à l’origine des cultures civilisationnelles…
Ce que vous dites est intéressant (ça change un peu de ce qui précède !). D'autant plus que cela recoupe l'étymologie latine de la racine du terme
intelligence :
inter-ligo "je fais la liaison entre ..." ou
inter-lego "je lis entre (les lignes)". Par ailleurs, cela correspond,
grosso modo, à la conception humienne de la perception sensible en termes de données discontinues des sens dont la continuité serait assurée par des inférences spontanées et inconscientes exigées par la nécessité de survivre et positivement sanctionnées puis renforcées par l'habitude vitale (la sanction négative étant l'inhibition de l'habitude par la douleur ou la mort). Nous pouvons néanmoins faire au moins deux objections :
- on en reste là au niveau de la psychologie individuelle et on fait l'impasse sur les conditions sociales d'existence des organismes biologiques (pas uniquement humains, d'ailleurs) qui imposent à l'
intelligence des contraintes de communication, de compréhension et d'ajustement mutuels
- à supposer que l'
intelligence soit bien une instance d'
information du corps, il n'y a aucune raison de réduire cette fonction à une
représentation du monde extérieur pour l'organisme percevant, ce qui impose la notion d'
image mentale et suscite toute une série de difficultés conceptuelles (sophisme de l'homoncule, statut de l'image des objets inexistants, nature des "représentations" non-visuelles, etc.) ; en d'autres termes, l'
information peut être conçue, au sens étymologique du terme, comme une
in-formation, c'est-à-dire comme la faculté de donner une
forme à la
matière corporelle (cf. mon article).
Je me souviens d'une discussion sur un autre forum du concept d'être-pour-la-mort de Heidegger, que Hannah Arendt a réussi à lui faire transformer en être-vers-la-mort.
Non. C'est un simple problème de traduction de la préposition
zum dans
Sein zum Tode. Hannah Arendt n'a aucune responsabilité là-dedans.
Je soutenais qu'il n'y a pas qu'une métaphysique neutre spirituelle, et intemporelle, projection dans notre monde réel temporel et intelligible de l'Idée de Métaphysique - pour faire platonicien brièvement - mais surtout chez lui quelque chose de profondément ancré dans la culture germanique et surtout de son époque. Donc d'ancré dans la politique alors qu'objectivement métaphysique et politique se marient difficilement voire pas du tout.
L'Être chez Heidegger j'y soutenais c'est l'Être allemand (Seyn en vieil allemand) et pour-la-mort cela signifie qu'il est prêt à mourir pour le Führer cet Être-là. Et aussi mourir pour l'Allemagne qui est la Sainte Allemagne bien sûr...
C'est, en gros, ce que soutient Pierre Bourdieu dans son ouvrage
L'Ontologie Politique de Martin Heidegger.
Tout ça pour revenir au sujet par ce biais indirect et dire qu'en Occident nous sommes dualiste et cartésien alors qu'en Orient on est spiritualiste et sensualiste. Et que la vision ou conception de Dehaene de la conscience via un "code de la conscience" serait très loin voire complètement différente de celle d'un moine bouddhiste : je ne connais pas assez l'Orient pour développer même si ce dernier revient à la mode régulièrement.
Sur ce point, cf. la dernière partie de mon article Nécessité du Dualisme Corps-Esprit.