Zeugme a écrit: il me semble que toute extrapolation et pour tout dire l'inconnaissance et l'oblitération collective du point de non-retour que subi l'environnement naturel en notre temps, justifie que je parlasse de développement unilatéral, comme une sorte d'impasse... (car sur ce point je ne suis pas les leçons de René Guénon ou de Rudolf Steiner sur le fatum cosmique inéluctable)
Vous avez un point de vue parfaitement cohérent et, j'ose le dire, d'une grande profondeur, ce qui, vu la qualité moyenne des échanges sur ce forum, ne laisse pas de m'étonner et de me ravir. Toutefois, et je vous l'ai déjà dit, je ne suis pas toujours d'accord avec vous.
Relativement à vos dernières interventions, il me semble que vous avez une conception
apocalyptique de l'histoire humaine là où j'ai plutôt une approche
tragique. Cela mériterait un long développement que je n'ai malheureusement pas le temps de faire en ce moment. J'y reviendrai ultérieurement. Mais
grosso modo, l'idée est la suivante : nous sommes d'accord, je crois, pour admettre que l'humanité court à sa perte (je veux dire par là, à sa disparition complète) dans un avenir chaque jour plus proche. Là où nous nous opposons, en revanche, c'est que, pour vous, c'est là le résultat d'une
dénaturation de l'homme, tandis que je considère, au contraire que c'est là le
destin de l'humanité, au sens grec de l'ἀνάγκη, bref, que l'homme ne fait là qu'accomplir sa nature au sens où "
la nature φύσις
d'un être, ce vers quoi il tend [...], c'est la forme μορφή
qui est tirée de sa matière ὕλη
" (Aristote,
Physique, II, 193b).
shub22 a écrit: La solution est ou serait philosophique selon vous, autour et dans la qualification de ce que serait un plus juste rapport entre les choses notamment une gestion plus performante de la maitrise de la matière (??) selon votre vision ?
Je doute que la
philosophie occidentale puisse faire autre chose que de prendre acte de la catastrophe, de "décrire le monde", comme disait l'autre. Personnellement, j'aurais plutôt tendance à faire confiance (et je m'apprête à donner une conférence sur ce thème) à la
sagesse orientale (sâmkhya, yoga, hindouisme, bouddhisme), sinon pour l'enrayer, du moins pour nous aider à vivre le mieux ou le moins mal possible étant donné les circonstances. Mais, là encore, il faudrait que je développe. Ce que j'espère pouvoir faire plus tard.