Zingaro, si l’on repart de votre introduction, vous partez de l’apparent paradoxe d’un homme naturel au sens où il fait partie de la nature, mais tendant à s’en éloigner du fait de ses caractéristiques culturelles et de son mode de développement. Vos premiers messages me faisaient penser que ce que vous recherchiez, c’est la place que l’homme se donne par rapport à la nature : le « connais-toi toi-même » ; la Chute ; l’homme classant les éléments du monde… Une question plutôt épistémologique donc.
Il me semble qu’il faut reformuler explicitement votre questionnement en reposant clairement les limites afin de canaliser les interventions qui, pour l’instant, explorent allégrement d’autres directions et donnent ainsi une impression de fouillis dans ce sujet. Par exemple, les questionnements concernant les définitions de la nature et de la culture tombent d’eux même si votre question est de nature épistémologique, car ce que vous recherchez alors est justement les différentes définitions qu’ont pu formuler les hommes au cours de l’histoire.
A l’inverse, débattre sur la définition de la nature et de la culture me semble beaucoup plus polémique. L’exemple avancé par Janus est parlant, nous avons là une définition de la civilisation comportant en elle-même un jugement de valeur : un universalisme basé sur la science, la technologie et la démocratie ; à comparer à la définition du Larousse par exemple : "Forme particulière de la vie d’une société, dans les domaines moral et religieux, politique, artistique, intellectuel, économique." beaucoup plus neutre. Ce type d'exercice est-il utile à votre questionnement ?
Concernant la thanatomanie, décrite par Mauss, j’ai lu le texte de référence que vous proposez, mais j’ai du mal à l’insérer dans la réflexion de ce sujet (tel que je le comprends, c’est peut-être là mon erreur). J’ai tout de même une question sur ce sujet (probablement hors sujet donc, désolé). Mauss, ne décrivant que les cas ayant entrainé la mort, ne manque-t-il pas la moitié du problème ? Par exemple, Pierre Clastres décrit un cas n’ayant pas entrainé la mort.
Pierre Clastres, Chroniques des Indiens Guayakis a écrit: Kwantirogi, frère cadet de Kybwyragi, grelotte sous son tapy. Il est malade, une quinte de toux le secoue de temps à autre. Je lui offre des cachets anti-grippe en l’assurant que demain il ira mieux : « non dit-il, cho kwera iä, cho mano vera. Je ne guéris pas, je vais mourir. […]
Sa guérison ne le troubla nullement, pas plus que son épouse, alors que l’un et l’autre, la veille encore, m’assuraient qu’il était sur le point de mourir.
De plus, doit-on rattacher ce type de phénomènes aux sociétés sans écriture uniquement ? Certaines de nos pathologies « modernes » telles que l’anorexie mentale ou l’hypocondrie sont peut-être similaires.