La succession des affects constituerait une variation psychique dans le temps et la seule variable physique observable que l’on pourrait mettre en corrélation avec cette variation psychique, c’est le signal analogique, signal analogique que l’on peut identifier et mesurer dans ses variations à l’aide de la magnétoencéphalographie. On le fait avec une précision déjà significative et qui ira sans doute croissante.
Pourquoi employer le conditionnel ? Pour faire "hypothèse" ? Mais il n'est ni nécessaire ni suffisant qu'une proposition soit hypothètique pour qu'elle exprime une hypothèse au sens scientifique de ce terme. A preuve, le "conditionnel journalistique" qui n'est qu'une manière de se défausser sur un tiers de la responsabilité des propos tenus. Comme je le montre dans mon exposé, ce qui constitue l'hypothèse, c'est, a priori, tout un réseau conceptuel mathématisé et démontrable, et, a posteriori, tout un appareillage de vérification technique et observable. Or, l'interminable laïus qui nous est infligé depuis six mois à titre de discussion philosophique d'une "question scientifique", ne satisfait à aucune de ces deux conditions.
Ce qui est vrai pour moi et ce en quoi le modulisme s’appuie sur un principe nouveau et fort en même temps peut-être que malaisé à comprendre, c’est que le champ de ma conscience n’est pas ma conscience, qu’il peut exister des réalités dans le champ de ma conscience qui ne sont pas dans ma conscience et qu’il peut exister dans ma conscience des réalités qui ne sont pas dans mon champ de conscience.
Aucun scientifique digne de ce nom ne dirait : "ce qui est vrai pour moi". Un prétendu "scientifique" qui ignore le "nous", autrement dit ce que Bachelard appelle "la Cité scientifique" se dévoile immédiatement comme un escroc. L'auteur de ces propos en est resté à une représentation mythologique antédiluvienne du "savant" génial mais isolé et incompris qui, par soi seul, prétend faire une découverte qui va révolutionner le monde, un monde d'ailleurs forcément ignorant et ingrat. D'où, d'une part la paranoïa permanente de l'auteur de ces propos (mais il n'en est pas à son coup d'essai : cf. ici ou là ou là ou encore là), d'autre part l'indigeste logomachie consistant à dire, par exemple, que "le champ de ma conscience n’est pas ma conscience, qu’il peut exister des réalités dans le champ de ma conscience qui ne sont pas dans ma conscience et qu’il peut exister dans ma conscience des réalités qui ne sont pas dans mon champ de conscience". Si, en effet, c'est "malaisé à comprendre", ce n'est pas parce que "le modulisme s’appuie sur un principe nouveau", c'est, beaucoup plus simplement, parce que c'est du charabia !
L’idée qu’une sensation simple qui se présente comme durable et invariable dans le temps à notre conscience puisse être constituée à partir d’un principe de composition dans le temps est certainement dérangeante. Mais quoi ! N’avons-nous pas vu tout au long de l’Histoire des conceptions dérangeantes pour l’esprit s’imposer contre les idée reçues ? Vous savez sans doute que le mot atome vient du verbe grec tomein qui signifie couper, diviser et du préfixe privatif a. Longtemps l’atome, par son appellation même , a été considéré comme un grain de matière insécable propre à chaque élément. L’idée d’un atome composé de particules plus simples aurait fait bondir encore Lavoisier. Il a fallu attendre Bohr pour que l’idée d’un atome composé de protons, de neutrons et d’électrons puisse être admise. Et les neutrons et les protons comme d’autres hardons que l’on pensait des particules premières se révèlent composés de particules plus fines encore : les quarks !
"Dérangeante", cette "idée" ? Oui dans le sens où il s'agit là d'une escroquerie intellectuelle, une de plus, qui pollue un site à prétention philosophique. Mais certainement pas dans le sens où, encore une fois, il s'agirait d'une découverte révolutionnaire. Quant à l'idée selon laquelle on a vu "tout au long de l’Histoire des conceptions dérangeantes pour l’esprit s’imposer contre les idée (sic !) reçues", c'est l'argument favori des mystificateurs. C'est exactement ce que disait la très sulfureuse Elizabeth Teissier dans la défense de sa "thèse de doctorat" soutenue en 2001 et qui avait pour titre (on ne rit pas !) "Situation épistémologique de l'astrologie à travers l'ambivalence fascination/rejet dans les sociétés postmodernes". Dire "ce n'est pas parce que le phénomène p n'a pas encore pu être observé qu'il n'existe pas" permet de justifier l'existence de tout et de n'importe quoi : Dieu, le père Noël, les chimères, les moutons à cinq pattes, la mémoire de l'eau, la croissance économique, etc. Bref, c'est le comble de la mauvaise foi. A quoi s'ajoute une ignorance crasse de l'histoire de la pensée en général et de la pensée scientifique en particulier : l'atomisme de Démocrite ou d'Épicure était une thèse métaphysique et certainement pas une hypothèse scientifique, quant à celui de la physique quantique, il n'est pas un seul épistémologue qui ne sache que "la question de l'individualisation, de l'identité [des atomes], n'a vraiment et réellement aucune signification [...]. Dans les corps tangibles, composés d'atomes, l'individualité provient de la structure, de l'assemblage, de la figure ou de la forme, ou encore de l'organisation comme nous pourrions dire dans d'autres cas. […] Il n’y a aucune observation possible de la forme d’un atome, ce ne sont que des formules mathématiques"(Schrödinger, Physique Quantique et Représentation du Monde).
PS : il n'existe pas de "hardons" (sic !), juste des hadrons.