Suite...
Spoiler :
7. Pourquoi l'inventivité tend à cette émancipation et plus particulièrement à l’autonomisation ?
Sans doute pour deux raisons, l'une est du côté individuel à savoir la démarcation de telle personne face au groupe recherchant son unicité, l'autre est du côté du groupe, la recherche d'unification dans un élan communautaire (société et représentation politique) ...
Ainsi, la notion d'unicité et donc d'unification personnelle semble être à l’œuvre dans deux moments de l’inventivité, le premier fait que l'individu qui invente est nécessairement en recherche d’émancipation avec le groupe, mais lui conférant aussi une possibilité de relation nouvelle, et ce faisant lui est unifié avec de nouveaux paradigmes, puis étant nouvellement qualifié par cette unité, le groupe produit de nouveaux individus inventifs pouvant continuer cette mise en relation.
Et du fait de l’inventivité, une autonomisation peut émerger dans la relation fonctionnelle qui est établie entre l’individu et le groupe, comme nous le voyons dans l’innovation technique qui place l’inventivité comme réactivation des relations dans le groupe…
Et c'est bien évidement en ressemblance avec le fonctionnement cérébrale que cette "évolution technique" par l’inventivité se constitue, et il est évident que cette analogie propre soit en tout domaine de l'inventivité, une des causes de son universalisation, mais aussi de la dérive d’autonomisation des individus par les moyens techniques…
Pourtant, ce qui est conforme à la structure de tout développement qui repose sur l’innovation, devrait se trouver être aussi la somme des qualités humaines contenues dans la société, car elles sont aussi utilisées et donc en usage dans l'éducation des nouvelles générations,
C'est pourquoi si l'évolution technique est devenue contre-nature pour se développer, c'est qu'elle a dû s’assujettir de nouvelles zones d'autonomisations de l'individu sur le groupe et du groupe sur l'individu, faisant naître une situation de conflit et de sélection arbitraire que nous retrouvons dans le problème du chômage ou des cracks économiques par exemples…
8. Distinction entre l’émancipation et l’autonomisation par le travail
Ce qui se trouve dans l’élan de l’émancipation par le travail, c’est avant tout une disposition à l’autonomie comme appropriation des relations avec le milieu de vie et bien évidemment avec les autres vivants qui s’y trouvent, en passant de la passivité à l’activité, alors que l’autonomisation dans son premier élan, est avant tout une recherche de rupture avec ces relations, et en fin de compte une envie de rompre toutes dépendances.
Le travail peut opérer les deux car il est à la frontière des formes antinomiques que sont la matière et la vie et intervient pour leur potentielle unification, c’est pour cela qu’il peut alternativement passer dans sa fonctionnalité, d’une recherche d’émancipation à une autonomisation, la première s’originant dans le mouvement qualitatif et vital du corps par l’échange, la deuxième dans sa matérialité mobile par le partage quantitatif.
Les actions co-générés par le travail sont autant de canaux ouverts entre la disposition matérielle du corps à être dans une position de domination et en même temps de soumission au milieu de travail par les règles d’efficiences qui structurent chaque travail, qu’il soit manuel, intellectuel ou la plupart des fois mixte.
C’est pourquoi pour l’humain, le travail est la continuité immédiatement dans la poursuite de ses projets, de sa participation active au déplacement des bases de la nécessité de survie de ses besoins, et se prolonge par volonté d’inventivité vers ses envies.
Toutes les formes de maîtrises des énergies autres que celle de sa force musculaire telles que : la force animale, le vent, l'eau, le pétrole, l’électricité, etc., ont subtilisé au corps une part de sa présence au monde, en le privant de sa dynamique corporelle directe sur la matière, de fait c'est donc une émancipation par l'inventivité cérébrale qui est devenue distinctement autonome en vis à vis de la force musculaire, et comme un dénominateur commun dans la complexification du travail.
