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De la nécessaire existence de Dieu.

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+7
agur
Vangelis
Desassocega
A. BOUKAIDI LAGHZAOUI
Euterpe
Commissaire
Zingaro
11 participants

descriptionDe la nécessaire existence de Dieu. - Page 5 EmptyRe: De la nécessaire existence de Dieu.

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J'ai enlevé les phrases de la citation en les déplaçant dans ma partie, merci d'avoir rectifié.
Quant au sens de la phrase en question, c'est bien ainsi que je l'ai d'abord comprise et c'est ce qui ressort des interprétations que j'ai lues. Mais je n'en suis pas satisfait. Pour cette raison évoquée plus haut. Pourquoi avoir recourt à une idée : "une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part" alors qu'il vient de rappeler combien nos représentations sont limitées ? Je trouve incohérent qu'il tente finalement de donner une figure au tout. Mais je suis bien obligé d'admettre que je n'arrive pas à une meilleure lecture.
Voici ce que j'ai écris ailleurs à propos de cette pensée, je reste d'accord avec cela, et c'est pourquoi cette phrase me pose problème (peut-être comprendrez-vous ce qui m'échappe) :
D'abord, il fait enfler notre imagination. Puis la mise en abîme de cette imagination : "Tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature. Nulle idée n'en approche". L'effet induit est un retour brutal à la sensation, à une sensation en particulier. Que je n'arrive pas encore à identifier.
Qu'est-ce que je sens quand ces représentations se sont effondrées, quand l'imaginaire s'est reconnu comme tel et laisse place au réel ? Je suis à nouveau confronté à l'infini, mais d'un autre type, ou d'une autre façon. Et quand il écrit "c'est le plus grand caractère sensible de la toute puissance de Dieu, que notre imagination se perde dans cette pensée", je pense que "se perde" n'est pas à comprendre dans le sens où notre imagination s'emporte, part à la dérive, mais bien littéralement : notre imagination s'arrête, se perd, disparaît. Un peu plus loin il dit d'ailleurs : "Que l'homme, étant revenu à soi,", ce qui me conforte dans cette interprétation. Revenu à soi : qui arrête d'imaginer. Qui fait maintenant face à quelque chose de bien réel. Et d'ailleurs dans l'expression suivante : "qu'il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature; et que de ce petit cachot où il se trouve logé," , se trouve précisément la sensation qu'il reste quand l'imagination et ses représentations se sont dissipées : un cachot. J'y suis aveugle. Incertain de ce qui m'entoure mais certain que "quelque chose" m'entoure. L'"épaisseur de l'Être" ? Le corps ? Et qu'est-ce qui alors est entouré ? Serait-ce l'âme ??
Qu'est-ce que je sens, étant revenu à moi, du fond de ce cachot où "je" suis logé ; à quoi suis-je confronté et en quoi est-ce une preuve sensible de l'existence de Dieu ? Pascal n'écrit pas au petit bonheur la chance... Il faut chercher encore, revenir au cachot, tâtonner...
Et cette phrase reste bien mystérieuse : "C'est une sphère dont le centre est partout, la circonférence nulle part." Quelqu'un a une idée de ce dont il s'agit ?

Et donc, suivant cette lecture, il me semble que la "sphère infinie" désigne autre chose que l'ample sein de la nature. D'un autre côté, les interprétations courantes sont peut-être moins alambiquées.

descriptionDe la nécessaire existence de Dieu. - Page 5 EmptyRe: De la nécessaire existence de Dieu.

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Pascal donne une image à double détente. La première est sans issue et il ne reste plus qu'à lâcher l'affaire. Puis il introduit un électrochoc pour la raison.  
Le paradoxe ne fait pas doublon avec cette impossibilité décrite plus haut parce qu'il donne plus qu'une information de non possibilité. Le paradoxe choque la raison, alors que l'impossibilité ne donne rien à celle-ci. Si c'est impossible, alors il n'y a rien au-delà du possible et il ne reste plus qu'à désespérer. Mais c'est précisément dans le choc du paradoxe et comme il le dit lui-même, que s'entrevoit le plus grand caractère sensible de la toute puissance de Dieu.
Dans l'impossibilité la pensée s'arrête, tandis que dans le paradoxe elle se perd.

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Je ne comprends pas pourquoi ce paradoxe laisserait entrevoir le plus grand caractère sensible de la toute puissance de Dieu. Quelque-chose manque ; pouvez-vous développer ce point ? D'autant qu'il précise "que notre imagination se perde dans cette pensée". Dans cette pensée : celle d'une sphère infinie etc. ? Auquel cas il faut comprendre qu'elle se perd dans le sens qu'on attribue généralement à cette expression : elle s'emporte, divague, etc. Mais en quoi est-ce rapportable à la toute puissance de Dieu et à son "plus grand caractère sensible" ?

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Elle se perd dans le sens où elle butte sur ses limites et nous crée un vertige. C'est différent que d'entrevoir une impossibilité. Ce qui est là, cet espace sans fin, ne peut pas même être circonscrit par notre imagination. C'est là un prodige digne de Dieu, où plutôt la façon la moins arrogante de l'entrevoir.  
Ensuite, le paradoxe est là aussi pour que Pascal nous invite au voyage inverse dans l'infiniment petit, et la même distance nous en sépare tandis que le même vertige nous accable. Où que nous soyons et d'où que nous regardions - le centre est partout et la circonférence nulle part, il y a autant de monde au dessus qu'en dessous de nous, et aussi en nous - un milieu entre rien et tout. Pascal nous invite à admirer plutôt qu'à s'effrayer. Mais ce n'est pas une preuve de Dieu qu'il nous propose.

descriptionDe la nécessaire existence de Dieu. - Page 5 EmptyRe: De la nécessaire existence de Dieu.

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Vangelis a écrit:
Pascal nous invite à admirer plutôt qu'à s'effrayer. Mais ce n'est pas une preuve de Dieu qu'il nous propose.

En effet, à condition de faire preuve d'esprit de finesse ("Il faut tout d'un coup voir la chose d'un seul regard et non pas par progrès de raisonnement, au moins jusqu'à un certain degré"), comme l'atteste l'usage du qualificatif "délicat" aussi bien lors de l'invitation au voyage dans l'infiniment grand ("une pointe délicate") qu'à celui dans l'infiniment petit ("les choses les plus délicates"). Seul l'esprit fin est capable de comparer avec justesse de petites choses avec des choses incomparablement plus petites, tout comme il aura comparé de grandes choses avec des choses incomparablement plus grandes.

Du même coup, Pascal critique les esprits géomètres qui s'obstinent à "traiter géométriquement les choses fines, et se rendent ridicules, voulant commencer par les définitions et les principes". Poussons la lecture de cette pensée plus en avant :

"Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d'où il est tiré, et l'infini où il est englouti."

Il s'agit de couper court à toute vanité humaine, en l'occurrence la prétention sans bornes des humanistes et philosophes qui s'imagineraient comprendre "la fin des choses et leur principe". Pascal en vient à viser nommément, toujours dans cette longue pensée consacrée aux Deux infinis, Descartes et ses Principes de la philosophie ou encore Pic de la Mirandole et son De omni scibili. Le projet cartésien de se rendre "comme maître et possesseur de la nature" ne peut s'appliquer à l'infinie totalité de la nature. 

Le projet de Pascal n'étant pas de prouver l'existence de Dieu, en effet, mais de prouver la faiblesse et la vanité de l'homme sans Dieu.
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