Est-ce que c'est aussi en rapport à l'affect ? En tout cas, je ne me retrouve pas dans votre distinction. Personnellement, je suis très sensible (affecté par, réceptif à l'expérience vécue) et je pense à partir de mes contradictions. Mais je suis "con" face à la réalité justement (ou je la comprends après coup). C'est parce que je suis maladroit au quotidien, que je n'ai aucune intelligence pratique du réel, qu'il est problématique pour moi, pour la façon dont je dois me déterminer et me conduire, dont je dois prendre position malgré (et avec) l'incertitude et l'altérité, que je suis amené à faire l'expérience du monde et de l'intériorité. Je suis un "autiste" empêtré dans un réel idiot. Je sens donc le réel tout en n'ayant pas de maîtrise sur celui-ci, en y étant perdu. J'ai besoin des idées pour organiser le sens de ce réel, avoir une prise sur lui (plus que de vouloir le maîtriser intégralement). Mais je décris peut-être là un profil plus proche du penseur que de l'intellectuel, non ? L'intellectuel a quelque chose du savant, de l'expert, du technicien qui affirme une doctrine et manie les concepts sans pour autant vivre ses idées, en pâtir, subir le réel, s'ouvrir à la présence problématique de l'être, etc. En même temps, comment savoir si une personne est dans l'authenticité (au sens quasiment heideggerien) ou non ? Qu'en pensez-vous ?