Ainsi pour établir de nouvelles perspectives de présence au monde de l’individu, les cultures technologiques ont opté pour une généralisation du travail mécanisé, par l’efficience et l’autonomisation, puisqu’elles permettent toutes les deux de faire du corps un simple vecteur dans la poursuite du projet d’émancipation à la suite de l’autonomie, ce qui est évidemment une erreur de jugement puisque l’autonomie n’est jamais totale et qu’elle ne permet aucune réelle autonomisation naturelle.
9. Développement
Ceci établi, nous pouvons maintenant reprendre les singularités de l'usage que nous énumérions au début : si l'usage de machines complexes ou de machines à usage quotidien, voir continu, est confondu avec un travail, ou une utilisation, dans le premier cas il deviendra un enfermement irréversible dans la notion de "progrès" qui est le maintien d’une évolution par une puissance artificielle, (technique, technologique, scientifique mais souvent par les trois associés), dans le second cas l’utilisation réduira la présence humaine à une option satellitaire de l'attractivité fonctionnelle d'un autre milieu que celui de la nature qui fait vivre cette présence, ces autres milieu sont les systèmes financier, politique, artistiques ou sportif par exemples.
Ce qui est en discussion autour de l’usage/travail/utilisation en ce début de siècle tourne autour du développement durable, mais là encore n’y a-t-il pas une confusion première dans les termes si par « développement » nous présentons une disposition stable à suivre l’évolution naturelle, et que nous opérons collectivement une stratégie d’autonomisation artificielle ?
De ce point de vue, l’usage est plus particulièrement réduit à une continuité pratique de l’habitus, et il est assez aisé de comprendre qu’il est aussi sous cette réduction, une contiguïté d’un système progressif forçant la formalisation du geste autant que de la parole.
C’est pourquoi il devient lui-même en tant qu’usage, une source de conditionnement aussi prégnante que le conditionnement efficient de la conscience dans le travail, ou que le réflexe conditionné dans l’utilisation quotidienne de machines, devenant même spécifiquement par les machines complexes une cause d’effets induits indésirables, comme par exemple l’addiction au Web.
10. L’usage du réseau interconnecté : le Web
Et particulièrement pourquoi l'usage du Web est cause de dispersion du bon sens qui repose naturellement sur un contact direct avec la réalité, ou s'il s'agit d'idée, sur la pérennité du recoupement d'informations (conscience du réel), d'où devrait émerger une cohésion cohérente que l'on nomme "vérité de jugement".
L'usage du Web pose avec récurrence une question à tous ces utilisateurs, celle de se positionner au travers une reconstruction du réel, avec une somme grandissante d'informations faisant de facto, par l'acceptation de ce nouveau monde, une adhésion au principe de la mise en commun différenciée, ce qui conduit à l'oubli du bon sens personnel et à l'adoption d'un jugement aléatoire au gré des courants dominants, car la différenciation d’un réseau complexe n’est pas orientée vers la même fin que celle de la personne humaine…
Il ne subsiste même chez certaines personnes que l'enveloppe de leur conscience personnelle, c'est-à-dire uniquement une conformité à l'information quantitativement référencée, comme seule forme de leur notion du vrai, ce qui les conduit à s'opposer aux autres groupes non dominants, puisqu'ils sont inconciliables dès lors à la pleine acceptation de cette nouvelle vision quantitative et différencié du monde.
Ainsi la conduite complexe en ce milieu de référencement uniquement ajusté par des significations additionnelles, sera de s'adapter au mieux (parfois au pire aussi) à ‘‘l'ambiance générale’‘, aux flux croisés de perspectives soutenus par les causes matérielle et exemplaire, car il en va de ce monde virtuel comme d'une empreinte, c'est en creux et par enfoncement que se stabilise le mouvement social dans un partage sur le Web.
Alors que le bon sens établissait, dans une recherche d’équilibre, un pont entre l’individu et son milieu de vie par la sensation, la virtualité du Web impose un hyperlien aveugle quant à sa constitution structurelle de significations interconnectés.
