Trois remarques :
D'abord, à propos du monisme neutre :
Cela ne s'applique donc pas à la substance de Spinoza. On peut prendre une autre des propositions de la première partie de l'Éthique, par exemple la neuvième :
Ou encore la onzième :
Les attributs de la substance sont bien des propriétés de la substance. Ce que Spinoza disait déjà dans ses Pensées métaphysiques, I, 3 :
Ce qu'il dira également dans sa lettre à Simon de Vries (février 1663) :
Ensuite, à propos de l'affirmation ci-dessous, qui présente une incohérence :
Tels qu'ils sont énumérés, ces termes sont tenus pour synonymes ou interchangeables. Or, pour chacun des qualificatifs choisis, on ne dit pas la même chose. Des attributs, par définition, désignent des propriétés de la chose à laquelle on les attribue. Ce n'est pas nécessairement le cas avec des" aspects" ou des "facettes" d'une chose.
Enfin, on ne peut pas dire, tout à la fois, que la substance n'est "ni matérielle, ni mentale", mais que la matière et l'esprit en seraient des "aspects, attributs, ou facettes". Cela revient dans le même temps à attribuer et à ne pas attribuer une propriété à quelque chose.
Pour terminer, parler de monisme à propos de Spinoza pose plus de problèmes que ça n'en résout, compte tenu des définitions de l'Éthique. Spinoza conçoit une substance infinie, or une conception moniste n'est pas nécessairement la conception d'une substance infinie (donc sans limite assignable). De plus, d'après la proposition XIII (Éthique, I), "La substance absolument infinie est indivisible." Or, l'indivisibilité n'est pas non plus nécessairement le fait d'une conception moniste de la substance. Tout cela contribue à faire de l'expression de "monisme neutre", à propos de Spinoza, une expression d'une certaine manière anachronique, quoique Russell s'y réfère. Russell tient la matière et l'esprit pour des constructions plutôt que comme des données. Son monisme neutre s'inscrit dans sa théorie causale de la perception. Chez Spinoza, tout repose sur les définitions données plus haut.
D'abord, à propos du monisme neutre :
Crosswind a écrit:Le monisme neutre consiste, selon Bitbol "à poser une entité, domaine ou substance unique, une sorte d'"entre-deux" ni matériel ni mental
Cela ne s'applique donc pas à la substance de Spinoza. On peut prendre une autre des propositions de la première partie de l'Éthique, par exemple la neuvième :
Spinoza a écrit:Plus une chose possède de réalité ou d'être, plus d'attributs lui appartiennent.
Ou encore la onzième :
Spinoza a écrit:Dieu, autrement dit une substance constituée par une infinité d'attributs [...].
Les attributs de la substance sont bien des propriétés de la substance. Ce que Spinoza disait déjà dans ses Pensées métaphysiques, I, 3 :
Spinoza a écrit:CE QU'IL FAUT ENTENDRE PAR AFFECTIONS. - Après cette explication de la nature de l'être, en tant qu'être, nous passons à celle de quelques affections de l'être, où il est à noter que nous entendons ici par affections ce que Descartes appelle attributs (dans la partie I des Principes, article 52). Car l'Être, en tant qu'être, ne nous affecte pas par lui-même, comme substance ; il faut donc l'expliquer par quelque attribut dont il ne diffère que par une distinction de Raison [...].
DÉFINITION DES AFFECTIONS. - [...] les affections de l'Être sont certains attributs sous lesquels nous connaissons l'essence ou l'existence de chaque être, et dont cependant il ne se distingue que par une distinction de raison. [...].
Ce qu'il dira également dans sa lettre à Simon de Vries (février 1663) :
Spinoza a écrit:Par substance, j'entends ce qui est en soi et est conçu par soi ; c'est-à-dire ce dont le concept n'implique pas le concept d'une autre chose. C'est la même chose que j'entends pas attribut, à cela près que ce terme s'emploie du point de vue (respectu) de l'entendement qui attribue à la substance telle nature déterminée
Ensuite, à propos de l'affirmation ci-dessous, qui présente une incohérence :
Crosswind a écrit:dont les phénomènes matériels et l'expérience consciente seraient deux "aspects", deux "attributs", ou deux "facettes" [...]
Tels qu'ils sont énumérés, ces termes sont tenus pour synonymes ou interchangeables. Or, pour chacun des qualificatifs choisis, on ne dit pas la même chose. Des attributs, par définition, désignent des propriétés de la chose à laquelle on les attribue. Ce n'est pas nécessairement le cas avec des" aspects" ou des "facettes" d'une chose.
Enfin, on ne peut pas dire, tout à la fois, que la substance n'est "ni matérielle, ni mentale", mais que la matière et l'esprit en seraient des "aspects, attributs, ou facettes". Cela revient dans le même temps à attribuer et à ne pas attribuer une propriété à quelque chose.
Pour terminer, parler de monisme à propos de Spinoza pose plus de problèmes que ça n'en résout, compte tenu des définitions de l'Éthique. Spinoza conçoit une substance infinie, or une conception moniste n'est pas nécessairement la conception d'une substance infinie (donc sans limite assignable). De plus, d'après la proposition XIII (Éthique, I), "La substance absolument infinie est indivisible." Or, l'indivisibilité n'est pas non plus nécessairement le fait d'une conception moniste de la substance. Tout cela contribue à faire de l'expression de "monisme neutre", à propos de Spinoza, une expression d'une certaine manière anachronique, quoique Russell s'y réfère. Russell tient la matière et l'esprit pour des constructions plutôt que comme des données. Son monisme neutre s'inscrit dans sa théorie causale de la perception. Chez Spinoza, tout repose sur les définitions données plus haut.