Chapiliou a écrit: Je suis un jeune étudiant. Je me destine à l'étude de l'Histoire.
En quelle année d'étude êtes-vous ?
Étudiant en histoire, vous avez dû toucher du doigt cette difficile réalité : la vérité historique est une illusion. L'historien s'astreint à une méthodologie stricte d'étude des sources. L'enjeu est de proposer des interprétations, plus ou moins farfelues, plus ou moins solidement étayées. Ceci posé, il faut prendre en compte que l'Histoire est un discours, soumis aux volontés de son créateur, pensez donc toujours à l'arrière-plan de votre source. Si vous suivez une UE (unité d'enseignement) de méthodologie on vous parlera du contexte d'écriture. Exemple : Hobsbawm est un vénérable historien, mais il est léniniste et écrit pendant la Guerre froide depuis Londres, certains points sont donc à confronter avec d'autres. On en revient aux interprétations divergentes. Plus simplement peut-être, même la chronologie est la cause d'intenses débats : la Renaissance brouille la séparation médiéval/moderne.
Les interprétations portent sur des faits,
ceux-ci ne sont qu’exceptionnellement remis en question. Vous pouvez débattre de la volonté d'Hitler d'éradiquer les Juifs, c'est actuel, mais l'existence du fait lui-même n'est pas sujet à caution.
Pour débuter, lisez
Qu'est-ce que le nazisme ? de Ian Kershaw.
Quest-ce que le nazisme ?, Ian Kershaw, page 172 a écrit: Dans sa pénétrante analyse de la genèse de la "solution finale", Martin Broszat propose une interprétation qui va dans le même sens : « Il me semble qu'il n'y a pas eu un ordre général d'extermination des Juifs et que le "programme" d'extermination s'est développé à travers des initiatives individuelles pour atteindre progressivement son caractère institutionnel véritable au printemps 1942, après la construction des camps d'extermination en Pologne (entre Décembre 1941 et Juillet 1942) ». Jusqu'à l'automne 1941, il n'est question que de déporter les Juifs. (...)
Le rôle du Führer apparaît encore plus réduit dans l'interprétation proposée par l'historien est-allemand Kurt Pätzold (...)
Un exemple plus clair : on débat de la portée d'un sacre royal, pas de son existence, une fois celui-ci attesté dûment par la recherche historique — et c'est évidemment le cas pour la Shoah.
Je rejoins Silentio et réitère mon conseil : lisez des historiens. Votre bibliothèque universitaire vous fournira tout ce dont vous avez besoin, et vos professeurs d'histoire contemporaine seront ravis de votre investissement.