Car les notions de recherche, de prudence et de satisfaction sont mêlées en une seule appréhension régulée uniquement par la validation de données non-définies à un usage propre en vue du sens ; mais, et c'est là la perte majeure du bon sens ou plus exactement sa dispersion, il se produit un transfert de responsabilité qui en ce nouveau monde du Web est une condition matérielle indissociablement unie à sa fonctionnalité virtuelle, à savoir son encodage numérique.
En effet la dématérialisation de la présence physique opère une distanciation du sens ultime de la communication, et implique ce transfert de responsabilité puisqu'il ne peut exister en un monde virtuel une autre unité que celle de l'anonymat conditionnel du traitement de l'information encodée numériquement, qui n'est plus alors un lieu d'échanges aussi responsabilisé que le réel, et qui ne se contente que de répartir des données, non pas par leurs sens, mais uniquement par leurs significations codées numériquement, c’est-à-dire leur volume de consultation d’entrées et par la rémanence des liens.
Le sens de la communication dans le monde réel des corps matériels, qui naturellement doit se "contenter" d'un conditionnement géographique et temporel, (que l'écrit avait déjà étendu en espace et temps à des dimensions presque surhumaines), est remplacé par ce que propose (et de fait impose) le monde du Web, à savoir une dispersion binaire de fluctuation des liens qui sera pour chaque personne une composante avec son propre sens de la communication, atteignant dès lors une impossibilité de visualisation de l’effet produit et donc de contrôle du sens, mais uniquement un report continu des significations…
Alors il reste deux questions : pourquoi la communication de la pensée sur le Web est-elle réduite aux seules causes matérielle et exemplaire ?
Et est-ce parce que la fonctionnalité de ce vecteur est uniquement un traitement d'informations algorithmique que ce mode de répartition de l’information conditionne son utilisation et produit un usage spécifiquement réduit aux significations ?
À ces deux questions nous aurions bon droit de retracer, par l’historique évolutif du Web, ce qui nous conduit à l’utiliser comme dédoublement pratique du monde réel, mais reste que, si par l’usage de ce moyen il y a bien une mutation irréversible de la conscience d’être au monde, ce ne sera que par une analyse du mode d’intelligibilité produit par le web que nous aurons une réponse satisfaisante…
11. La place de l’outil dans l’évolution de l’humain
Pour le moment il est plus utile de s’interroger sur la place spécifique de l’outil dans l’évolution des relations entre humains, mais tout d’abord il est indispensable de s’arrêter sur ce qu’est la singularité, car l’humain lui doit l’appropriation de l’outil comme extension de sa capacité à se singulariser, et donc à percevoir son identité par voie d’identification au groupe…
Et voici en aparté, une explicitation des cinq causes, car elles sont les ‘‘outils premiers’‘ de l’intelligence en acte… « Les cinq causes sont comme les rayons d'une même roue, dirigés vers le centre, et c'est lui qui est leurs raisons d'être, quel que soit l'objet que l'on y place, il est rendu mobile et déroule son devenir par son être... »
Si donc l’outil a été un des vecteurs principal de la singularisation de l’individu dans le groupe (on pense par extension aux métiers qui ont servi de patronyme, ou de l’inscription de la profession sur les anciennes cartes d’identités) tout comme celle du groupe humain dans la nature face aux autres groupes d’animaux (la maîtrise du feu par exemple), c’est par l’outil que se produisit la plus particulière redéfinition de l’activité physique et donc d’une part de l’évolution globale de l’humain…
Et en ce qui concerne la singularité, nous serions assez vite orientés à trouver que la cause exemplaire est déterminante dans sa stabilisation beaucoup plus que l’une des quatre autres causes...
Pourtant il n'en est rien, car la singularité est une prédominance d'un équilibre entre la cause formelle et la cause finale, pour s'en rendre compte il suffit de faire correspondre les points de ruptures que la singularité nous propose par ses divers objets du réel.
