kercoz a écrit:
[1°]C'est pour la raison que vous évoquez que j' insiste pour refourguer au signifiant de "culturel" un aspect inducteur de société ( initiateur, même). En effet, nous ne sommes pas la seule espèce sociale et donc nous ne sommes pas la seule espèce " culturelle".
De ce fait , il est difficile d'affirmer que que la culture est un "arrachement" à la nature chez les corvidés.
C'est sur ce constat, pour moi évidence, que je pose un état "naturel" de l' espèce humaine.
[2°]Cet état "naturel" étant considéré comme celui qui reste " à sa place" dans la "Boucle Trophique " ( ensemble des interactions d' un milieu biologique ), sans trop la perturber.
Ce constat m' oblige a porter sur la situation actuelle de notre espèce , un jugement de valeur , ou du moins factuel et a le considéré comme dé-naturé .
[3°]En recherchant la causalité de cette bifurcation , et en la posant comme perverse et non vertueuse, j'en arrive à proposer une cause de type structuraliste : la sortie du système structurellement morcelé auto-organisé pour une structure hypertrophiée centralisée .
1° : Cette position me semble difficilement tenable. Sans qu'il s'agisse d'une quelconque suprématie de l'homme, on doit bien constater la spécificité des groupes humains par rapport aux autres espèces sociales. Si j'ai bien compris, cette spécificité pour vous consiste essentiellement en ce que nous sommes la seule espèce solitaire, c'est-à-dire sans espèce voisine avec laquelle s'accoupler (d'où la diversité culturelle : pour palier à ce manque, générer de nouvelles combinaisons susceptibles de mieux s'adapter, etc.) Mais pour quelle raison partir de cette spécificité-là, sinon pour confirmer les conclusions auxquelles on cherche à aboutir ? Vous prenez les corvidés en exemple. Pourquoi pas, on peut aussi s'intéresser aux grands mammifères marins, et notamment les orques, chez lesquels, semble-t-il, chaque "groupe" (ou "famille") développe un langage qui lui est propre (je cherche la documentation scientifique à ce sujet, mais ces découvertes sont récentes). On se trouve potentiellement dans une situation de transmission/altération relativement semblable à ce qui s'observe chez l'être humain. Mais rien n'autorise à ignorer ne serait-ce que l'outil et la technique en général, qui différencient radicalement l'homme de ces espèces. Idem pour les corvidés. Ainsi, si il y a bien des espèce "sociales", je pense qu'il vaut mieux garder le terme "culture" pour ce qu'on observe chez l'être humain.
2° : On revient de cette vision de la nature comme équilibre dans les sciences naturelles (géographie, écologie, etc.) - vision peut-être en partie induite par le sens de "nature" comme "structure, ordre, nécessité" ? Un milieu naturel, sans même prendre en compte l'activité humaine, n'est pas un milieu "stable", où règnerait un équilibre et une harmonie immuable (je caricature, un peu). Les espèces "guerroient", mutent, envahissent, dépérissent, etc. L'étude des écosystèmes (= relations entre un milieu et la vie qui s'y développe) nous apprend que la vision classique à ce sujet est fausse, c'est bien plus chaotique que cela, et elle a d'ailleurs conduit à un certain nombre d'aberrations en termes de politiques environnementales (l'homme coupable d'avoir dénaturé la nature - racines judéo-chrétiennes ? - essaie de restaurer l'équilibre rompu et ce faisant aggrave les choses tant des points de vue sociaux qu'environnementaux - particulièrement en Afrique, le laboratoire favori des Européens, où l'on a déplacé des populations entières pour mettre en place des réserves naturelles, avec des conséquences dramatiques). Aujourd'hui les chercheurs (des chercheurs) s'efforcent de considérer l'humain comme un facteur naturel au même titre que les autres - mais avec ses spécificités.
3° : Quand et comment a lieu cette bifurcation, historiquement ?