Vers six heures comme chaque matin, Mandarine court à son assiette de pâtée, queue dressée, courbée haut en crosse d’évêque. L’assiette finie, elle hisse les coussinets de ses pattes sur un montant de porte comme pour atteindre la poignée. J’ouvre. Elle traverse la véranda, file vers la chatière, colle son minois sur le battant encore bloqué. J’en actionne le verrou. Elle appuie juste un peu le front sur la vitre qui bascule un rien puis se tourne vers moi, s’avance de deux enjambées, se retourne, revient au battant qu’elle pousse un peu plus, engage sa tête dans l’air du dehors, puis tout son corps très vite. Et disparaît.
Sa volte-face vers moi avant de sortir, parfois réitérée, est la seule phase vraiment obscure dans cette mécanique matutinale que règlent l’envie d’uriner (elle est déjà allée sur sa litière), l’appétit, l’envie de déféquer (elle fait toujours cela à l’extérieur), l’instinct de chasseuse et l’appel du grand air. Mais pourquoi cette toujours rapide valse-hésitation ? Voudrait-elle que je l’accompagne dans sa sortie ? Aux beaux jours, quand je sors avec elle, elle s’éloigne très vite… Les lumières que le corps et les gestes de Mandarine projettent à mon regard sur sa conscience s’éteignent toutes ici !
Mais, ce matin, autre chose. Elle approchait la tête du bas de la porte quand un miaulement se module derrière, se répète, insiste. Mandarine se fige devant le battant débloqué. Un temps anormalement long se passe au bout duquel un visage de chat noir et blanc surgit de l’ombre derrière la lucarne obscure. La tête de mandarine ne s’éloigne pas de la chatière mais ne s’en rapproche pas non plus. Elle reste figée. Et même longtemps après la disparition à mon regard de l’autre tête que les yeux perçants du petit félin roux doivent encore distinguer dans la nuit.
Immobilité trembleuse parcourue de torsions d’oreille, d’ondulations de queue, de frémissements de dos, d’allongements et raccourcissements de cou qui donne en spectacle l’état de conscience de ma petite chatte.. État de conscience produit par ce jeu de forces antagonistes ( envie, appréhension, désir, crainte…) analogues à celles que je puis simultanément ressentir et qui ne peuvent pas être d’une autre nature que celles qui interagissent dans le corps du nématode, le précipitent vers la pyrazine ou le font se retourner et fuir la quinine…
Ce sont ces forces : désir, répulsion, effort, plaisir, douleur que Dehaene ne considère pas comme il ne considère pas la réalité affective et active de la conscience que nulle machine, selon moi, ne pourra recréer jamais, ce sont ces forces qui sont à la base de notre conscience.
Toujours recentrer le débat. Et d’abord sur le texte de Dehaene en montrant ou en contestant qu’il néglige la réalité affective et active dont je viens de parler. Corollairement bien sûr en convenant ou en niant que cette réalité affective et active soit un constituant nécessaire et essentiel de la conscience phatique (celle des sensations, des émotions et de l’effort) partagée non seulement par l’espèce humaine mais par presque toutes les espèces animales pourvues de neurones. Éventuellement enfin mais comme c’est moi qui ai lancé la discussion sur ce fil à la lumière de mes vues propres je peux le demander à ce titre, discuter de ma conception « moduliste » et des moyens d’en vérifier la pertinence…
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Sa volte-face vers moi avant de sortir, parfois réitérée, est la seule phase vraiment obscure dans cette mécanique matutinale que règlent l’envie d’uriner (elle est déjà allée sur sa litière), l’appétit, l’envie de déféquer (elle fait toujours cela à l’extérieur), l’instinct de chasseuse et l’appel du grand air. Mais pourquoi cette toujours rapide valse-hésitation ? Voudrait-elle que je l’accompagne dans sa sortie ? Aux beaux jours, quand je sors avec elle, elle s’éloigne très vite… Les lumières que le corps et les gestes de Mandarine projettent à mon regard sur sa conscience s’éteignent toutes ici !
Mais, ce matin, autre chose. Elle approchait la tête du bas de la porte quand un miaulement se module derrière, se répète, insiste. Mandarine se fige devant le battant débloqué. Un temps anormalement long se passe au bout duquel un visage de chat noir et blanc surgit de l’ombre derrière la lucarne obscure. La tête de mandarine ne s’éloigne pas de la chatière mais ne s’en rapproche pas non plus. Elle reste figée. Et même longtemps après la disparition à mon regard de l’autre tête que les yeux perçants du petit félin roux doivent encore distinguer dans la nuit.
Immobilité trembleuse parcourue de torsions d’oreille, d’ondulations de queue, de frémissements de dos, d’allongements et raccourcissements de cou qui donne en spectacle l’état de conscience de ma petite chatte.. État de conscience produit par ce jeu de forces antagonistes ( envie, appréhension, désir, crainte…) analogues à celles que je puis simultanément ressentir et qui ne peuvent pas être d’une autre nature que celles qui interagissent dans le corps du nématode, le précipitent vers la pyrazine ou le font se retourner et fuir la quinine…
Ce sont ces forces : désir, répulsion, effort, plaisir, douleur que Dehaene ne considère pas comme il ne considère pas la réalité affective et active de la conscience que nulle machine, selon moi, ne pourra recréer jamais, ce sont ces forces qui sont à la base de notre conscience.
Toujours recentrer le débat. Et d’abord sur le texte de Dehaene en montrant ou en contestant qu’il néglige la réalité affective et active dont je viens de parler. Corollairement bien sûr en convenant ou en niant que cette réalité affective et active soit un constituant nécessaire et essentiel de la conscience phatique (celle des sensations, des émotions et de l’effort) partagée non seulement par l’espèce humaine mais par presque toutes les espèces animales pourvues de neurones. Éventuellement enfin mais comme c’est moi qui ai lancé la discussion sur ce fil à la lumière de mes vues propres je peux le demander à ce titre, discuter de ma conception « moduliste » et des moyens d’en vérifier la pertinence…
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