Les héritiers de Comte estimaient que l'utilisation de la biologie était nécessaire pour le progrès de la sociologie. Qu'en est-il en sociologie ? La sociobiologie semble se résumer, bien souvent, à l'application de la théorie des jeux (donc sans grand rapport avec la biologie) ou des analogies avec d'autres animaux non humains. Or, la biologie semble outrepasser son domaine et finalement, expliquer une partie de la culture par la biologie pourrait paraître une entreprise réductrice. En psychologie, il existe une branche qui est la "psychologie évolutionniste". Qu'en est-il des autres sciences humaines ? On voit dans l'histoire des idées que, depuis au moins l'affaire Dreyfus (me semble-t-il), on regarde la biologisation des êtres humains d'un air suspect (même ceux qui auraient des motifs "scientifiques"). Bien souvent, on soupçonne toute entreprise "biologisante" d'être marquée du sceau de l'idéologie, avec une tentative de justification (entre autres) du racisme et des inégalités sociales.
Même si la biologie paraît incontournable pour comprendre les faits sociaux, on pourrait mal voir son application concrète. Nous sommes des êtres biologiques (avec des organes, des flux, etc) donc l'explication par la biologie pourrait paraître pertinente. Néanmoins, bien souvent, lorsqu'on a l'occasion de lire ou d'entendre des explications d'ordre biologique, le gros problème est que ça semble "dédialectisé". C'est-à-dire qu'on explique qu'il y a tel pourcentage d'hormones, de phéromones, etc, dans le corps humain pour tenter "d'expliquer" le comportement humain. On se pose la question : "et alors ?" ; là est seulement dressé un portrait abstrait, purement théorique, ce qui serait intéressant de savoir est ce qui a trait à la vie quotidienne, des circonstances concrètes, non ? C'est là que l'articulation entre les sciences naturelles et les sciences humaines serait bénéfique, néanmoins, elle ne semble jamais se réaliser. En partie à cause de l'hyper-spécialisation et sans doute le conformisme (le désir de vouloir être à tout prix une "science dure"), qui participent à cette absence de dialectique. Selon vous, est-il nécessaire pour le progrès des sciences humaines de faire appel à la biologie pour expliquer les phénomènes sociaux ? Le dialogue est-il impossible ?
Même si la biologie paraît incontournable pour comprendre les faits sociaux, on pourrait mal voir son application concrète. Nous sommes des êtres biologiques (avec des organes, des flux, etc) donc l'explication par la biologie pourrait paraître pertinente. Néanmoins, bien souvent, lorsqu'on a l'occasion de lire ou d'entendre des explications d'ordre biologique, le gros problème est que ça semble "dédialectisé". C'est-à-dire qu'on explique qu'il y a tel pourcentage d'hormones, de phéromones, etc, dans le corps humain pour tenter "d'expliquer" le comportement humain. On se pose la question : "et alors ?" ; là est seulement dressé un portrait abstrait, purement théorique, ce qui serait intéressant de savoir est ce qui a trait à la vie quotidienne, des circonstances concrètes, non ? C'est là que l'articulation entre les sciences naturelles et les sciences humaines serait bénéfique, néanmoins, elle ne semble jamais se réaliser. En partie à cause de l'hyper-spécialisation et sans doute le conformisme (le désir de vouloir être à tout prix une "science dure"), qui participent à cette absence de dialectique. Selon vous, est-il nécessaire pour le progrès des sciences humaines de faire appel à la biologie pour expliquer les phénomènes sociaux ? Le dialogue est-il impossible ?