Car ses points de ruptures sont formellement et finalement une transduction, dans une appropriation du Tout par l'unité, ce par quoi le lieu et la limite sont de nouveau unis en une réalité n'aillant qu'un rapport de proximité relationnelle avec les autres réalités.
Et là où la relation est nécessairement existante comme continuité du semblable au semblable, la singularité pose une présence sans relation, ou plus exactement elle pose une nouvelle possibilité de relation, ce qui interroge donc sur le réel comme fini ou infini, puisque la singularité est dans le temps et l’espace une disposition aux deux.
En effet la singularité est la position propre d’un temps et d’un espace à générer sa stabilité, ou dit autrement, elle est un phénomène de stabilité du réel par unification des deux…
C’est aussi pourquoi la singularité pose une difficulté comme ‘‘nouveauté incohérente’‘ car le fait que notre acte intellectuel connaît par distinction entre le connu et l'inconnu, ramenant l'inconnu à une continuité avec le connu, rend spécifiquement l’intelligibilité de la singularité comme un fait de rupture radicale…
C'est aussi pourquoi elle ne peut être connue comme telle que d'une manière analogique, or de toutes les analogies, seules celles selon la forme et la finalité peuvent rendre compte de la singularité parce qu’elle est une délimitation selon leurs points de ruptures (forme et fin).
Il est nécessaire de prendre un mode analogique pour en percevoir l'importance, mais connaître analogiquement n'est pas connaître par le mode conceptuel commun, c'est pourquoi il est aussi important de ne pas chercher à définir la singularité, mais à la considérer comme un réel à priori inconnaissable...
Ce ne sera qu'après avoir admis le premier principe d'existence des êtres singuliers que la singularité sera elle aussi connue pour ce qu’elle est…
12. Les armes comme outils préfigurant les machines
Le cas particulier des armes comme outils préfigurant les machines pose en effet un suite de difficultés quant à l’intégration de l’outil dans l’évolution de l’espèce humaine, car en tant qu’objets de destruction ou de représentation symbolique du pouvoir (volonté de puissance vue plus haut), les armes restent une énigme pour les accepter comme des réalités naturelles positives de défense et d’obtention de nourriture et signaleraient donc par leur production, un passage spécifique de l’évolution de l’espèce humaine…
Si nous considérons les armes uniquement comme des outils coercitifs, étant seulement utiles dans les cas où une situation ne puisse être envisagée que dans un rapport de force entre plusieurs individus, nous leurs octroyons une place similaire à ce que produit la machine lorsque nous l’utilisons face à une matière que nous voulons asservir, c’est pourquoi l'usage des armes semblent préfigurer celui des machines…
Mais comme nous avons vu plus haut si le langage est l’origine naturelle des machines, par ce qu’il prédispose de possibles dans la reproduction de la signification, nous pourrions dire que les armes en sont l’origine artificielle, jusqu'à ce que l’usage des armes signale la fin de la communication naturelle par le langage, et qu'en retour le langage puisse même parfois être identifié (utilisé) comme une arme…
Si que ces deux modes d’origination des machines se recoupent en bien des points, nous retrouvons aussi en quoi ils se joignent dans les cas où le langage devient l’usage propre d’une machine comme pour l’ordinateur et ses extensions programmatiques comme le Web, dans la guerre de l'information continue...
13. Conclusion
Et en conclusion nous voyons donc que l’usage est comme une agora et donc comme un lieu de proclamation et un lieu donc où l’échange peut devenir supplétive du simple partage, car en termes de vie quotidienne le travail et l’utilisation reste plus dépendants du partage que la matière permet par les lois de répartitions des corps dans leurs limites, mais dès que la vie devient spécifiquement un conditionnement stable, c’est l’usage et donc l’échange qui prend le relais…
"Fasse que la bonne volonté des humains garde au partage ce qui lui revient et se tourne vers l'échange tant qu'il en est encore temps..."
Sans doute pour deux raisons, l'une est du côté individuel à savoir la démarcation de telle personne face au groupe recherchant son unicité, l'autre est du côté du groupe, la recherche d'unification dans un élan communautaire (société et représentation politique) ...
Ainsi, la notion d'unicité et donc d'unification personnelle semble être à l’œuvre dans deux moments de l’inventivité, le premier fait que l'individu qui invente est nécessairement en recherche d’émancipation avec le groupe, mais lui conférant aussi une possibilité de relation nouvelle, et ce faisant lui est unifié avec de nouveaux paradigmes, puis étant nouvellement qualifié par cette unité, le groupe produit de nouveaux individus inventifs pouvant continuer cette mise en relation.
Et du fait de l’inventivité, une autonomisation peut émerger dans la relation fonctionnelle qui est établie entre l’individu et le groupe, comme nous le voyons dans l’innovation technique qui place l’inventivité comme réactivation des relations dans le groupe…
Et c'est bien évidement en ressemblance avec le fonctionnement cérébrale que cette "évolution technique" par l’inventivité se constitue, et il est évident que cette analogie propre soit en tout domaine de l'inventivité, une des causes de son universalisation, mais aussi de la dérive d’autonomisation des individus par les moyens techniques…
Pourtant, ce qui est conforme à la structure de tout développement qui repose sur l’innovation, devrait se trouver être aussi la somme des qualités humaines contenues dans la société, car elles sont aussi utilisées et donc en usage dans l'éducation des nouvelles générations,
C'est pourquoi si l'évolution technique est devenue contre-nature pour se développer, c'est qu'elle a dû s’assujettir de nouvelles zones d'autonomisations de l'individu sur le groupe et du groupe sur l'individu, faisant naître une situation de conflit et de sélection arbitraire que nous retrouvons dans le problème du chômage ou des cracks économiques par exemples…
8. Distinction entre l’émancipation et l’autonomisation par le travail
Ce qui se trouve dans l’élan de l’émancipation par le travail, c’est avant tout une disposition à l’autonomie comme appropriation des relations avec le milieu de vie et bien évidemment avec les autres vivants qui s’y trouvent, en passant de la passivité à l’activité, alors que l’autonomisation dans son premier élan, est avant tout une recherche de rupture avec ces relations, et en fin de compte une envie de rompre toutes dépendances.
Le travail peut opérer les deux car il est à la frontière des formes antinomiques que sont la matière et la vie et intervient pour leur potentielle unification, c’est pour cela qu’il peut alternativement passer dans sa fonctionnalité, d’une recherche d’émancipation à une autonomisation, la première s’originant dans le mouvement qualitatif et vital du corps par l’échange, la deuxième dans sa matérialité mobile par le partage quantitatif.
Les actions co-générés par le travail sont autant de canaux ouverts entre la disposition matérielle du corps à être dans une position de domination et en même temps de soumission au milieu de travail par les règles d’efficiences qui structurent chaque travail, qu’il soit manuel, intellectuel ou la plupart des fois mixte.
C’est pourquoi pour l’humain, le travail est la continuité immédiatement dans la poursuite de ses projets, de sa participation active au déplacement des bases de la nécessité de survie de ses besoins, et se prolonge par volonté d’inventivité vers ses envies.
Toutes les formes de maîtrises des énergies autres que celle de sa force musculaire telles que : la force animale, le vent, l'eau, le pétrole, l’électricité, etc., ont subtilisé au corps une part de sa présence au monde, en le privant de sa dynamique corporelle directe sur la matière, de fait c'est donc une émancipation par l'inventivité cérébrale qui est devenue distinctement autonome en vis à vis de la force musculaire, et comme un dénominateur commun dans la complexification du travail.
Ainsi pour établir de nouvelles perspectives de présence au monde de l’individu, les cultures technologiques ont opté pour une généralisation du travail mécanisé, par l’efficience et l’autonomisation, puisqu’elles permettent toutes les deux de faire du corps un simple vecteur dans la poursuite du projet d’émancipation à la suite de l’autonomie, ce qui est évidemment une erreur de jugement puisque l’autonomie n’est jamais totale et qu’elle ne permet aucune réelle autonomisation naturelle.
9. Développement
Ceci établi, nous pouvons maintenant reprendre les singularités de l'usage que nous énumérions au début : si l'usage de machines complexes ou de machines à usage quotidien, voir continu, est confondu avec un travail, ou une utilisation, dans le premier cas il deviendra un enfermement irréversible dans la notion de "progrès" qui est le maintien d’une évolution par une puissance artificielle, (technique, technologique, scientifique mais souvent par les trois associés), dans le second cas l’utilisation réduira la présence humaine à une option satellitaire de l'attractivité fonctionnelle d'un autre milieu que celui de la nature qui fait vivre cette présence, ces autres milieu sont les systèmes financier, politique, artistiques ou sportif par exemples.
Ce qui est en discussion autour de l’usage/travail/utilisation en ce début de siècle tourne autour du développement durable, mais là encore n’y a-t-il pas une confusion première dans les termes si par « développement » nous présentons une disposition stable à suivre l’évolution naturelle, et que nous opérons collectivement une stratégie d’autonomisation artificielle ?
De ce point de vue, l’usage est plus particulièrement réduit à une continuité pratique de l’habitus, et il est assez aisé de comprendre qu’il est aussi sous cette réduction, une contiguïté d’un système progressif forçant la formalisation du geste autant que de la parole.
C’est pourquoi il devient lui-même en tant qu’usage, une source de conditionnement aussi prégnante que le conditionnement efficient de la conscience dans le travail, ou que le réflexe conditionné dans l’utilisation quotidienne de machines, devenant même spécifiquement par les machines complexes une cause d’effets induits indésirables, comme par exemple l’addiction au Web.
10. L’usage du réseau interconnecté : le Web
Et particulièrement pourquoi l'usage du Web est cause de dispersion du bon sens qui repose naturellement sur un contact direct avec la réalité, ou s'il s'agit d'idée, sur la pérennité du recoupement d'informations (conscience du réel), d'où devrait émerger une cohésion cohérente que l'on nomme "vérité de jugement".
L'usage du Web pose avec récurrence une question à tous ces utilisateurs, celle de se positionner au travers une reconstruction du réel, avec une somme grandissante d'informations faisant de facto, par l'acceptation de ce nouveau monde, une adhésion au principe de la mise en commun différenciée, ce qui conduit à l'oubli du bon sens personnel et à l'adoption d'un jugement aléatoire au gré des courants dominants, car la différenciation d’un réseau complexe n’est pas orientée vers la même fin que celle de la personne humaine…
Il ne subsiste même chez certaines personnes que l'enveloppe de leur conscience personnelle, c'est-à-dire uniquement une conformité à l'information quantitativement référencée, comme seule forme de leur notion du vrai, ce qui les conduit à s'opposer aux autres groupes non dominants, puisqu'ils sont inconciliables dès lors à la pleine acceptation de cette nouvelle vision quantitative et différencié du monde.
Ainsi la conduite complexe en ce milieu de référencement uniquement ajusté par des significations additionnelles, sera de s'adapter au mieux (parfois au pire aussi) à ‘‘l'ambiance générale’‘, aux flux croisés de perspectives soutenus par les causes matérielle et exemplaire, car il en va de ce monde virtuel comme d'une empreinte, c'est en creux et par enfoncement que se stabilise le mouvement social dans un partage sur le Web.
Alors que le bon sens établissait, dans une recherche d’équilibre, un pont entre l’individu et son milieu de vie par la sensation, la virtualité du Web impose un hyperlien aveugle quant à sa constitution structurelle de significations interconnectés.
Car les notions de recherche, de prudence et de satisfaction sont mêlées en une seule appréhension régulée uniquement par la validation de données non-définies à un usage propre en vue du sens ; mais, et c'est là la perte majeure du bon sens ou plus exactement sa dispersion, il se produit un transfert de responsabilité qui en ce nouveau monde du Web est une condition matérielle indissociablement unie à sa fonctionnalité virtuelle, à savoir son encodage numérique.
En effet la dématérialisation de la présence physique opère une distanciation du sens ultime de la communication, et implique ce transfert de responsabilité puisqu'il ne peut exister en un monde virtuel une autre unité que celle de l'anonymat conditionnel du traitement de l'information encodée numériquement, qui n'est plus alors un lieu d'échanges aussi responsabilisé que le réel, et qui ne se contente que de répartir des données, non pas par leurs sens, mais uniquement par leurs significations codées numériquement, c’est-à-dire leur volume de consultation d’entrées et par la rémanence des liens.
Le sens de la communication dans le monde réel des corps matériels, qui naturellement doit se "contenter" d'un conditionnement géographique et temporel, (que l'écrit avait déjà étendu en espace et temps à des dimensions presque surhumaines), est remplacé par ce que propose (et de fait impose) le monde du Web, à savoir une dispersion binaire de fluctuation des liens qui sera pour chaque personne une composante avec son propre sens de la communication, atteignant dès lors une impossibilité de visualisation de l’effet produit et donc de contrôle du sens, mais uniquement un report continu des significations…
Alors il reste deux questions : pourquoi la communication de la pensée sur le Web est-elle réduite aux seules causes matérielle et exemplaire ?
Et est-ce parce que la fonctionnalité de ce vecteur est uniquement un traitement d'informations algorithmique que ce mode de répartition de l’information conditionne son utilisation et produit un usage spécifiquement réduit aux significations ?
À ces deux questions nous aurions bon droit de retracer, par l’historique évolutif du Web, ce qui nous conduit à l’utiliser comme dédoublement pratique du monde réel, mais reste que, si par l’usage de ce moyen il y a bien une mutation irréversible de la conscience d’être au monde, ce ne sera que par une analyse du mode d’intelligibilité produit par le web que nous aurons une réponse satisfaisante…
11. La place de l’outil dans l’évolution de l’humain
Pour le moment il est plus utile de s’interroger sur la place spécifique de l’outil dans l’évolution des relations entre humains, mais tout d’abord il est indispensable de s’arrêter sur ce qu’est la singularité, car l’humain lui doit l’appropriation de l’outil comme extension de sa capacité à se singulariser, et donc à percevoir son identité par voie d’identification au groupe…
Et voici en aparté, une explicitation des cinq causes, car elles sont les ‘‘outils premiers’‘ de l’intelligence en acte… « Les cinq causes sont comme les rayons d'une même roue, dirigés vers le centre, et c'est lui qui est leurs raisons d'être, quel que soit l'objet que l'on y place, il est rendu mobile et déroule son devenir par son être... »
Si donc l’outil a été un des vecteurs principal de la singularisation de l’individu dans le groupe (on pense par extension aux métiers qui ont servi de patronyme, ou de l’inscription de la profession sur les anciennes cartes d’identités) tout comme celle du groupe humain dans la nature face aux autres groupes d’animaux (la maîtrise du feu par exemple), c’est par l’outil que se produisit la plus particulière redéfinition de l’activité physique et donc d’une part de l’évolution globale de l’humain…
Et en ce qui concerne la singularité, nous serions assez vite orientés à trouver que la cause exemplaire est déterminante dans sa stabilisation beaucoup plus que l’une des quatre autres causes...
Pourtant il n'en est rien, car la singularité est une prédominance d'un équilibre entre la cause formelle et la cause finale, pour s'en rendre compte il suffit de faire correspondre les points de ruptures que la singularité nous propose par ses divers objets du réel.
Car ses points de ruptures sont formellement et finalement une transduction, dans une appropriation du Tout par l'unité, ce par quoi le lieu et la limite sont de nouveau unis en une réalité n'aillant qu'un rapport de proximité relationnelle avec les autres réalités.
Et là où la relation est nécessairement existante comme continuité du semblable au semblable, la singularité pose une présence sans relation, ou plus exactement elle pose une nouvelle possibilité de relation, ce qui interroge donc sur le réel comme fini ou infini, puisque la singularité est dans le temps et l’espace une disposition aux deux.
En effet la singularité est la position propre d’un temps et d’un espace à générer sa stabilité, ou dit autrement, elle est un phénomène de stabilité du réel par unification des deux…
C’est aussi pourquoi la singularité pose une difficulté comme ‘‘nouveauté incohérente’‘ car le fait que notre acte intellectuel connaît par distinction entre le connu et l'inconnu, ramenant l'inconnu à une continuité avec le connu, rend spécifiquement l’intelligibilité de la singularité comme un fait de rupture radicale…
C'est aussi pourquoi elle ne peut être connue comme telle que d'une manière analogique, or de toutes les analogies, seules celles selon la forme et la finalité peuvent rendre compte de la singularité parce qu’elle est une délimitation selon leurs points de ruptures (forme et fin).
Il est nécessaire de prendre un mode analogique pour en percevoir l'importance, mais connaître analogiquement n'est pas connaître par le mode conceptuel commun, c'est pourquoi il est aussi important de ne pas chercher à définir la singularité, mais à la considérer comme un réel à priori inconnaissable...
Ce ne sera qu'après avoir admis le premier principe d'existence des êtres singuliers que la singularité sera elle aussi connue pour ce qu’elle est…
12. Les armes comme outils préfigurant les machines
Le cas particulier des armes comme outils préfigurant les machines pose en effet un suite de difficultés quant à l’intégration de l’outil dans l’évolution de l’espèce humaine, car en tant qu’objets de destruction ou de représentation symbolique du pouvoir (volonté de puissance vue plus haut), les armes restent une énigme pour les accepter comme des réalités naturelles positives de défense et d’obtention de nourriture et signaleraient donc par leur production, un passage spécifique de l’évolution de l’espèce humaine…
Si nous considérons les armes uniquement comme des outils coercitifs, étant seulement utiles dans les cas où une situation ne puisse être envisagée que dans un rapport de force entre plusieurs individus, nous leurs octroyons une place similaire à ce que produit la machine lorsque nous l’utilisons face à une matière que nous voulons asservir, c’est pourquoi l'usage des armes semblent préfigurer celui des machines…
Mais comme nous avons vu plus haut si le langage est l’origine naturelle des machines, par ce qu’il prédispose de possibles dans la reproduction de la signification, nous pourrions dire que les armes en sont l’origine artificielle, jusqu'à ce que l’usage des armes signale la fin de la communication naturelle par le langage, et qu'en retour le langage puisse même parfois être identifié (utilisé) comme une arme…
Si que ces deux modes d’origination des machines se recoupent en bien des points, nous retrouvons aussi en quoi ils se joignent dans les cas où le langage devient l’usage propre d’une machine comme pour l’ordinateur et ses extensions programmatiques comme le Web, dans la guerre de l'information continue...
13. Conclusion
Et en conclusion nous voyons donc que l’usage est comme une agora et donc comme un lieu de proclamation et un lieu donc où l’échange peut devenir supplétive du simple partage, car en termes de vie quotidienne le travail et l’utilisation reste plus dépendants du partage que la matière permet par les lois de répartitions des corps dans leurs limites, mais dès que la vie devient spécifiquement un conditionnement stable, c’est l’usage et donc l’échange qui prend le relais…
"Fasse que la bonne volonté des humains garde au partage ce qui lui revient et se tourne vers l'échange tant qu'il en est encore temps..."